L'?étude des sites du Néolithique ancien de Lorraine a permis d'établir, à partir de l???étude de plus de 120000 vases décorés, une séquence régionale en neuf phases et de caractériser les différentes influences stylistiques qui se sont exercées dans la région. Sur la moyenne Moselle, les premières occupations rubanées sont attribuables à la fin de la phase ancienne de cette culture, à un stade évolué du style de Flomborn. A partir du Rubané moyen, le style céramique est très proche de celui du bassin du Main mais des décors curvilignes remplis d'impressions au poinçon indiquent également des relations avec le bassin de la Meuse. Au Rubané récent, outre ce fonds stylistique, on voit apparaître des motifs typiques de la confluence Rhin-Neckar et du Palatinat (style Oberrhein-Pflaz). Aux phases finales, le bassin de la Moselle comprend plusieurs entités régionales. De la confluence avec le Rhin jusqu'au Luxembourg, c'est le style de Plaidt qui prédomine, tandis qu'en Lorraine du Nord c'est un style dérivé de celui du groupe Oberrhein-Pflaz qui s'impose. Dans la plaine sous-vosgienne, à Marainville-sur-Madon, le style local directement hérité du Rubané de basse et haute Alsace adopte lui aussi la technique du peigne à dents multiples pivotant. La fin de la séquence rubanée est scellée par la mise en place du Grossgartach, au plus tard dans sa phase moyenne, cette culture atteignant actuellement sa limite occidentale dans le secteur de Metz. A partir de nouvelles analyses factorielles, les périodisations régionales du Rubané peuvent en outre être précisées pour le bassin de la Meuse, la basse et haute Alsace ainsi que pour la vallée de l'Aisne. L'évolution pondérée des décors permet de paralléliser ces différentes séquences. La séquence chrono-culturelle du bassin de la Seine peut être comparée à celle du bassin de la Moselle. Les premières implantations du Rubané champenois peuvent ainsi être synchronisées avec le stade final du style de Flomborn, tandis que le site de Juvigny se positionne vraisemblablement à la charnière entre le Rubané récent A et B. La phase classique du style de l'Aisne peut être parallélisée avec le Rubané final de la Moselle, tandis que la fin du Rubané dans le bassin de la Seine et le début du Villeneuve-Saint-Germain correspondent au stade terminal du Néolithique ancien dans le bassin de la Moselle. Pendant toute la période, de nombreux décors attestent d'échanges stylistiques entre le bassin de la Seine et la haute Alsace mais également avec la basse Alsace et la Lorraine. Les phénomènes de régionalisation qui affectent l'ensemble de la culture rubanée à partir de sa phase moyenne et s'exacerbent tout au long des phases récentes et finale, n'entravent pas les échanges stylistiques entre les différentes régions. Le bassin de la Seine ne demeure pas étranger à ces phénomènes et, vraisemblablement à la charnière du Rubané récent B et du Rubané final, développe un style propre à partir des traditions stylistiques de haute Alsace, de basse Alsace et de la Moselle. Les différentes étapes de cette extension occidentale du Rubané peuvent être parallélisées avec la séquence de Lorraine du Nord et, par là même, avec celles du bassin du Rhin. Du fait de ces particularismes résultant d'interactions déjà parfaitement identifiées par G. Bailloud en 1982, le concept de Rubané final de la Seine proposé par M. Ilett (ce volume) paraît devoir se substituer à celui de Rubané du Sud-Ouest, terme qui, tout comme celui de Rubané du Nord-Ouest, ne devrait être utilisé que du point de vue géographique. Par ailleurs, l'évolution des décors de la céramique indique que, dans toutes les régions où coexistent des sites rubanés et Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain, ce dernier succède à un faciès terminal du Rubané. Dans le même sens, ce n'est qu'à l'extrême fin du Rubané de Lorraine du Nord que des éléments décoratifs de style Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain font leur apparition dans le bassin de la Moselle.
Study of over 12,000 decorated vessels from early Neolithic sites in Lorraine has produced a regional sequence for the middle Moselle in nine phases, as well as characterising the various stylistic influences active in this region. The first Bandkeramik settlements here can be attributed to the end of the early Bandkeramik, in a late Flomborn style. From the middle Bandkeramik onwards, the pottery style is very similar to the Main basin, although curvilinear decoration filled with point impressions also indicates relations with the Meuse basin. In the late Bandkeramik, in addition to this stylistic backgound, there appear motifs typical of the Rhine-Neckar confluence and the Palatinate (Oberrhein-Pfalz style). In the final phases, the Moselle basin comprises several regional entities. Between the confluence with the Rhine and Luxembourg, the Plaidt style predominates, while north Lorraine is dominated by a style derived from Oberrhein-Pfalz. In south Lorraine, at Marainville-sur-Madon, a local style directly inherited from the Bandkeramik of lower and upper Alsace also adopts the technique of pivoting multiple-tooth comb impression. The end of the Bandkeramik sequence is sealed by the emergence of Grossgartach, at the latest in its middle phase. On current evidence, this culture reaches its westernmost limit in the Metz area. Using new factor analyses, it has been possible to clarify the regional periodisations for the Meuse basin, lower and upper Alsace, as well as the Aisne valley. These different regional sequences can be linked to one another by quantitative trends in decoration. In the Seine basin, the initial phases of settlement (Orconte and Norrois) can be attributed to final Flomborn, contemporary with north Lorraine phase 2. Significant use of Champagne flint on the Moselle site of Malling (Blouet, 2005) suggests that there were already sustained relations at this time between the Bandkeramik groups in north Lorraine and the Marne. For the next stage, the few data available (Larzicourt and Perthes) enable synchronisation with north Lorraine phases 3 and 4. At Bréviandes, in the Aube département, on a site which can probably be attributed to this stage, there is a band filled with hatching, unknown in the middle Bandkeramik of upper Alsace but extremely common in the Moselle assemblages. For the late Bandkeramik, motifs from Juvigny mostly evoke the upper Alsace style, notably with rim decoration combining incised lines and point or comb impressions. Nevertheless, there are also a number of motifs that are related to the Meuse or Moselle Bandkeramik, especially two extensive lozenge motifs composed of point impressions in the Cologne style and two bands filled with point impressions. With the recent discovery of the sites of Saint-Martin-sur-le-Pré and Vitry-la-Ville, the hypothesis that the Champagne late Bandkeramik was contemporary with the Aisne style is no longer tenable. For the Aisne sequence, statistical analyses undertaken in collaboration with M. Ilett and C. Constantin confirm the periodization proposed earlier. Using various attributes, the beginning of the Aisne sequence can best be correlated with north Lorraine phase 7, while Aisne phases 2 and 3 are probably synchronous with north Lorraine phase 8. From a stylistic point of view, the Rubané Récent du Bassin Parisien (RRBP) should be considered as a final Bandkeramik regional group which develops its own style, at the same time assimilating multiple influences, notably from upper Alsace (rim decoration associating incised lines and impressions), lower Alsace (orthogonal motifs) and north Lorraine (multiple-toothed comb impressions). The very end of the Bandkeramik and the beginning of Villeneuve-Saint-Germain can be synchronised with the terminal phase of north Lorraine. Some decoration typical of the Seine basin, especially garlands made with pivoting multi-tooth comb impressions, also occurs in north Lorraine phase 9 and on the site of Plaidt near the Rhine-Moselle confluence. Furthermore, these stylistic interactions between the Seine basin and the Moselle terminal Bandkeramik are accompanied by a massive import of Champagne flint, observed in north Lorraine phase 9.Thus the regionalisation phenomena affecting the whole of the Bandkeramik culture from its middle stage onwards, and which intensify in the late and final stages, do not obstruct stylistic and economic exchange between the various regions. The Seine basin is also concerned by these phenomena and, probably at the transition from late Bandkeramik B to final Bandkeramik, develops its own style from Alsace and Moselle stylistic traditions. The various stages of this westernmost Bandkeramik can be correlated with the north Lorraine sequence and thus ultimately with the Rhine basin sequences. All these particularities resulting from interactions were already well identified by G. Bailloud in 1982 and the concept of Rubané final de la Seine now proposed by M. Ilett does appear an appropriate replacement for Rubané du Sud-Ouest, a term which like Rubané du Nord-Ouest should only be used from a geographical point of view. In fact the chronological development of pottery decoration shows that, in all the regions where there are both Bandkeramik and Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain sites, the latter appear after the terminal Bandkeramik. Furthermore, Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain stylistic traits only appear in the Moselle basin at the very end of the north Lorraine Bandkeramik sequence.
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Résumé : Le site de Menez-Dregan I est un gisement du Paléolithique inférieur qui se présente sous la forme d'une ancienne grotte marine dont le toit s'est progressivement effondré. La couche 4 correspond à l'ultime occupation de ce gisement et se situe à une période charnière entre Paléolithique inférieur et moyen. Cette étude porte sur l'ensemble lithique issu des campagnes de fouilles 1991 à 2004 et a été entreprise dans le but de saisir les divers comportements techniques qui pourraient traduire cette transition. Il s'agit ici de présenter l'industrie lithique de cette couche, qui associe à la fois des caractères archaïques, comme les galets aménagés en grande quantité ou l'aspect opportuniste du débitage, et l'émergence de caractères du Paléolithique moyen, comme la standardisation de la production d'éclats ou l'adaptation des méthodes de débitage selon les dimensions des galets de matière première (débitage Discoïde pour le quartzite, débitage sur enclume pour les rognons de silex de petite taille). Les 13 212 pièces de la couche 4 et de ses trois niveaux (4a, 4b et 4c) ont été étudiées et sont présentées ici, ainsi qu'une structure de pavement, mise en évidence lors de la campagne de fouille de 2000 par S. Hinguant. La couche 4 de Menez-Dregan I a été attribuée au Colombanien par J.-L. Monnier (Monnier, 1996), en raison de la composition de son industrie lithique : outils à tranchant aménagé sur galets associés à un outillage léger, sur éclats de petites dimensions (encoches, denticulés), et par le caractère clactonien du débitage (larges talons peu facettés, bulbes forts, angles d'éclatement très ouverts). Le débitage Levallois est inexistant, les bifaces sont absents ou extrêmement rares, les racloirs sont peu nombreux. Le Colombanien s'avère être un faciès du Paléolithique inférieur, contemporain de l'Acheuléen mais typologiquement distinct. Cependant, la standardisation de la production d'éclats nous amène à entrevoir un changement dans l'industrie lithique de la couche 4 et nous permet de mettre en évidence une période de transition du Paléolithique inférieur au Paléolithique moyen au sein de cette dernière occupation du gisement. Cette étude contribue à documenter la variabilité et la diversité des industries lithiques des Paléolithiques inférieur et moyen, en démontrant que les critères habituels d'attribution à un faciès ne s'appliquent pas de la même manière à tous les gisements. L'utilisation des « fossiles directeurs » sera également remise en question, à la suite d'une rapide évocation de l'industrie de quelques sites du Paléolithique inférieur - colombaniens, acheuléens - ou du Paléolithique moyen.
Abstract: Menez-Dregan I is a Lower Palaeolithic site, situated at Plouhinec, Finistère, in Brittany. It is an ancient marine cave whose roof has gradually collapsed. Layer 4 from the site of Menez-Dregan I is the last occupation of this deposit, at a turning point between the Lower and Middle Palaeolithic. Geological correlations (Laforge & Monnier, 2011; Monnier & Hallegouët, 2003) tend to place layer 4 in OIS 9 or 11, although no direct dating is yet available for this layer. This study focuses on the lithic industry from the 1991-2004 excavations and was undertaken in order to capture the various types of technical behaviour that could translate this transition. We present the lithic industry of this layer, which simultaneously combines 'archaic' characteristics, such as large quantities of pebbles, or the appearance of opportunistic knapping, and the emergence of characteristics that refer to the Middle Palaeolithic, such as standardisation of flake production, or adapting knapping methods to the dimensions of the raw materials (discoid knapping for quartzite, knapping on an anvil for small flint pebbles). The whole industry from layer 4 and its three levels (4a, 4b and 4c) -13,212 artefacts -has been studied. The lithic industry includes flakes (33.1%), flake fragments (28.4%), debris (21%), retouched flake tools (7%), cores (4.3%), pebble tools (3.2%), pebble fragments (1.7%); 1.3% are miscellaneous pieces. The raw materials used in layer 4 are flint (71%), quartz (13%), sandstone (10%), microgranite (5%), quartzite (0.8%) and glossy sandstone (0.5%) and were selected on the ancient beaches in or near the deposit. Retouched flake tools are mostly denticulates (68.2%), scrapers (19.7%) and notches (12.1%). A paving structure has been revealed in layer 4 (level 4b) as highlighted by S. Hinguant during the 2000 excavation campaign and is presented in this article. This is an important element, as we have little information about Lower Palaeolithic settlements. Evidence of the use of fire has been provided by the presence of 28 artefacts with thermal alterations, although no hearth was noted during the excavation. Layer 4 of the Menez-Dregan I site has been attributed to the 'Colombanian' by J.-L. Monnier (Monnier, 1996) due to the composition of the lithic industry: predominance of pebble tools within a heavy tool assemblage associated with retouched tools on flake-supports (notches, denticulates), and by the 'Clactonian' aspect of the knapping (wide slightly faceted butts, strong bulbs, wide open flaking angles). The Levallois method is absent, bifaces are absent or extremely rare, there are few scrapers. The Colombanian proves to be a facies of the Lower Palaeolithic, contemporary with the Acheulean but typologically distinct. However, standardisation of flake production leads us to foresee a change in the lithic industry of layer 4, and allows us to highlight a transition period from the Lower Palaeolithic to the Middle Palaeolithic in the later occupation of this deposit. This study is a contribution to the documentation of the diversity and variability of Lower and Middle Palaeolithic lithic industries, demonstrating that the usual criteria of allocation to a facies do not apply equally to every site. We agree with G. F. Monnier when she indicates that "bifaces are probably simply a basic component of Lower and Middle Palaeolithic toolkits throughout much of the world and as such carry a limited amount of cultural and temporal information" (Monnier 2006, p. 710), and so do not permit to distinguish the Lower from the Middle Palaeolithic. P. Villa indicates that "(...) bifaces are a generalised tool class and, as such, they cannot be used as cultural indicators any more than table forks, the use of tobacco, the bow and arrow, the plough, the throwing stick, the Levallois technique or the making of pottery." "The bifaces were simply a component, an element of the Middle Pleistocene tool-making repertory; they are a time marker, not a cultural marker." (Villa, 1983, p. 11-12). This leads us to the same question regarding the Levallois technology, some authors saying that the Middle Palaeolithic is characterised by the presence of the Levallois method, whereas it is present since OIS 12 (Cagny-la-Garenne). The use of 'index fossils' is questioned here, as we rapidly evoke the lithic industry of some Lower Palaeolithic, Middle Palaeolithic, Colombanian or Acheulean sites (La Ville-Mein, Planguenoual, Côtes d'Armor; Cagny-l'Épinette and Cagny-la-Garenne, Somme; UA 25 of Le Lazaret, Nice, Alpes-Maritimes; Ranville, Calvados; Raspide 2, Blagnac, Haute-Garonne; Saint-Hélen, Côtes d'Armor; Guengat, Finistère).
Résumé : Durant le VIIe millénaire avant J.-C., des changements importants sont constatés dans les industries lithiques d'Europe occidentale. La production lithique est centrée sur des lamelles régulières, débitées par pression ou percussion indirecte. Ces lamelles sont souvent retouchées pour former une ou plusieurs coches, façonnant parfois des bords denticulés. Nous avons étudié un échantillon de lames à coches provenant de différents sites mésolithiques du VIIe et du VIe millénaire av. J.-C. : Beg-an-Dorchenn, L'Essart, La Grange (Ouest de la France), Noyen-sur-Seine, Choisy-au-Bac (Bassin parisien), Verrebroek Aven Ackers et Oudenaarde (Belgique), Mourre de Sève (Provence), La Grande Rivoire (Alpes), Dammartin-Marpain (Jura). Cette étude préliminaire présente nos premiers résultats, quelques hypothèses fonctionnelles et une discussion sur la place des lames à coches dans les assemblages lithiques. Dans le corpus étudié, les coches sont systématiquement directes et le plus souvent obtenues par flexion. L'analyse fonctionnelle montre que les coches sont utilisées comme outils de raclage. La dissymétrie des polis observés sur la face inférieure et sur la face supérieure (face retouchée) indique que la face supérieure est systématiquement en position de face d'attaque, avec un angle d'attaque voisin de 90° : il s'agit d'un raclage en coupe négative. Cette position d'utilisation est incompatible avec un détachement d'enlèvements d'utilisation en face supérieure. Nous concluons donc que les coches résultent d'une retouche volontaire et non d'un processus d'écaillage en cours d'utilisation. Il apparaît clairement que chaque coche est une zone d'utilisation autonome, utilisée par une faible longueur de tranchant. La variabilité des traces d'usure observées suggère que différents matériaux ont été travaillés, parmi lesquels différents végétaux (bois, plantes souples siliceuses de différentes natures), et, probablement, des matières osseuses. Ainsi, ces outils emblématiques du second Mésolithique résultent d'un processus technique volontaire et correspondent à des finalités fonctionnelles spécifiques. C'est un aspect particulier du renouvellement des techniques qui marque les mutations des sociétés mésolithiques au VIIe millénaire que nos premiers résultats ont ainsi mis au jour.
Abstract: During the VIIth millennium BC, important changes occur in Western Europe. The lithic production focuses on regular bladelets, produced by pressure or indirect percussion. These bladelets are often retouched with one or several notches, sometimes giving them a serrated appearance. Together with trapezoidal geometrics, these laterally notched blades are considered as emblematic tools for the late Mesolithic in Western Europe. Different hypothesis were proposed to explain the origin of these laterally notched blades. J.-G. Rozoy (1978b) thought that there was no definite intentional shaping and suggested that the retouch was a use retouch created during a wood peeling process. During this process, the tools change in shape from blank blades, to laterally irregular retouched blades, and finally notched blades. We tried to give new answers in this old debate through a technological and functional analysis: are notched blades retouched tools or use scars? What are the specific functions of theses notches? This preliminary study presents our first results, some functional hypotheses and a discussion about the place of the notched blades in the lithic toolkit. We have studied a sample of notched blades coming from different Mesolithic sites from the VIIth and VIth millennium BC: Beg-an-Dorchenn, L'Essart, La Grange (Western France), Noyen-sur-Seine, Choisy-au-Bac (Paris Basin), Verrebroek Aven Ackers and Oudenaarde (Belgium), Mourre de Sève (Provence), La Grande Rivoire (Alps), Dammartin-Marpain (Jura). The wear analysis of these tools shows that the notches are the result of a voluntary retouch and are used as scraping tools. In our corpus, all notches are made by direct removals. Most of these removals result from bending fractures. The edge angle, on the very edge, is consequently a rather high angle, up to 90°. The active part of the tool is always the inner concave part of the notches, never the spur between two notches. Edge damage is very limited or absent. Use polishes observed in the notches present different patterns on both faces: on the retouched dorsal face, there is a tiny polish, sometimes more developed with a snow-melting appearance, and on the blank ventral face, there is a marginal polish creating a domed bevel. It is sometimes more invasive and more or less striated. This dissymmetric pattern is the result of a scraping motion with a negative rake angle, the retouched dorsal face being always the rake face, and the ventral face the flank face. Under these conditions, the direct removal cannot result from the use process itself. The limited extension of the polish on the ventral face indicates that the clearance angle, formed by the end flank of the tool and the workpiece surface, is maintained higher than a few degrees, in order to limit the friction with the material. The polish on the dorsal face results from the friction developed as the chips cut by the tool flow over the rake surface of the cutting edge. The variability of the observed wear traces suggests that different materials have been scraped: soft plant with high silica content, soft plants with an abrasive component, wood, and maybe bone or antler. The worked material remains indeterminate on some tools. We can conclude that the notched blades that we studied were involved in different working processes, with different functions, but with a same way of using the tools. The tasks could probably be related to arrows shaping, basketry, strings and thread making. More experimentation is needed to better understand these tools. The comparison with other Mesolithic sites suggests that these activities are important in the technology of Mesolithic societies. Thus, these emblematic tools of the second Mesolithic result from a voluntary technical process and correspond to specific functional purposes. Our first results brought to light a particular aspect of the renewal of the techniques which characterizes the transformations of Mesolithic societies in the VIIth millennium BC.
Résumé : Un système d'information géographique (SIG) en archéologie peut s'élaborer pour l'enregistrement et la conduite stratégique d'un chantier de fouille, pour la création d'une base de données spatialisée et l'édition de documents d'aide à la réflexion et destinés à la publication. Dans le cadre de la réflexion scientifique archéologique, le SIG devient aujourd'hui un outil incontournable. Cet article expose les méthodes et les premiers résultats obtenus lors de la mise en place d'un SIG sur un site de la plaine de Vaise à Lyon. La démarche se situe dans la continuité des principes méthodologiques décrits dès le début de la seconde moitié du xxe siècle notamment par Laplace-Jauretche et Méroc en 1954. L'emprise archéologique se situe dans le département du Rhône, à Lyon au 35, rue Auguste-Isaac (9e arrondissement). Le site (1'900 m²) se caractérise par une succession d'occupations de la fin du Paléolithique (Azilien) à l'époque médiévale. Les vestiges épipaléolithiques constituent la plus ancienne installation humaine identifiée sur l'agglomération lyonnaise. Ils s'inscrivent dans une séquence sédimentaire à dominante sableuse peu favorable à la lecture des vestiges. Dès la mise au jour des vestiges épipaléolithiques, le protocole de terrain et l'étude archéologique ont été structurés afin de permettre la mise en place d'un SIG dédié avec pour principaux objectifs d'optimiser le traitement exhaustif des données en proposant une structuration normalisée et d'intégrer la puissance exploratoire de l'outil SIG comme support indispensable de l'analyse archéologique. Cette dynamique a favorisé l'émergence d'une vision objective intégrale. Chaque zone de fouille a fait l'objet d'un carroyage métrique. La fouille manuelle a été conduite par quarts de mètres carrés et par passe technique. Une passe technique constitue un volume autonome localisé par maille qui contient des informations archéologiques (silex, vestiges osseux') dont la répartition spatiale (verticale ou horizontale) permet de restituer la stratigraphie et l'occupation archéologique. Les quarts de mètres carrés ont fait l'objet d une couverture par clichés numériques des aménagements et épandages structurant l'occupation azilienne'; ils ont été assemblés en mosaïques géoréférencées sur la trame des angles de quart de mètres carrés levés en topographie. Les éléments ont été digitalisés sous ArcGis©. Cette étape a permis de géoréférencer chaque composant lié à l'occupation azilienne et l'attribution d'un identifiant dans la base de données. Lors de la fouille, les outils sur silex ou autre ont été enregistrés en trois dimensions à l'aide d'une station totale avec numéro d'ordre attributaire. La totalité des sédiments extraits (56 t) a fait l'objet d'un tamisage systématique. Dans les deux cas, les mobiliers inventoriés sous forme de tableurs sont liés, à l'aide de l'index spatial de référence à chaque passe technique. Les données sont rassemblées sous le logiciel ArcGis. Lors de la phase post-fouille, ces « jeux de données spatialisées » sont structurés et intégrés en continu au SIG. Cette étape de structuration, de normalisation et de hiérarchisation de la donnée archéologique constitue un préalable fondamental du processus SIG. La robustesse des traitements et des analyses spatiales est dépendante de l'organisation et de la qualité de la base de données. Le SIG devient aujourd'hui la seule alternative possible dans la cadre d'une réflexion spatialisée à partir de bases de données archéologiques de plus en plus riches. Les pratiques classiques de l'archéologie sont actualisées par l'émergence de nouvelles méthodes, de nouvelles approches de terrain et un potentiel d'analyse dont la mise en ?uvre et la maîtrise sont relativement simples mais clairement dépendantes de la robustesse de la base de données. Dans le cas de la rue Isaac, le SIG a été l'outil de retranscription du mode opératoire habituel en Préhistoire. Si la méthode mise en place pour l'acquisition des données n'est pas inédite, elle se pose comme une traduction « SIG » des processus d'analyse des vestiges archéologiques.
Abstract: A geographic information system (GIS) in archaeology can be developed for the registration and the organization of excavations, to create a spatial database and to edit documents intended for publication. GIS is becoming a necessary tool as part of archaeological scientific reflection. This paper describes the methods and first results obtained during the implementation of a GIS on a site in the Vaise plain in Lyon (France). The approach lies in the continuity of the methodological principles described at the beginning of the second half of the twentieth century, notably by Laplace and Jauretche Méroc in 1954. The excavations took place in the Rhone département, 35 rue Auguste Isaac (Lyon, 9th arrondissement). The remains were discovered during a rescue excavation in 2010 by Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) on the Vaise plain, on the right bank of the Saone and the alluvial deposits of Rochecardon, a tributary of the Saône. The site (1,900 m²) is characterized by a succession of occupations from the late Palaeolithic (Azilian) to the Middle Ages. The Epipalaeolithic remains presented a major scientific challenge: it is the oldest human settlement identified in Lyon. The vestiges are part of a sandy sedimentary sequence unfavourable for identifying and interpreting remains. Because of the unexpected nature of the discovery and the taphonomic context three 'excavation areas' were defined with the service régional de l'Archéologie (direction régionale des Affaires culturelles de Rhône-Alpes). The Rue Isaac Azilian is a major discovery in the regional context, poorly documented for that period. In this context, the study of this well-preserved settlement, organized with an abundant lithic industry (about 16,000 elements for flint alone), provides an opportunity to understand the complexity of human behaviour related to procurement and the exploitation of lithic raw materials, as well as the spatial organization of an open-air site. From the very discovery of the Epipalaeolithic remains, the archaeological methods and study were structured to establish a dedicated GIS to optimize the treatment of data by providing a standardized structure and to integrate the GIS as an essential support for archaeological analysis. This approach provided an objective full view. The archaeological methods aimed at restoring the archaeological role in the natural stratigraphy and understanding the spatial organization of ancient prehistoric occupations. Each search area was given a metric grid. The manual excavation was conducted by sections measuring a quarter of a square metre and technical blocks ('passe technique', or the manual stripping of 5 cm). A technical block is a localized independent volume that contains archaeological information (flint, bone remains, ...) whose spatial distribution (vertical or horizontal) can reproduce the stratigraphy and archaeological occupation. The corners of each quarter square metre were systematically georeferenced. The name of each technical block is the spatial index reference in the GIS for each volume created and takes the following form: 'technical block number+quarter square metre' or P_Quart_M2 (e.g. 1 AA1d: first technical block from the quarter square metre AA1d). It contains the geographical position (X, Y, Z) of the centroid of the volume excavated and is represented as a polygon feature (polygon). Each quarter square metre was digitally photographed. These digital images of Azilian structures and layers were assembled to create georeferenced images using the corners of each topographically recorded quarter square metre. The quartzite pebbles and local anatexite plaque were digitized in ArcGIS, version 10 software tool incorporating Bezier curves. This step allowed georeferencing for each component linked to the Azilian occupation and the assignment of an identifier in the database. During the excavations, flint tools or other petrographic components were recorded in three dimensions (PI: 'pièces isolées', isolated artefacts) and sequentially numbered. All sediments (56 t) were sieved. After sorting by types, the inventories of artefacts by spreadsheets were linked, using the spatial index reference of each technical block. The same was done for the three-dimensionally listed items. Data were collected with ArcGIS © software. Prior to the study, all the archaeological data were formatted in compatible spreadsheets for ArcGis software. The different databases, joined using the spatial index reference, were completed during specialized studies. During the post excavation study, these 'spatial datasets' are structured and integrated with the GIS. This patterning phase, the standardization and prioritization of archaeological data, is a fundamental prerequisite for the GIS process. The robustness of the treatment and spatial analysis is dependent on the organization and quality of the database. Structuring it in the research context has led to different spatial and statistical analyses being carried out. Horizontal projections (profiles) were made by combining the 'PI' and 'petrographic elements' spreadsheets to restore the stratigraphic context and locate potential archaeological horizons 'in situ'. Axes projections reflect the general topographic relief'''a TIN (Triangular Irregular Network) was created during the excavation. Different GIS projects (attribute query and automatic creation of polylines in particular) have allowed automatic mapping of connections between fragments. Maps (density maps, distribution maps for the presence'/'absence of certain tool types, percentage distributions of plant macrofossils and bone remains) are a methodological specificity inherent in the practice of archaeology. GIS is the only alternative in the context of reflection based on numerous archaeological spatial databases. Customary archaeological practices are updated by the emergence of new methods, new approaches and a potential field of analysis; the implementation and control are relatively simple but clearly dependent on the robustness of the database. In the Rue Isaac case, the GIS tool transcribed the usual procedure in prehistory. While the method established for data acquisition is not new, it appears as a 'GIS' translation of the analysis process for archaeological remains.
Résumé : Deux artefacts en silex remarquables, tant d'un point de vue lithologique que typologique, ont été découverts en prospection dans le bassin mosellan; l'un au Luxembourg sur un plateau gréseux, l'autre en Allemagne sur une basse terrasse de la Moselle près de la ville de Trèves. Par leur morphologie singulière, les deux éléments retouchés, l'un de grandes dimensions, l'autre plus petit, sont caractéristiques des éléments de « faucille » en demi-lune de type Altheim. L'exemplaire recueilli à Lintgen au Luxembourg est un grand fragment de plaquette en silex de forme actuellement losangique après cassures fraîches et anciennes, portant une retouche bifaciale courte continue sur un bord. Les deux faces corticales présentent d'importantes traces de polissage ayant atténué par abrasion les aspérités du cortex. Le matériau dans lequel il est réalisé est un silex gris-brun à zonations beige clair en plaquette de faible épaisseur, au cortex de couleur beige clair, de texture mudstone. D'après les observations macro- et microscopiques du cortex assez régulier, de la texture, de la structure et de la couleur du silex, l'artefact examiné présente toutes les caractéristiques des silex zonés en plaquette originaires du Sud-Est de l'Allemagne au sud de la région de Regensburg, près de Kelheim. Il s'agit d'un silex en plaquette de type Arnhofen. L'exemplaire trouvé à Trèves-Zewen est une petite plaquette corticale façonnée en demi-lune à tranchant droit et dos courbe. Une face présente une plage assez large de cortex naturel, peu grenu, blanc jaunâtre à la surface et brun foncé à coeur avec, encore plus en profondeur, une très fine zone opaque à pointillé rouge. L'autre face est formée par le clivage naturel de la roche. Le pourtour complet de l'artefact porte une retouche continue envahissante sur les deux faces avec un lustré d'utilisation faible et peu étendu. Le tranchant est denticulé par retouches intentionnelles. De texture mudstone à wackestone, le matériau est un silex en plaquette de type Baiersdorf. Ces variétés siliceuses appartiennent géologiquement aux formations du Tithonien appartenant au Malm, dernier étage du Jurassique. D'un point de vue typologique, les artefacts présentés ici évoquent par leur morphologie les éléments de « faucilles » et de poignards produits au Néolithique récent et final dans la région située au sud de l'Allemagne près du cours du Danube aux environs de Regensburg. Ces outils façonnés sur plaquette corticale ont été produits en Bavière essentiellement à partir de la fin de la culture de Münchshöfen avec le développement du groupe/culture d'Altheim (Altheimer Gruppe/Kultur) entre 3800 et 3400 ans av. J.-C. et ont circulé sur plusieurs centaines de kilomètres tant vers l'est, en descendant le Danube jusqu'en Autriche, que vers l'ouest, le sud et le nord. D'autres comparaisons montrent que de tels manuports peuvent se rencontrer, réemployés ou façonnés souvent dans des gabarits plus petits, jusqu'à la fin du IIIe millénaire dans la culture des Gobelets campaniformes, voire jusqu'à l'âge du Bronze ancien. La large répartition de ces éléments bavarois atteste l'existence de réseaux de diffusion organisés. La reconnaissance de ces deux artefacts dans le couloir mosellan, tant en Rhénanie-Palatinat qu'au Luxembourg, vient combler le « vide » observable sur la carte de répartition des bayerischen Plattenhornsteinen. Les affleurements bavarois de silex en plaquette sont distants de Trèves et du Luxembourg d'environ 400 km à vol d'oiseau. Il est troublant de rapprocher cette distance de celle des importations sub-contemporaines provenant de la région du Grand-Pressigny en direction opposée. Si l'on compare et rapproche symétriquement ces deux origines, on constate un « effet miroir » entre Europe centrale et occidentale. Par ailleurs, ces productions peuvent être mises en relation avec l'essor du « phénomène minier » dans les régions aux ressources siliceuses de qualité.
Abstract: Two flint artifacts were found during field surveys in the Moselle region, both striking for their petrographic as well as their typological attributes. One of them was found on a sandstone plateau in Luxembourg, the other one on the lower terrace of the Moselle river near the city of Trier. Considering their specific morphology, the two retouched artifacts one slightly smaller than the other one can be qualified as typical crescent-shaped Altheim sickles. The piece from Lintgen (Luxembourg) is a big fragment of tabular flint, rhombic in outline after old and newer breaks, with a short continuous bifacial retouch on one edge. The two cortical sides show major traces of polishing to smoothen the the cortex. The material is a grey-brown flint with light beige mudstone structure zones. According to macro- and microscopic observations of the very regular cortex, the texture, the structure as well as the colour of the flint, the artifact shows all the characteristics of a banded tabular flint from the south-east of Germany near Kelheim, south of Regensburg. It is an Arnhofen type tabular flint. The specimen from Trier-Zewen is a small, crescent-shaped cortex tabular flint with a straight cutting edge and a curved back. One side has a quite wide zone of natural, low grained white-yellow cortex, which becomes dark brown in its depth, which is followed by a thin opaque zone of reddish dots. The opposite surface is formed by a natural cleavage. All edges of the entire artifact are retouched and wear a weak and slightly spread polish due to usage. The cutting edge is intentionally dentate. Because of the mudstone???wackestone structure, the artifact is made of tabular chert of the Baiersdorf Typ. These chert variations geologically belong to the Tithonian, a stage of the Upper Jurassic Malm formation. Typologically speaking the morphology of the artefacts presented here corresponds to the morphology of sickles and daggers, like those produced in the region of Regensburg along the Danube during the Upper and Final Neolithic. This kind of tools made out of thin tabular slabs were produced in particular since the end of the Münchshöfen culture in Bavaria and afterwards in particular by the Altheim group between 3800 and 3400 BC. The geographical distribution reached eastwards down the Danube into present-day Austria, as well as to the West, South and North over several hundreds of kilometers. Comparisons show that this kind of far reaching transportation in the context of reuse or in slightly smaller editions occur until the end of the third millennium BC during the Bell Beaker culture and even beyond into the early Bronze Age. The important dissemination of these Bavarian products demonstrates the existence of a well networked distribution system. The identification of these two artifacts in the Moselle region in Rhineland-Palatinate, as well as in Luxembourg, fills the gap still perceived in the distribution pattern of Bavarian tabular chert artifacts. The mining areas of the tabular chert are located approximately 400 kilometers from Luxembourg and Trier. Therefore this distance is comparable to the diameter of the slightly more recent dissemination area of the Grand-Pressigny type flint in opposite direction. If one is to compare these two distribution maps, one may notice that they are mirrored but still complement each other between Middle and Western Europe. Furthermore these productions can be related to the peak of the mining phenomenon in regions with high quality flint deposits. Zusammenfassung: Zwei, sowohl hinsichtlich ihrer Petrographie, wie auch ihrer Typologie bemerkenswerte Silexartefakte wurden bei Prospektionen im Moselgebiet gefunden. Eines in Luxemburg auf einem Sandsteinplateau; das andere auf der Niederterrasse der Mosel in der Nähe der Stadt Trier. Angesichts ihrer spezifischen Morphologie sind diese beiden retuschierten Stücke ??? das Eines größer, das Andere etwas kleiner ??? als typische, halbmondförmige Sicheleinsätze vom Typ Altheim anzusprechen. Das Stück von Lintgen in Luxemburg ist ein großes Bruchstück einer Silexplatte von nunmehr ??? nach alten und frischen Brüchen ??? rautenförmigem Umriss mit einer an einer Kante durchlaufenden, beidseitigen, kurzen Retusche. Die beiden Kortexflächen zeigen deutliche Spuren einer Politur, mit der die rauen Oberflächen beseitigt wurden. Das Ausgangsmaterial ist eine dünne Platte aus graubraunem Silex mit hell beigen Zonen und hell beiger Kortex mit Mudstone-Textur. Nach makro- und mikroskopischen Untersuchungen der recht regelmäßigen Kortex, der Textur, Struktur und Farbe des Silex, zeigt das untersuchte Artefakt alle Charakteristika eines gebänderten Plattensilex aus dem Südosten Deutschlands, wie sie bei Kelheim südlich von Regensburg vorkommen. Es handelt sich um einen Plattehornstein vom Typ Arnhofen. Das Exemplar von Trier-Zewen ist eine kleine, halbmondförmig geformte Kortexplatte mit gerader Schneide und geschwungenem Rücken. Eine Seite besteht aus einer ziemlich großen Zone natürlichen, wenig körnigen Materials, dass an der Oberfläche weißlich-gelber Kortex aufweist, die in der Tiefe dunkelbraun und wiederum von einer ganz feinen, opaken Zone mit rötlichen Pünktchen unterlagert wird. Die gegenüberliegende Fläche wird von einer natürlichen Sprungfläche gebildet. Alle Ränder des vollständigen Artefaktes sind auf beiden Seiten durchgehend am Rand retuschiert und tragen eine schwache und wenig ausgedehnte Gebrauchspolitur. Die Schneide ist intentionell gezähnt retuschiert. Angesichts einer 'mudstone'bis 'wackestone''Textur handelt es sich um einen Plattenhornstein vom Typ Baiersdorf. Diese Hornsteinvarianten gehören geologisch zu der obersten Malmstufe (Oberjura), also dem Tithonian. Typologisch entspricht die Morphologie der hier vorgestellten Artefakte den Sicheleinsätzen und Dolchen, wie sie im Jung- und Endneolithikum in Süddeutschland entlang des Donaulaufes in der Gegend von Regensburg hergestellt wurden. Diese Arte von Werkzeugen aus Kortex tragenden Plättchen wurde in Bayern vor allem seit Ende der Münchshöfener Kultur und dann vor allem von der Altheimer Gruppe zwischen 3800 und 3400 v. Chr. hergestellt und sowohl ostwärts, Donau abwärts bis Österreich, wie auch west-, süd-, und nordwärts über mehrere hundert Kilometer verbreitet. Andere Vergleiche zeigen, dass solche Ferntransporte im Rahmen von Wiederverwendungen oder in kleineren Formaten bis zum Ende des 3. vorchristlichen Jahrtausends in der Glockenbecherkultur, ja bis in die ältere Bronzezeit vorkommen. Die weite Verbreitung dieser Produkte aus Bayern belegt die Existenz eines weit verzweigten Verteilungsnetzes. Die Identifizierung dieser beiden Artefakte im Moselgebiet in Rheinland-Pfalz, wie in Luxemburg schließt eine Lücke, die sich bislang im Verbreitungsbild des Bayerischen Plattenhornsteins wahrnehmen ließ. Die Lagerstätten des Bayerischen Plattenhornsteins befinden sich von Trier und Luxemburg in etwa 400 km Luftlinienentfernung. In sofern lässt sich diese Entfernung mit derjenigen der wenig späteren Exporte der Region von Grand-Pressigny in entgegengesetzter Richtung vergleichen. Wenn man nun diese beiden Verbreitungsbilder nebeneinander stellt, ergänzen sie sich gleichsam spiegelbildlich zwischen Mittel- und Westeuropa. Weiterhin lassen sich diese Produktionen mit dem Höhepunkt des Minenphänomens in den Gegenden mit qualitätvollen Silexvorkommen in Verbindung bringen.
Résumé : Traditionnellement, les décors céramiques du Néolithique ancien danubien sont analysés selon la méthode des attributs (Van Berg, 1988 et 1994). Cette méthode décrit les bandes, les décors sous le bord, les décors secondaires et les élargissements qui constituent le décor du vase. Ces attributs sont classés et quantifiés, permettant ainsi de réaliser une étude chronologique et géographique des différents groupes régionaux rubanés. Jusqu'à présent cette méthode a prévalu dans la définition des ensembles régionaux rubanés, à l'exception de quelques travaux (Van Berg, 1988 et 1994; Jeunesse, 2008). Ala fin des années 1980, un chercheur belge, P.-L. Van Berg, a mis en place une nouvelle méthode d'analyse des décors céramiques : la méthode structurale, ou « systémique », selon la terminologie de l'auteur (Van Berg, 1988). Cette méthode considère le décor céramique comme un ensemble cohérent régi par des règles de construction stricte. Inspirée de la linguistique, elle envisage le décor céramique comme un langage;le décor est comparable à un répertoire de signes qui obéit à une série de règles grammaticales. La grammaire réalisée par P.-L. Van Berg décrit, à l'aide d'un vocabulaire inspiré de la géométrie, l'ensemble de l'ornementation, de la plus petite unité décorative aux structures les plus complexes. Ainsi, grâce à la méthode structurale, le travail de l'analyste ne se cantonne plus à une description d'attributs mais à une tentative de compréhension de l'organisation du décor. Un des objectifs de cette recherche était de réhabiliter la méthode structurale. En effet, malgré l???apport considérable de cette méthode d'analyse, cette dernière reste peu employée par les chercheurs. Deux raisons à cela : premièrement, la complexité de la grammaire de P.-L. Van Berg l'a rendue difficile d'accès et deuxièmement, son application nécessite de travailler sur des céramiques aux décors suffisamment complets, fait rare en archéologie. La découverte du site exceptionnel de Herxheim bei Landau (Rhénanie-Palatinat), qui a livré de nombreuses céramiques aux décors pratiquement complets provenant de plusieurs groupes régionaux rubanés (Zeeb-Lanz et al., 2007), a permis de réaliser une première grammaire rubanée (Houbre, 2008). A la suite des résultats probants qu"a livrés cette analyse structurale, nous avons étendu notre zone d???étude dans le but de réaliser une grammaire décorative du Rubané de la zone occidentale, plus de 900 céramiques au décor archéologiquement reconstituable, découvertes dans les bassins du Rhin, de la Meuse et de la Seine, ont ainsi été étudiées. La réalisation de la grammaire du Rubané de la zone occidentale a permis de mettre en évidence l???ensemble des étapes analytiques relatives à la formation du décor principal : entre cinq et huit suivant la complexité du décor, de la figure géométrique à la sélection du composant. La grammaire permet ainsi de mieux cerner l"évolution du style céramique rubané et de comprendre le processus de morcellement territorial qui débute au cours de l"étape moyenne et s"affirme lors du Rubané récent et final. En outre, la méthode structurale permet d"identifier les décors qui respectent la norme et ceux qui s"en écartent. Les décors normés se composent de 41 types et 118 variantes, tandis que deux groupes de décors déviants ont été reconnus : les décors à structure mixte et les décors déstructurés. Enfin, une dernière catégorie de décors a été révélée par la grammaire : les décors non-rubanés qui correspondent aux décors en « damier ».
Abstract: Traditionally, Linearbandkeramik (LBK) pottery decoration has been analysed by the attributes method. This method describes the bands, rim decoration, secondary decoration and enlargements that make up the decoration of the vessel. These attributes are classified and quantified, thus enabling study of the chronology and extent of the various regional groups of the LBK. Until now this method has prevailed in the definition of regional LBK entities, excepting studies by P.-L. van Berg (Van Berg, 1988 and 1994) and a recent article by C. Jeunesse (Jeunesse, 2008). In the late 1980s, P.-L. van Berg developed a new method for the analysis of pottery decoration: the structural, or ???systemic??? method, according to the author???s terminology. This method considers pottery decoration as a coherent whole, the construction of which is governed by strict rules. Drawing its inspiration from linguistics, it considers pottery decoration as a language; decoration is comparable to a repertory of signs which follows a series of grammatical rules. The grammar created by P.-L. van Berg, applied to the north-western late LBK (RNO) and the Alsace LBK (Van Berg, 1988 and 1994), uses an elaborate terminology derived from geometry to describe all the decoration, from the smallest element to the most complex patterns. Thus, through the structural method, the analysis goes beyond the simple description of attributes in an attempt to understand the decoration. One of the objectives of the research presented here, which has been the subject of a doctoral dissertation, was to reinstate the structural method. Indeed, despite its significant contribution to research, the structural method has not often been applied. There are two reasons for this: firstly, the complexity of P.-L. van Berg???s grammar rendered it quite inaccessible, and secondly, its application requires working on vessels whose decoration is more or less completely preserved, a rare situation in archaeology. The discovery of the exceptional site of Herxheim bei Landau (Rhineland-Palatinate), with numerous finds of vessels with well-preserved decoration, originating from various regional LBK groups (Zeeb-Lanz et al., 2007), enabled us to set up a first LBK grammar (Houbre, 2008). As the results of this structural analysis were convincing, we enlarged the study zone with the aim of creating a decoration grammar for all the western LBK, in a study of over 900 vessels with archaeologically complete decoration from the Rhine, Meuse and Seine basins. This study sets out to revise the structural method developed by P.-L. van Berg, first of all from a methodological point of view, in an attempt to improve its accessibility, but also by extending the study zone and by including the whole duration of the LBK. The grammar used in this research differs in several respects from the work of P.-L. van Berg, not only gramatically but also terminologically. The grammar of the western LBK reveals all the analytical stages relating to the construction of the main decoration: between five and eight, depending on the complexity of the decoration, from the geometrical figure to the selection of a component. It is thus possible to clarify chronological trends in pottery style and to improve understanding of the process of territorial division that begins in the middle stage and intensifies in the late and final LBK. Furthermore, the structural method enables one to identify decoration that respects the norm, as well as decoration that diverges from this. Normalised decoration includes 41 types and 118 variants, while two deviant decoration groups were identified: decoration with a mixed structure and destructured decoration. Lastly, a further decoration category was revealed by the grammar: non LBK decoration involving ???chequered??? designs. Deviant decoration (mixed structure and destructured decoration) occurs sporadically throughout the sequence (early to final LBK) and in all regions except the Paris basin. This is evidence for the strength of the LBK grammar which is very predominantly respected by all the potters. The presence of these particular decoration types emphasizes that deviation from the norm is possible, without changing the nature the whole composition; although some rules of construction are not respected, the decoration can clearly be identified as belonging to the LBK style. The main decoration grammar also enables one to identify non LBK decoration such as 'chequered'designs. Although these were produced by potters of the LBK tradition, this decoration belongs to another grammar, probably Pollera. All the examples date to the end of the LBK and have mainly been found in the Paris basin, excepting one from Baden-Württemberg. They are evidence for the permeability of LBK grammar to external influences, at the end of the sequence.
Résumé : En 1998, le dépôt de Trelly (Manche) a été découvert à la suite de prospections électromagnétiques. Une rapide opération de sauvetage réalisée à la même époque a permis de constater la présence d'autres objets, la plupart remués par des labours récents. L'intérêt principal de ce petit dépôt, d'une trentaine d'objets à base cuivre, est l'association entre des haches à douille de type armoricain (types de Plurien, de Tréhou et surtout de Couville) et des bracelets typiques du Hallstatt D1-D2. Si le dépôt était bien connu grâce à la publication de quelques objets lors de l'exposition « Nos ancêtres les Gaulois » présentée à Nantes en 1999 à l'occasion du XXIIe colloque de l'AFEAF, aucune analyse n'en avait été menée. Dans le cadre d???un nouveau programme de recherche mené à l'université de Rennes 1-Beaulieu (UMR « CReAAH ») concernant les objets à base cuivre protohistoriques et leurs compositions élémentaires, des analyses chimiques ont été réalisées sur la plupart des objets du dépôt. Les résultats obtenus montrent que quelle que soit la taille des haches les teneurs en plomb et en cuivre sont variables et souvent très fortes. Les teneurs en étain sont faibles mais assez constantes. En réalisant deux analyses par hache, on démontre que cette variabilité de composition se retrouve au sein même des objets, conduisant à dire que les différences observées entre individus ne sont pas significatives. Cependant, la dispersion des compositions au sein de l'ensemble des objets du dépôt est continue, ne montrant pas de rupture, laissant penser que ces objets ont pu être fabriqués selon un même procédé technique. La comparaison entre les différents types d'objets montre que les bracelets sont seulement légèrement enrichis en étain. Les teneurs en éléments-traces pour l'ensemble des objets sont quant à elles très similaires, montrant ainsi l'homogénéité du dépôt. Ainsi, les analyses, en plus des travaux de terrain et de l'observation de la patine des objets, confirment une similitude de composition chimique. En conclusion, si elles ne confirment pas formellement le synchronisme entre les haches à douille et les bracelets du Hallstatt moyen/final, du moins apportent-elles un argument supplémentaire dans ce sens, et surtout elles ne le contredisent pas. Pour réellement confirmer cela, il faut continuer à analyser entièrement d'autres dépôts de la même région, en prenant aussi en compte des dépôts du Bronze final III.
Abstract: Discovered in 1998, the Trelly hoard (Manche, France) was discovered through electromagnetic surveys. A quick emergency dig revealed the presence of many artefacts, most of which had been displaced by recent ploughing. The main interest of this small hoard, consisting of about thirty copper-based artefacts, resides in an association of Armorican-type socketed axes with bracelets typical of the Hallstatt D1-D2 period. While this hoard was well-known due to the presentation of several artefacts at the exhibition "Nos ancêtres les Gaulois" held at Nantes in 1999, no analyses had been carried out and the artefacts remained unexploited. In the framework of a new research programme concerning prehistoric copper artefacts and their elementary composition, most of the artefacts from this hoard were the subject of chemical analyses. Many large hoards discovered in Brittany, Normandy and the Channel Islands contained only Armorican-type socketed axes. These deposits were said to belong to the final stage of the Bronze Age (Briard, 1965; Rivallain, 1971). New archaeological excavations in Brittany and in Normandy, such as Kergariou, Quimper, Finistère (Menez et al., 2005; Menez & Gomez de Soto, 2006; Gomez de Soto et al., 2009) confirm that this original phenomenon dates from the second period of the First Iron Age. The Trelly hoard also belongs to this period, because of the synchronism of Armorican-type socketed axes and bracelets dated from the middle???/???late Hallstatt period. This hoard is composed of socketed axes (one of the Tréhou type, one Plurien and eighteen of the Couville type, and two fragments of large axes), five bracelets and fragments of bracelets (one open bracelet decorated with transverse incisions, one open massive bracelet with a sub-rectangular section resembling a gear-wheel, a fragment of an open and massive boss bracelet with a plano-convex section, a fragment of a massive bracelet with a plano-convex section decorated with four transverse incisions, a closed and massive bracelet with a circular section), a fragment of a shank with a rectangular section, a fragment of an artefact made of grey metal composed of a shank with a sub-rectangular section ending in a conic boss, a circular ring with a ???bezel??? composed of two plates with joined central cupulae. The main artefacts of the Trelly hoard have been analysed to check their homogeneity. Similarly, the homogeneity of the artefacts??? composition was controlled by performing duplicate analyses whenever possible. Each sample consisted of 40 mg of metal. The samples were dissolved in 20 ml of 2/5 aqua regia in order to analyse them by inductively coupled plasma atomic emission spectrometry (Jobin-Yvon 138 Ultrace ICP-AES). The concentration of the metallic solution was 2 g.L-1. In order to determine the concentration of each metal studied by ICP-AES, a calibration range was defined between 0 and 2 g.L-1. Standards of the main elements (Cu, Pb, Sn) were prepared twice in order to have a calibration range close to the concentration of these elements in the samples (table 2). This procedure greatly improved the quality of the analyses. Five multi-element standards were prepared to analyse trace elements (As, Mn, Bi, Zn, Ag, Sb, Ni, Fe, Co; table 3). Calculated uncertainties are due to experimental errors when samples were weighed and dissolved. The values give an error of 1.6???% for tin and lead, and an error of 2.2???% for copper and trace elements. The analyses show that Trelly socketed axes have a high lead content, similar to that of Armorican-type socketed axes previously analysed. However, the Trelly socketed axes contained only a small amount of tin (table 4). The amounts of lead and copper present strong variations: between 42.5???% and 93.6???% for copper, and 4.4???% and 56.2???% for lead. However, most of the analyses show a copper content of between 55% and 80% and that for lead between 17% and 42???%. Tin contents are lower, ranging from 0.3 to 9???%, but most of the analyses lie between 0.3???% and 4???%. Trace element contents (As, Sb, Bi, Zn, Ag) are high, whereas nickel and cobalt contents are very low (table 5). On each axe, two analyses were systematically carried out in two locations: on the opening of the socket and on the cutting edge. These analyses revealed an important variability within each axe (fig. 5). These variations mainly concern copper and lead contents. The maximum differences reach 24???% for lead, 23???% for copper and 1???% for tin between the cutting edge and the socket opening. Variability between all the axes is less significant for the copper and lead contents than for that of tin. Differences in trace elements between the cutting edge and the socket of a given axe are clear (fig. 6). For the major elements (Pb, Cu, Sn; fig. 7), the boss bracelet, ???gear-wheel??? bracelet and ring contain little lead, unlike the main Trelly axes. The tin/copper ratio is not equal between the three artefacts and the axes because of a slight enrichment of tin in the bracelets and the ring. Nevertheless, it is difficult to distinguish the compositions of these three artefacts from those of the other artefacts in the hoard. Indeed, two Couville-type axes have the same chemical composition as the bracelets and the ring. The bracelets decorated with incisions have the same lead/copper ratio as the other artefacts, but their tin contents are higher than those for the Couville-type axes. The variability of trace elements is more important than that of the major elements. However, their mix is homogeneous between all the artefacts in the hoard. It could thus be seen as a signature of the hoard, if we make the assumption that these artefacts were made from the same copper, lead and tin raw materials. A significant difference of composition between the bracelets and the axes could indicate that these artefacts were not made from the same raw materials. Alternatively, another possible hypothesis is that the socketed axes could have been made earlier and re-employed during the Hallstatt D1-D2 period. Thus, even if the similarity of the chemical compositions of the Armorican-type socketed axes and those of the Hallstatt D1-D2 bracelets prove these artefacts are strictly contemporaneous, the results do not contradict the first hypothesis. The systematic analysis of several hoards like the Trelly one in the same geographical area will be interesting. It would be possible to see if a local or regional signature exists, suggesting the same metallurgical techniques and the same supply of raw materials. It is interesting to analyse a large quantity of samples in order to see the variability of trace elements. This information is important for investigating the homogeneity of hoards. If a strong heterogeneity is shown, it is possible to envisage the re-employment of metal cast during an earlier period. To confirm this hypothesis, not only should several hoards from the same metal horizon be studied, but also hoards from earlier horizons.
Le site des Tailles du Clou se trouve dans le Nord-Est du département de la Creuse, près du village de Clugnat. Les vestiges se rencontrent sur environ 1 ha au sommet d'un plateau qui domine la vallée de la Petite Creuse. Les prospections réalisées sur le site depuis sa découverte en 2003 ont permis de recueillir une série lithique riche de plus de 15,000 pièces. Cet ensemble n'est malheureusement pas homogène et est le résultat d'une succession d'occupations depuis le Paléolithique moyen jusqu'au Néolithique final. Le manque d'homogénéité de la série nous a amené à dégager les différentes composantes à partir des critères technotypologiques. Les tris en fonction des états de surface ou des types de matières premières se sont avérés inopérants dans le cas présent. L'identification de la composante gravettienne au sein de la masse de vestiges récoltés s'appuie sur la présence d'éléments typologiques diagnostiques (pointes de la Gravette et microgravettes) et sur celle de modes de production laminaires et lamellaires. Tout élément pouvant appartenir à un autre faciès chrono-culturel n'a pas été pris en compte. Ce classement écarte ainsi la quasi-totalité des outils domestiques et une partie des lamelles à dos, trop ubiquiste. Un ensemble de 231 pièces sont rattachées à l'occupation gravettienne. Les différents éléments attribués à cette occupation font état d'une certaine homogénéité d'ensemble. Compte tenu du contexte, il faut cependant considérer que plusieurs phases d'occupation peuvent être présentes. La répartition du matériel par matière première montre un approvisionnement en direction du nord avec une prédominance du silex tertiaire de la région de Vicq-Exemplet (39?%) devant celui du Turonien supérieur du Grand-Pressigny (30,3%) et du Turonien inférieur du Berry (29,9%). Les modalités d???approvisionnement en matières premières, exclusivement orientées vers les formations siliceuses du Bassin parisien, tendent à rapprocher le site des Tailles des occupations de cette région. Le débitage laminaire des Tailles est relativement ubiquiste à l'échelle du Gravettien. Il est illustré par des nucléus à table cintrée où la bipolarité est dominante, ainsi que l'usage de la pierre tendre. On peut le comparer à celui décrit pour le Gravettien récent du Cirque de la Patrie (Klaric, 2003) ou encore à celui du locus 11-14 de la Croix-de-Bagneux à Mareuil-sur-Cher (Kildea et Lang, 2011). Des lames plus robustes probablement importées servent de supports au débitage lamellaire aux dépens de burins-nucléus polyédriques. Ce schéma est comparable à celui décrit sur plusieurs sites attribués au Gravettien récent : Le Blot (Klaric, 1999, 2003 et 2006), Mainz-Linsenberg (Hahn, 1969; Klaric, 2003), Mancy (Chehmana et al., 2008) ou encore Les Peyrugues, C. 22 et 20 (Klaric et al., 2009). Sur le plan typologique, l???industrie se caractérise essentiellement par la présence de gravettes et de microgravettes, auxquelles s'ajoutent de nombreux fragments. L'absence totale de burins de Noailles et du Raysse au sein de la série écarte l'hypothèse d'une fréquentation du site durant la phase moyenne du Gravettien. Les marqueurs de la phase ancienne (pointes de La Font-Robert et fléchettes) manquent également. L'attribution chronologique s'oriente donc logiquement vers la phase récente du Gravettien si l'on se base sur la composition typologique de l'industrie. Cette attribution est nuancée par les données fournies par le site des Bossats à Ormesson (Bodu et al., 2011). Ce site est daté d'une phase relativement ancienne du Gravettien (26691 ± 530 BP) et son débitage est ubiquiste. Il offre un corpus d'armatures dominé par les microgravettes, sans éléments typologiques caractéristiques du Gravettien ancien. Compte tenu de ces données, on ne peut totalement exclure l'existence d'une phase ancienne aux Tailles, même si les éléments convergent davantage vers une attribution chronologique au Gravettien récent. Les comparaisons avec d'autres sites montrent qu'au-delà d'une homogénéité apparente, les modalités de productions laminaires et lamellaires offrent une importante variabilité. Face à cette diversité, l'attribution de la série à une phase chronologique sans datations absolues laisse une part d???incertitude. Dans le cas présent, le rattachement au Gravettien récent à partir de critères techniques et typologiques cohérents, s'effectue aussi par défaut (absence de marqueurs typologiques évidents des phases anciennes et moyenne).
The prehistoric site of Les Tailles du Clou is located in the north-eastern part of the Creuse département, near the village of Clugnat. The archaeological remains cover roughly one hectare on a plateau which dominates the valley of the Petite Creuse. Fieldwalking campaigns undertaken on the site since its discovery in 2003 have led to the collection of a rich assemblage of more than 15,000 worked stone objects. Unfortunately the series is not chronologically homogenous but is the result of successive occupations between the Middle Palaeolithic and Late Neolithic periods. The lack of homogeneity of the series has led us to identify the different components from technotypological criteria. Sorting based on surface states or types of materials has proved ineffective. The identification of the Gravettian remains collected is based on the presence of diagnostic typological elements (Gravette points and microgravettes) and the modes of production, laminar and lamellar. No item that may technically belong to another chrono-cultural facies has been taken into account. This classification eliminates almost all household tools and some of the backed bladelets. 231 pieces are associated with the Gravettian occupation. The different elements assigned to this occupation show a certain homogeneity. Given the context, it must however be considered that several occupation phases may be present. The breakdown by raw materials reveals procurement mainly from the North, with a predominance of tertiary flint from the Vicq-Exemplet region (39%), Upper Turonian from Grand Pressigny (30.3%) and Lower Turonian from Berry (29.9%). The choice of raw materials, exclusively oriented towards the siliceous formations of the Paris Basin, suggest the Tailles site is related to occupations in that region. The laminar knapping of Tailles is fairly ubiquitous throughout the Gravettian period. It is illustrated by curved table cores where bipolarity is dominant, alongside the use of soft stone. It can be compared with that described for the Recent Gravettian site of Cirque de la Patrie (Klaric, 2003) or locus 11-14, La Croix-de-Bagneux, Mareuil-sur-Cher (Kildea & Lang, 2011). More robust blades were probably imported and used as supports in place of polyhedral burin-cores. This pattern is similar to that described on several sites attributed to the Recent Gravettian at Le Blot (Klaric, 1999, 2003 and 2006), Mainz-Linsenberg (Hahn, 1969; Klaric, 2003), Mancy (Chehmana et al., 2008) or Les Peyrugues, C. 22 and 20 (Klaric et al., 2009). Typologically the industry is mainly characterized by the presence of Gravette points and microgravettes, alongside many fragments. The absence of Noailles and Raysse burins in the series forbids the hypothesis of an occupation during the middle phase of the Gravettian. Markers of the early phase (Font-Robert points and flechettes) are also lacking. The chronological attribution is thus logically orientated towards the most recent phase of the Gravettian period, when based on the typological composition. This attribution is moderated by the data provided from the Bossats site, Ormesson (Bodu et al., 2011). This site is dated to a relatively early phase of the Gravettian (26691 ± 530 BP) and its knapping process has similar features. It provides a corpus of microliths dominated by microgravettes, with no elements that are typologically characteristic of the Early Gravettian period. Given this data, we can not completely exclude the existence of an early phase in Les Tailles, even if the elements converge more towards a chronological attribution to the Recent Gravettian. Comparisons with other sites show that, beyond an apparent homogeneity, types of laminar and lamellar production offer a large variability. Given this diversity, the attribution of the series to a precise chronological phase with no absolute dating leaves a degree of uncertainty. In this case, the connection to the Recent Gravettian on the basis of consistent technical and typological criteria is also obtained by default (no obvious typological markers of the early or middle phases).
Le Tardiglaciaire du Grand-Ouest de la France fait l'objet de nouvelles recherches depuis quelques années. La situation de cette région à la fin du Pléistocène était en effet totalement méconnue il y a encore vingt ans ce qui a valu au Grand-Ouest d'être systématiquement écarté des grandes synthèses françaises et européennes sur le sujet. La reprise de collections anciennes à l'attribution chrono-culturelle incertaine et la mise en place de nouvelles opérations ont néanmoins permis de restructurer le Paléolithique supérieur régional. Ces travaux ont dans un premier temps amené à proposer un nouveau modèle d'organisation des industries. Conséquence de cette révision, certains ensembles, longtemps considérés comme magdaléniens, ont été rajeunis de quelques millénaires et placés à l'extrême fin du Tardiglaciaire. Ce sont ces industries dénommées ici « post-aziliennes » qui font plus précisément l'objet de cet article. En nette rupture avec les temps qui l'encadrent, cette période voit l'objectif lamino-lamellaire reprendre une place prépondérante au sein de la production. Ces supports, réguliers et normés, ont été obtenus à partir de méthodes de débitage élaborées sur des matériaux de bonne qualité. Les lamelles ont été transformées en différentes gammes de pointes de projectile. Si les armatures axiales tiennent une place essentielle au sein des carquois, nos analyses ont également mis en évidence le développement de projectiles à tranchants transversaux. La représentation de ces différentes gammes d'armatures diffère d'une région à l'autre de l'Europe et suggère l'existence de différentes traditions. Dans le Grand-Ouest, comme dans le Sud-Ouest de la France et le Bassin parisien, les éléments laboriens/épilaboriens sont omniprésents. Cette région livre cependant aussi des pointes, encore méconnues dans la moitié ouest de la France et caractéristiques du Nord de l'Europe. Si la composition des carquois de ces groupes de chasseurs-collecteurs varie d'un secteur à l'autre de l'Europe, l'étude du sous-système lithique permet de mettre en évidence une large diffusion de concepts techniques forts en termes d'objectifs et de méthodes de production lithique. Ce phénomène nous amène à proposer l'hypothèse d'un grand techno-complexe paneuropéen composé de différentes traditions techniques pas toujours strictement contemporaines et aux limites plus ou moins perméables. Cette nouvelle vision des sociétés de la fin du Tardiglaciaire permet peu à peu de développer des réflexions quant à l'organisation socio-économique de ces groupes humains dans un contexte environnemental en pleine mutation.
In recent years, the Late Glacial period of Western France has been the scene of exciting new research. Prior to this research, the human occupation of Western France at the very end of the Pleistocene was seldom considered in discussions of European Prehistory. The presence of few stratified sites and the acidic soils of the Armorican Massif, which preserve few organic remains, are probably to blame for this treatment. A systematic study of assemblages collected in the 1970s-80s and the excavation of new sites allow us to re-examine the Final Palaeolithic of Western France. This new research has allowed us to propose a new chrono-cultural organization of the lithic industries. Because few sites are well-dated or stratified in Western France, this new chronology is based on lithic technology and a comparison of assemblages from the surrounding areas. In this paper, I specifically deal with assemblages long thought to be Magdalenian. However, some are in fact younger and represent a different technology that was replaced at the very end of the Late Glacial, during the Younger Dryas-Preboreal transition. These so-called ???Post-Azilian??? industries mark a clear technical departure from the Azilian that preceded and the early Mesolithic that succeeded them. Contrary to the Azilian, where non-uniform elongated flakes were the main objective, blades and bladelettes are the central focus of reduction in post-Azilian societies. Post-Azilian blanks are regular and standardized. They are produced from methods using high-quality raw materials. The bladelettes are used to make different kinds of projectile points. The design of projectiles varies across Europe and these different types are seen as the cultural markers of separate traditions: Laborian/Epilaborian, Ahrensburgian/Epiahrensburgian, Swiderian,??? The assemblages of Western France show an interesting diversity of projectile points. Straight backed points are most common. These projectile points testify to southern influences and are characteristic of the Epilaborian in Southern France. The presence of these projectile points in Western France is not surprising considering the fact they have been found in surrounding areas; it is however unexpected to find elements similar to the Ahrensburgian and Epiahrensburgian. The presence of Ahrensburgian tanged points and oblique truncated points in Western France show the extension of these Northern European traditions farther West. While these axial points are the most common, our work also suggests the existence of trapezoidal elements probably used as cutting points. Well known during the second half of the Mesolithic and the Neolithic, this kind of projectile point seems to appear much earlier than usually considered. We are currently working on the origin of this concept (changes in hunting strategies, diversification of targets) and its link with the environmental changes of the end of the Pleistocene. While projectile point types vary throughout Europe, study of the lithic sub-system shows the diffusion of strong technical concepts over a wide area. The assemblages of these different European traditions testify to the presence of homogeneous objectives and methods of production. This homogeneity suggests that there may be a large European techno-complex composed of several traditions that are not necessarily contemporaneous or geographically restricted. This new view of the very end of the Late Glacial period allows us to develop new hypotheses about the socio-economic organization of these human societies. From this perspective it is interesting to consider the impact climatic instability may have had on populations during this period.
Le site « 62 rue Henry-Farman » localisé dans le 15e arrondissement de la ville de Paris, à 250 m du lit actuel de la Seine, a livré un niveau d'occupation du Mésolithique fouillé sur 5,000 m2. Les dates radiocarbone (SMA) placent ce niveau entre 8600 et 7700 avant J.-C. Six concentrations (ou locus) de vestiges lithiques et osseux ont été spatialement différenciées. Cet article est centré sur une analyse critique des vestiges fauniques (non travaillés et travaillés), conduite dans l"objectif de caractériser la nature des dépôts, les activités qui les ont produits, les comportements dexploitation des ressources animales et de discuter la nature des occupations. L"analyse taphonomique montre une relative homogénéité de l"état de conservation des vestiges (très fracturés et assez corrodés) entre les locus, en dépit d"une certaine diachronie des occupations suggérée par la typologie lithique. Le sanglier (Sus scrofa scrofa) est l'espèce dominante dans tous les locus, avec une présence limitée des autres ongulés et des petits mammifères à fourrure. La chasse a été principalement ciblée sur des individus subadultes et adultes dans les différents locus. L'hypothèse d'épisodes de chasse aux compagnies distincts des chasses aux mâles adultes, attestées par la présence de six défenses est proposée. L'utilisation à des fins « techniques » de certaines défenses et la présence d'une industrie osseuse réalisée sur os et bois de cervidé a été mise en évidence au sein de plusieurs locus. La question d'une fabrication sur place de l'industrie reste ouverte. La distribution des parties squelettiques montre, dans tous les locus, des rejets de portions de carcasses d'animaux, qui, au moins pour le grand gibier, auraient été apportés entiers et découpés sur le site, parfois exploités de façon expédiente (rejet de parties anatomiques en connexion dans le locus 1; absence de consommation de la moelle). Les chaînes opératoires d'exploitation apparaissent segmentées avec l'emport probable de larges portions de carcasses en dehors des locus. A l'issue de cette étude, chaque locus est envisagé comme relevant d'occupations relativement courtes, successives (peut être saisonnières), et pour la plupart indépendantes, témoignant d'activités parfois variées (confection d'outillage de chasse, traitement boucher primaire, traitement des peaux) mais plutôt tournées sur l'acquisition et le traitement des ressources animales.
The "62 rue Henry-Farman"site in the south-west of Paris (15th arrondissement) is located on the alluvial plain of the Seine River, now 250 m from the site. The site???s cultural sequence consists of four occupations, the Mesolithic, Middle Neolithic, Late Neolithic/Early Bronze Age, and the Early Iron Age, but the research presented in this paper focuses exclusively on the Mesolithic period. Field operations and excavations were carried out by the INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) in 2008. Because of the relatively extensive surface under excavation (5,000 m2), six main concentrations of stone artefacts and animal bone remains (loci 1 to 6) were singled out despite the loose clustering of the cultural debris. Because of the poor preservation of bone collagen, only three bone samples, located on the periphery of the loci, could be radiocarbon dated (AMS). The dates, ranging from 8600 and 7700 cal. BC (2 sigmas), suggest at least two occupation phases. The palaeoenvironmental analyses (molluscs and isotopic signatures of ungulate bone collagen) are congruent with this chronological attribution which is also broadly consistent with the lithic typology, although the latter indicates a relative intra-site time lag. A thorough analysis of the faunal remains (including worked remains), was carried out to identify the discarded remains and determine the activities performed, in order to reconstruct the patterns of animal resources exploitation per cluster of loci. The faunal material (N = 1287) is not large compared to the lithics (ca 24,000). It may be related to the general poor state of preservation of the faunal material as indicated by taphonomic analyses. In spite of a relative intra-site time span, the preservation of the faunal material as well as its taxonomic composition are homogeneous on the scale of the whole site. Wild boar (Sus scrofa scrofa) was the top hunted species. The other ungulates, red deer (Cervus elaphus), roe deer (Capreolus capreolus) and aurochs (Bos primigenius), as well as fur-bearing mammals such as fox (Vulpes vulpes), hare (Lepus europeaus), badger (Meles meles) or pine marten (Martes martes), are represented by very few individuals and specimens, and in different proportions in every locus. The pond tortoise (Emys orbicularis) is also represented by one fragment of carapace. A similar wild boar hunting pattern, focusing on subadults and adults is documented in every locus. Hunters probably preyed on groups of females with subadults, but adult males were also targeted, as indicated by the presence of six tusks (lower canines), most likely during distinct hunting episodes. Some tusks were used as tools in several loci. Bone point fragments and two worked pieces of antler (one showing a bevelled edge) indicate that hard animal materials from large prey species were also exploited and possibly worked in situ. Large prey carcass portions were discarded in every locus, suggesting that targeted preys were brought complete to the site to be butchered. A relatively expedient butchering technique is suggested based on the discard of anatomical parts still in connection (locus 1) and some un-fractured bones (including long bones). Some portions of the carcasses are likely to have been transported off the loci and off site. Such observations are interpreted as an indication that the butchering and treatment of the carcasses were not performed successively at the same place, the chaînes opératoires were segmented (both in time and space). It is finally concluded that each locus may have mostly resulted from successive and probably short term seasonal occupations, each locus resulting from an independent event. Different activities were performed on the site. It is the case for the manufacture of stone tools related to hunting, primary butchering, hide processing, all articulated around animal resource procurement and treatment.
La grotte d'Unikoté est située sur la commune d'Iholdy, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle a été découverte en 1984 et fouillée de 1993 à 2003. Commencées à l'intérieur de la cavité (Unikoté I), les recherches furent complétées, à partir de 1995, par une extension en avant de son entrée (Unikoté II) et très rapidement les deux locus livrèrent des indices de présence humaine et des restes humains. La stratigraphie d'Unikoté I, très complexe, se développe sur près de trois mètres d???épaisseur et le mobilier recueilli permet d'attribuer son occupation au Paléolithique moyen, sans plus de précision. Le remplissage d'Unikoté II peut être divisé en trois ensembles : à la base, un repaire d'hyènes avec quelques témoins d'occupation humaine, un niveau intermédiaire qui rassemble la majorité des restes humains et un ensemble supérieur qui est un mélange des deux ensembles sous-jacents. Le mobilier du niveau inférieur est attribuable au Moustérien, celui du niveau intermédiaire soit au Paléolithique supérieur soit au Mésolithique, sans qu'il soit possible de décider. Les deux locus ont également livré chacun un petit lot de restes humains. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de vestiges qui ont été extrêmement perturbés, ce qui rend impossible la reconstitution de leur mode de dépôt originel. Ils sont également privés de contexte culturel, de sorte que leur datation repose uniquement sur les résultats d'analyses radiocarbone. Les restes d'Unikoté I datent du début du Néolithique moyen II; ceux d'Unikoté II d'une phase ancienne du Second Mésolithique. Pour le premier locus, l'assemblage humain comprend quinze pièces qui définissent un nombre minimum de deux individus, un adulte féminin et un enfant d'une dizaine d'années. Pour le second, les restes sont au nombre de quatre-vingt-cinq. Onze appartiennent vraisemblablement tous au même sujet adulte d'âge et de sexe non déterminables. Les soixante-quatorze autres, immatures, se rapportent très vraisemblablement à deux individus : bien que le NMI de fréquence qui leur correspond ne soit que de un, leurs stades de maturation sont sûrement incompatibles. Un bloc craniofacial appartiendrait ainsi à un adolescent d'une quinzaine d'années, tandis que les restes infracrâniens se rapporteraient à un enfant âgé de six à onze ans. Le principal intérêt présenté par ces vestiges humains est qu'ils sont porteurs de modifications anthropiques. Dans l'assemblage néolithique d'Unikoté I, il existe plusieurs traces de découpe sur le bloc craniofacial, qui évoquent un écorchement, et un fragment de scapula présente également une strie de coupe. Le bloc craniofacial immature mésolithique d'Unikoté II porte pour sa part une perforation dont les caractéristiques indiquent sans équivoque un traumatiime peri mortem, lui-même évocateur de mort violente. Par ailleurs, plusieurs traces de coupe et de raclage sont visibles sur cet élément. La petite taille des assemblages et leur manque de contexte rendent difficiles l'interprétation de ces traces et celle de la nature des dépôts humains, et plusieurs hypothèses sont envisageables sans que l'on puisse en privilégier une en particulier. Pour Unikoté I, l'écorchement de la tête auquel renvoient les caractéristiques de la découpe permettent d'évoquer un possible cannibalisme, totalement indémontrable, mais ne pouvant être écarté, une pratique funéraire sans cannibalisme avec découpe du cadavre, ou un traitement plus spécifique de la tête, de type préparation d'un trophée ou d'une relique. Pour Unikoté II, les traces sur le bloc craniofacial sont plus en accord avec une activité de décarnisation, c'est-à-dire à un nettoyage de l'os, et le traumatisme permet de restituer un contexte général de violence armée. Mais le cadre et le niveau de mobilisation de cette violence restent indéterminables. Cela d'autant plus que, pour l???instant, tous les cas mésolithiques avérés de traumatisme crânien peri mortem renvoient à la pratique particulière des dépôts de têtes d'Alsace et du Sud-Ouest de l'Allemagne, ce qui ne semble pas être le cas ici, et que la découpe du corps à cette période, loin d???être rare, répond manifestement à des motivations diverses. Bien que d'interprétation difficile et limitée, les observations réalisées sur les restes humains de la grotte d'Unikoté d'une part apportent de nouveaux témoignages sur les traitements des morts avec découpe des corps au Mésolithique et au Néolithique, sujet qui reste encore trop imparfaitement documenté pour pouvoir faire l'objet de discussions approfondies, lesquelles ne pourront justement progresser qu'avec la multiplication des cas. D'autre part, elles constituent également une nouvelle illustration de la fréquence avec laquelle on rencontre des modifications osseuses anthropiques et de l'intérêt qu'il y a à les rechercher systématiquement dans les assemblages humains, toutes époques confondues.
The site of Unikoté, located in Iholdy in the French Pyrénées-Atlantiques, was discovered in 1984 and excavated between 1993 and 2003. The excavations were first carried out inside the cave (Unikoté I), then extended from 1995 on in front of the entrance (Unikoté II). Both loci soon yielded traces of human occupation as well as human remains. Unikoté I has a 3-metre thick very complex stratigraphy. The artefacts found have allowed the occupation to be dated to the Middle Palaeolithic, without any greater precision. The fill of Unikoté I can be divided into three units: at the base is a hyena den with a few traces of human occupation; the intermediate level has yielded most of the human remains and the upper level is a mix of both underlying levels. The artefacts from the lower level can be attributed to the Mousterian period; those coming from the intermediate level could date from either the Upper Palaeolithic or the Mesolithic, any precise attribution to one period or the other being impossible. Both loci have also yielded a small assemblage of human remains. In both cases the remains are extremely disturbed, which makes it impossible to reconstitute the original mode of deposit. They also lack any cultural context, so that their dating can only come from radiocarbon analyses. The Unikoté I remains date from the beginning of the Middle Neolithic II. The Unikoté II remains belong to an early phase of the Second Mesolithic. The human assemblage from the first locus is composed of 15 fragments corresponding to a minimum number of 2 individuals, a female adult and a child aged about 10. Eighty-five remains come from the second locus, among which eleven certainly belong to the same adult whose sex and age cannot be determined. The 74 remaining immature bones most probably belong to two individuals: while the corresponding frequency MNI is only 1, their stages of development are incompatible. A cranium could thus belong to a 15-year old juvenile whereas the other post-cranial remains probably belong to a child aged between 6 and 11. The main interest of these human remains lies in the fact that they all display anthropogenic bone modifications. In the Unikoté I Neolithic assemblage the cranium shows several cutmarks that could attest to skinning practices, and a cutmark is also visible on a fragment of scapula. The Mesolithic immature cranium from Unikoté II presents a perforation with characteristics unequivocally suggesting a perimortem trauma indicating a violent death. Moreover, several cutting and scraping marks can be observed on this fragment. The small size of the assemblages and their lack of context make the interpretation of these marks and the signification of these human deposits difficult to establish; while several hypotheses can be raised, none can be favoured. For Unikoté I, the specificities of the cutmarks suggest head-skinning and thus allow several possibilities to be raised: cannibalism, which cannot be proved but cannot be set aside either; a funerary practice in which the body could have been cut up but not eaten; or some specific treatment of the head, for instance its preparation to become a trophy or a relic. In Unikoté II the marks on the cranium seem to correspond more to defleshing activity, i.e. a cleaning of the bone, and the trauma matches an overall context of armed violence. It is however impossible to determine either the environment or the mobilization level of this violence, all the more so as all attested perimortem cranial traumata for the Mesolithic period are so far linked to the specific practice of head deposit known in Alsace and Southwestern Germany, which does not seem to be the case here, and as the practice of cutting up corpses is far from being rare for this period, although certainly diversely motivated. The observations made on the human remains from Unikoté are difficult and limited, but they can nevertheless provide new information on the treatment of the dead and related body-cutting practices during the Mesolithic and Neolithic periods. Data are still lacking, so this topic cannot be discussed in detail now, until attested cases become more numerous. On the other hand, these observations prove once again that anthropogenic bone modifications are frequently observed and must be systematically sought in all human assemblages, whatever the period.
Cet article présente de nouveaux résultats isotopiques (?13C and ?15N) obtenus sur un groupe humain du Néolithique moyen issu de l'ensemble funéraire du site de Pontcharaud 2 (Puy-de-Dôme, Auvergne, France). L'intérêt s'est initialement porté sur cette région notamment en raison de l'intéressante diversité écologique qu'offre cet espace géographique pour l'exploitation des ressources naturelles. L'acquisition de nouvelles données sur les comportements alimentaires au Néolithique dans une zone géographique, distincte de celles étudiées précédemment dans d'autres programmes de recherche, permet de développer une approche comparative relative aux choix alimentaires opérés par les Néolithiques en intégrant des aspects sociaux et environnementaux. Notre étude porte, d'une part, sur une analyse paléoalimentaire de la série ostéologique de Pontcharaud 2, par une approche isotopique intra-populationnelle intégrant les données biologiques et archéologiques et, d'autre part, sur une analyse inter-régionale entre trois zones géographiques : l'Auvergne, la Garonne et le Languedoc. L'objectif de cette comparaison est multiple et s'attache à savoir s'il existe des différences alimentaires entre les groupes méridionaux et plus septentrionaux de la deuxième moitié du Ve millénaire, et si ces différences peuvent être mises en relation avec l'environnement propre de chacune de ces aires géographiques ou avec des choix culturels. Le site de Pontcharaud 2 à Clermont-Ferrand en Auvergne a livré un vaste ensemble funéraire dont les premières datations radiométriques réalisées sur os proposent une fourchette chronologique de 4460-4030 BC cal. (LY7916 : 5640 ± 70 BP; LY7918 : 5330 ± 55 BP???; LY 7917 : 5430 ± 50 BP) correspondant au Néolithique moyen 1 de la Limagne. Dans notre étude, deux nouvelles datations ont été réalisées sur des individus de l'inhumation multiple. Les résultats (5350 ± 40 BP Poz-41914 : 4324-4051 BC cal.???; 5380 ± 40 BP Poz-41915 : 4335-4059 BC cal.) montrent que cet ensemble particulier a fonctionné dans le même intervalle chronologique que les sépultures. Une étude anthropologique a été réalisée préalablement aux analyses isotopiques. Selon le stade de croissance, différentes méthodes ont été appliquées pour estimer l'âge au décès des individus. Dans le traitement statistique, les individus immatures ont été répartis en 3 catégories : [0-4], [5-14] et [15-19] ans. Ce classement est défini par des critères biologiques. Le sexe des individus adultes a été déterminé dans un premier temps par une diagnose sur l'os coxal. La méthode de diagnose sexuelle probabiliste (DSP), élaborée à partir de données métriques, a été privilégiée. Les critères archéologiques retenus pour cette étude concernent, d'une part, la présence d???architecture pérenne ou non et, d'autre part, la distinction des sépultures individuelles des inhumations. Les isotopes stables (?13C and ?15N) du collagène osseux humain et animal ont été dosés afin d'appréhender l'origine environnementale des protéines consommées et le niveau trophique des individus. Au total, 37 adultes, 21 immatures et 7 animaux associés ont été échantillonnés et analysés par EA-IRMS. Les résultats isotopiques indiquent pour l'ensemble du groupe une importante consommation de protéines animales. La variabilité isotopique intra-groupe souligne des différences dans la proportion de protéines consommées entre les sujets ainsi que la possible consommation de ressources d'eau douce pour certains. La distribution isotopique ne semble pas liée à l'âge ou au sexe mais pourrait refléter des différences sociales et/ou géographiques, en relation avec le type d???inhumation. Une comparaison avec d'autres sites du Néolithique moyen en Languedoc et Garonne permet de proposer l'hypothèse d'une tendance régionale dans l???expression des modes de subsistance : d'une part, des groupes humains vivant à l???intérieur des terres, dans des zones plus ou moins vallonnées, probablement plus mobiles avec une économie pastorale développée et une consommation potentielle de ressources sauvages (aquatiques); d'autre part, des groupes humains vivant plus près des côtes, en plaine, probablement plus sédentaires, avec une économie de subsistance principalement tournée vers l'agriculture.
This paper presents new stable isotope data (?13C and ?15N) on the Middle Neolithic human group from Pont-charaud (Puy-de-Dôme, Auvergne, France), in order to determine a dietary pattern for both individuals and the entire group. The region considered is particularly interesting for its environmental diversity and for the possibility of exploiting various food resources. The acquisition of new Neolithic palaeodietary data in a geographic area not studied until now, and different from previous research, allows the development of a comparative approach to understanding foodstuff choices including social and environmental aspects. Indeed, data are analyzed within the environmental and social context, which helps to establish a regional comparison with other contemporary populations in the south of France, characterized by various subsistence economies. This comparison aims at understanding possible dietary differences between southern human groups and populations from central France during the second half of the 5th millennium BC, and checking if diet could be linked to a specific environment and/or to cultural choices. The site of Pontcharaud 2 is located in Clermont Ferrand in Central France (Auvergne). It is composed of a large funerary complex from which radiocarbon dates from bones indicate a chronological range between 4460 and 4030 BC cal. (LY7916: 5640 ± 70 BP; LY7918: 5330 ± 55 BP; LY 7917: 5430 ± 50). In our study, two other radiocarbon dates were performed on human bones from the multiple deposit. The results (5350 ± 40 BP Poz-41914: 4324-4051 BC cal.; 5380 ± 40 BP Poz-41915: 4335-4059 BC cal.) also indicate that this specific group belongs to the same period as the rest of the necropolis. The number of burials and the preservation of human remains allowed much information to be obtained regarding bioarchaeological aspects as well as funerary practices. Indeed, osteological work was carried out prior to the isotopic analysis. According to the growth stage, different methods were used to estimate individuals??? age at death. Immature subjects were divided into three subgroups in order to apply statistical processing: [0-4], [5-14] and [15-19] years old. These subgroups were defined according to biological criteria. Sex assessment was performed on adult remains thanks to the ???DSP??? method (probabilistic sex diagnosis) established on the basis of metric data. Archaeological criteria considered for this study are, on the one hand, the presence or absence of perennial funerary architecture, and, on the other, the distinction between individual or multiple burials. ?13C and ?15N were analyzed on bone collagen from humans and animals in order to obtain individual dietary data, more particularly on the environments exploited (e. g. marine vs. terrestrial), and on the position of the individual within the trophic system (e. g. herbivore vs. carnivore). Adult (n = 37) and immature (n = 21) bones were selected with associated faunal material such as sheep/goat, cattle and pig (n = 7), and the collagen extracted was measured by EA-IRMS. Results are consistent with the consumption of terrestrial animal protein for most of the individuals. The major part of the group seems to have consumed a significant quantity of herbivore meat coming from local resources. However, the wide nitrogen isotope range indicates different access to animal protein according to individuals. Thus, we suspect several subjects consumed 15N enriched resources. Among 15N enriched resources, and considering the local environment (semi-mountainous with an accessible fluvial network), freshwater fish and/or young animals could be good candidates. Isotopic variations seem not to be linked to sex or age, but could reflect social variations in relationship with burial practice specificities (individual burial vs. multiple burial or deposit). Indeed, statistical tests applied to compare individuals buried in single or double graves and individuals from the multiple deposit highlight a significant isotopic difference for both carbon and nitrogen. The seven subjects from this specific deposit seem to have had less animal protein intake than the other members of this community, and/or they had consumed food resources from a distinct isotopic environment. Seven individuals were excavated from this deposit: five adult men and two children. The status of these subjects comparatively to the rest of the group was widely debated and still commented. Our results underline the particularity of these people and suggest a link between their diet and their social status and/or their exogenous geographic origin. A comparison with other Middle Neolithic sites from the southern region highlights various dietary patterns according to the region and the environment. The human group from Pontcharaud 2 shows the highest ?15N values compared to groups located inland (Garonne), and those located close to the Mediterranean coast (Languedoc). To explain these differences, we propose the hypothesis of more animal protein intake and/or more 15N enriched protein intake (freshwater fish, young animals such as calf) for the Pontcharaud human group. This dietary pattern could be linked to local particularities such as climate and the semi-mountainous landscapes. Unfortunately no zooarchaeological study which could support our results is available for the moment. However, based on stable isotope analysis we can suggest regional trends in subsistence economy patterns: on the one hand, human groups living inland, in a hilly/semi-mountainous landscape, more mobile and consuming more wild resources (aquatic/terrestrial), considered as herders, and, on the other hand, a population located more on the plain, more sedentary, consuming no/few wild resources, considered as farmers.
L'idée d'un spectaculaire renforcement de la hiérarchie politique au sein des sociétés nord-alpines des vie et ve s. av. J.-C., à la faveur des contacts entretenus avec les Grecs et les Étrusques, a été contestée par un courant dominant de la recherche, depuis une vingtaine d'années. Les découvertes de terrain se sont pourtant accumulées graduellement et ont, désormais, définitivement disqualifié ce courant de pensée. Ses tenants ont rapidement changé d'avis, défendant désormais une opinion diamétralement opposée au primitivisme du courant postprocessualiste. La question d'une urbanisation, si loin de la Méditerranée, quatre siècles plus tôt que prévu, a été formulée et se pose dorénavant, en effet, de manière sérieuse et légitime. Elle devait, selon nous, être envisagée par comparaison avec les phénomènes d'urbanisation qui se sont développés sous la forme des cités-Etats grecques et étrusques à partir de la fin du viiie s. av. J.-C;ce que nous faisons ici. Nous tentons de montrer, de la sorte, qu'un tel processus était certes en passe d'aboutir, mais qu'il a avorté avant une pleine cristallisation. Après avoir passé en revue les principales idées dans ce domaine via l'approche traditionnelle, les principes de la New archaeology et la réaction postmoderniste si virulente malgré son absence de pertinence, nous soulignons les acquis déterminants d'une nouvelle échelle d'investigation sur le terrain. C'est grâce à ce changement de méthode de recherche que les sites princiers de la Heuneburg, Vix et Bourges sont venus bousculer les critiques primitivistes. Nous avons ainsi les moyens d'examiner s'il est justifié d'appliquer le concept d'urbanisation dans le cas qui nous occupe, en revenant sur la question, fondamentale à nos yeux, de la définition générale de l'urbanisation et en insistant, plus particulièrement, sur les critères archéologiquement exploitables. Nous rappelons ensuite le contexte global de l'urbanisation durant le Ier millénaire av. J.-C. en Europe. Pour la Grèce et l'Italie, nous constatons que le processus concret d'urbanisation demeure très difficile à saisir;davantage même paradoxalement qu'au nord des Alpes. De la Bavière au Berry, c'est un niveau de complexité politique plus élevé encore que celui envisagé par Kimmig et les systémistes qui s'est affirmé. Nous montrons aussi le caractère improbable et invérifiable de deux hypothèses plus récentes : l'une singulière et « magique » proposée pour expliquer la présence d'un cratère grec dans la tombe de Vix, l'autre envisageant que les sites dits princiers auraient été dépourvus d'emprise territoriale. Nous insistons, au contraire des approches particularistes, localistes et relativistes, sur l'évidence de la mise en place d???une économie élargie à l'échelle continentale et sur le rôle à la fois politique, économique et idéologique majeur des centres princiers. Nous précisons la variété des types d???établissements mise en évidence grâce aux progrès de l'archéologie préventive. Toute une gradation se révèle, en effet, entre la simple ferme et la résidence princière. Ceci confirme le caractère très fructueux du changement d'échelle des opérations de terrain et conduit à soutenir la poursuite des efforts dans ce sens. La question de l'urbanisation s'inscrit, bien entendu, dans celles de la complexification politique, notamment de l'émergence de l'État. Il nous est apparu important, à cet égard, de reprendre les essais d'explication de l'accès probable de femmes au plus haut niveau de pouvoir dans ces sociétés. Ce type de phénomène social semble apparaître, le plus souvent, dans des sociétés fortement hiérarchisées. Ce niveau de complexité transparaît aussi dans l'apparition d'inscriptions sur des poteries de fabrication locale, indices d'une prise de conscience, par certaines élites indigènes, de l'importance de ce moyen de communication, et prémices de l'' d'une société urbaine et étatique. L'inachèvement de ce processus est prouvé par son interruption brutale durant deux ou trois siècles. Il se manifeste aussi dans l'absence près des résidences princières de ces vastes nécropoles périphériques qui cernent invariablement les agglomérations pleinement urbaines. Nous soumettons enfin à la critique le terme quelque peu galvaudé de « proto-urbain » et proposons celui de « site à l'urbanisation inachevée », qualifiable de site « atélo-urbain », atélès signifiant inachevé en grec, préférable car plus explicite, précis et dépourvu d'ambigüité.
The idea that political hierarchy was reinforced within northern-Alpine societies of the 6th-5th centuries BC by contacts with the Greeks and the Etruscans has largely been challenged in the last 20 years by dominant trends in research. The new discoveries that have progressively been made in the field have definitively laid to rest this theory and its protagonists have converted and put forward new theories completely opposing the primitivism of post-processualist thinking. The question of urbanisation in a region far from the Mediterranean and four centuries earlier than recently believed has been raised quite legitimately. We believe it should be seen in comparison to the form of urbanisation that developed in the ancient Greek and Etruscan city-states from the end of the 8th century BC and we will attempt to prove that a similar process was on the verge of succeeding further north but was aborted before its final completion. After reviewing the main ideas using a traditional approach, the principles of ???New Archaeology??? and its virulent postmodernist reaction, utterly lacking in pertinence, we will underline the decisive advantages of using a new investigative scale in the field. It is largely due to this change in research methods that the aristocratic sites of Heuneburg, Vix and Bourges have overturned the primitivistic critics. We now have the means to examine whether it is justified to apply the concept of urbanism in the present case by reviewing what, in our eyes, is a fundamental question: the general definition of urbanism. We would like to recall the global context of urbanisation during the 1st millennium BC in Europe. Paradoxically, we find that the process of urbanisation is more difficult to understand in Greece and Italy than in the regions north of the Alps. From Bavaria to the Berry, it is of a more complex political nature than previously envisioned by Kimmig and the systemists. We will demonstrate in passing that the somewhat magical explanation of the presence of a Greek krater in the Vix tomb is not only unverifiable, but also improbable. Finally, the unlikely hypothesis that the so-called aristocratic or princely sites were without any hold on surrounding territory will also be examined. We will, on the contrary, insist on a more particularist, localist and relativist approach of evidence of a widespread continental economy and of the major political, economic and ideological role played by high-status centres. We will detail the different types of establishment, from the simple farmstead to the aristocratic residence, that have been brought to light thanks to progress made in preventive archaeology, thus highlighting the success of changing scale in the field and thus encouraging continued efforts. The question of urbanisation must of course be considered within a framework of increasing political complexity, specifically with the emergence of the state. It is also important, in this respect, to review the subject of the probable access of women to the highest ranking roles in society, a phenomenon that is mainly apparent in societies with a strong formal hierarchy. Other evidence of this high level of complexity is the appearance of inscriptions on locally produced pottery indicating an awareness by certain indigenous populations of the importance of this type of communication and the first signs of a budding urban state society. The fact that this process remained incomplete is demonstrated by its brutal interruption for two to three centuries, and the absence, near the princely residences, of the vast burial grounds that invariably developed around urban agglomerations. To conclude we will review the over-used term ???proto-urban??? and propose the new term ???incompletely urbanised site???, or ???atelo-urban??? (atélès meaning incomplete in Greek), as it is more precise and devoid of ambiguity.
L'habitat de Juvigny « les Grands Traquiers » (Marne), situé à quelques kilomètres de Châlons-en-Champagne, représente encore aujourd'hui, par son corpus céramique conséquent, le site de référence pour le Rubané récent champenois. Il occupe une position stratégique pour la compréhension de la néolithisation rubanée du Bassin parisien, en assurant un lien entre le Rubané récent du Bassin parisien (RRBP) et le Rubané récent de haute Alsace en particulier. Rappelons que le site de Juvigny, fouillé par É. Tappret en 1985, n'a toujours pas fait l'objet d'une publication exhaustive. Le matériel céramique a été partiellement publié par É. Tappret et A. Villes en 1996 dans le cadre d'une synthèse régionale sur le Néolithique ancien de la Champagne, mais aucune donnée quantitative n'y figurait. Depuis, le corpus de céramique fine décorée sert de référence. Il a fait l'objet de décomptes concernant des aspects précis du décor par P. Lefranc, permettant l'élaboration de plusieurs hypothèses concernant la synchronisation avec le Rubané récent de haute Alsace et le Rubané de Lorraine et la relation chronologique avec le RRBP. Néanmoins, si aujourd'hui tout le monde s'accorde sur une position chronologique plus ancienne de Juvigny sur le début du RRBP, les questions d'une évolution du Rubané récent champenois et des liens précis entre les deux faciès restent ouvertes. Par ailleurs, le corpus céramique de Juvigny a jusqu'à présent été considéré comme un tout : la question de phases d'habitat n'a donc pas été développée. Ainsi, l'objectif de cet article est de publier l'intégralité de la céramique de Juvigny, en proposant d'apporter des éléments pour tenter de distinguer des phases au sein de l'habitat. Il est difficile de reconnaitre des unités d'habitation de façon sûre et, rapportés à chaque fosse, les effectifs de céramique décorée sont faibles. Néanmoins, on peut mettre en évidence certaines variations qui portent d'une part sur les outils utilisés pour les impressions au poinçon et au peigne, et d'autre part sur les motifs et les thèmes. Au final, une série de différences, qui peuvent être interprétées sous un angle chronologique, caractérise deux groupes de fosses. S'opposent ainsi le secteur est, représenté par les fosses G-J-J'-H-I et la fosse M, et le secteur ouest, représenté par les fosses A-B et C-D. Le secteur est se caractérise par une plus forte utilisation du poinçon par rapport au peigne à deux dents et également par la rareté de motifs du bord combinant lignes incisées et bandes imprimées. Il représenterait ainsi une première phase, qui peut correspondre à l'étape A du Rubané récent de haute Alsace. Les fosses du secteur ouest appartiendraient à la seconde phase, avec une plus forte utilisation du peigne que du poinçon et une diversité de motifs du bord combinant incisions et rangées d'impressions, suivant des configurations variées, parfois à tendance couvrante. Ces caractères avaient déjà été mis en parallèle avec le Rubané récent B de haute Alsace. En parallèle, ce secteur se distingue par la présence de thèmes principaux minoritaires qui se développeront dans le RRBP : les bandes verticales imprimées au peigne, les chevrons composés de rubans hachurés, et les rares cas de chevrons tronqués et soudés au motif du bord. Cette proposition de phasage permettra d'avoir quelques clés en main dans le débat sur la genèse du RRBP, notamment pour discerner ce qui peut relever du chronologique et du régional. Les résultats devront être mis en perspective avec les données céramiques issues des fouilles relativement récentes des sites de Buchères et Bréviandes dans la plaine de Troyes. En effet, ces sites permettent d'élargir vers le sud l'aire d'expansion du Rubané moyen-récent à forte influence haute-alsacienne et d'ouvrir ainsi un potentiel pour comprendre la variabilité des styles céramiques qui entrent en jeu dans la formation du RRBP, en particulier dans les clivages apparaissant entre le Nord et le Sud du Bassin parisien.
The settlement at Juvigny'les Grands Traquiers'(Marne), located a few kilometres from Châlons-en-Champagne, produced a large assemblage of pottery and is still the main reference for the Champagne late Bandkeramik. It is a key site for understanding the Bandkeramik neolithisation of the Paris basin, as it provides a link between the Rubané récent du Bassin parisien (RRBP) and the late Bandkeramik of upper Alsace in particular. Excavated by É. Tappret in 1985, the site of Juvigny has remained largely unpublished. Some of the pottery finds were published by É. Tappret and A. Villes in 1996, as part of a regional synthesis on the early Neolithic in the Champagne region, but no quantitative data were provided. Since then, the decorated fine pottery has become a major reference. Counts of some decoration attributes have been made by P. Lefranc, leading to the elaboration of a number of hypotheses on synchronisation with the upper Alsace late Bandkeramik and the Lorraine Bandkeramik, as well as on the chronological relationship with the RRBP. Nevertheless, while it is generally accepted today that Juvigny is earlier than the beginning of the RRBP, the questions of the chronological development of the Champagne late Bandkeramik and its precise links with the RRBP remain open. Furthermore, the pottery from Juvigny has until now been considered as a whole and the question of settlement phases has never been investigated. So the aim of this article is to publish all the pottery from the site and to discuss evidence that can be used to distinguish settlement phases. The pottery assemblage studied and drawn amounts to 181 individuals, including 172 decorated vessels. The latter belong to several categories of pottery: 139 individuals in fine ware with impressed/incised decoration, 20 individuals in Limburg pottery, and 12 coarse ware vessels with modelled decoration. Undecorated pottery is quite rare, with only 9 vessels of identifiable shape: 8 in fine ware and 1 in coarse ware. As far as settlement organisation is concerned, it is difficult to identify house units with certainty and the number of vessels per pit is low. Nevertheless, some variation in pottery decoration can be observed, involving not only the tools used for making point or comb impressions, but also motifs and themes. Thus a number of differences, which can be interpreted in chronological terms, characterise two groups of pits. A contrast can be seen between the east sector, with pits G-J-J'-H-I and pit M, and the west sector, represented by pits A-B and C-D. The east sector is characterised by a more frequent use of points, relative to two-toothed combs, and also by the rarity of rim motifs combining incised lines and impressed bands. This sector possibly represents a first phase, corresponding to stage A of the late Bandkeramik of upper Alsace. The pits in the west sector can be attributed to a second phase, with combs used more often than points and a wide range of rim motifs combining incisions and impressions, in varying and occasionally extensive patterns. Parallels have already been made on the basis of these traits with stage B of the late Bandkeramik of upper Alsace (Lefranc, 2007). At the same time, the west sector is distinguished by the presence of a small number of main decoration themes which indicate other influences, in particular comb-impressed vertical bands and chevrons composed of hatched bands which would appear to originate from the middle Moselle Bandkeramik, together with some rare examples of truncated chevrons fixed to the rim motif, a decoration mainly occurring in the Hegau, the Neckar and the middle Moselle. These three decoration types become more frequent in the RRBP. The phasing proposed here for Juvigny adds some new elements to the debate on the formation of the RRBP, notably by helping to distinguish chronological from regional factors. The composition of the Juvigny assemblage has implications for chronological traits in the RRBP, in particular the hatched band motifs which appear very early in the Seine basin Bandkeramik sequence and which had previously been seen as late traits in the RRBP. Furthermore, the results of the Juvigny phasing can be placed in the broader context of the pottery from the recently excavated sites of Buchères and Bréviandes in the Troyes plain. These sites extend southwards the distribution of a middle-late Bandkeramik with marked upper Alsace influence. They thus provide new evidence for understanding the variability of pottery styles contributing to the formation of the RRBP, particularly the divisions that appear between the north and south of the Parisbasin (Meunier, this volume).
La séquence du Rubané récent du Bassin parisien (RRBP) a jusqu'à présent été définie et caractérisée surtout dans la vallée de l'Aisne. En conséquence, les modalités de la néolithisation rubanée du Sud-Est du Bassin parisien sont longtemps restées méconnues. Pourtant, dans les vallées de la Seine et de l'Yonne, de nombreux sites témoignent d'occupations du RRBP. Cette région, située aux confins de plusieurs aires culturelles, et de configuration différente de la vallée de l'Aisne, présente une ouverture sur d???autres voies d???influences, apportant de nouvelles pistes sur l'évolution chronologique des liens interculturels. Ces dernières années, les séries céramiques ont ainsi fait l???objet d???une réactualisation et d'une synthèse. Les données étudiées proviennent de cinq sites de la Bassée et du Nord de la vallée de l'Yonne. A partir de 275 individus décorés, toutes techniques confondues, deux étapes ont été définies. Elles constituent à ce jour la seconde séquence rubanée la mieux documentée du Bassin parisien et peuvent aujourd'hui être synchronisées avec la seconde moitié de la séquence RRBP de la vallée de l'Aisne. Cet article propose donc de présenter comment les deux étapes ont été caractérisées, dans le cadre d'une séquence embrassant l'ensemble du Néolithique ancien de la région Seine-Yonne et centrée sur la transition entre le RRBP et la culture de Villeneuve-Saint-Germain (VSG). Malgré le déséquilibre d'effectifs entre les séries céramiques du Nord et du Sud du Bassin parisien, ces deux étapes permettent des comparaisons et une synchronisation avec une partie de la séquence rubanée de la vallée de l'Aisne, mettant en évidence un fonds commun au RRBP, mais également, un certain nombre de variations dont les interprétations restent diverses. Celles-ci peuvent avoir une influence sur la conception que nous avons de la chronologie du RRBP. Elles montrent d'une part la complexité des processus de formation du style décoratif RRBP par la pluralité de ses origines, avec la présence de plusieurs décors faisant clairement référence à des styles rubanés de haute Alsace, de basse Alsace ou de moyenne Moselle. D'autre part, il est souvent difficile de bien distinguer les variations régionales de l'évolution chronologique. En effet, à l'étape finale du RRBP, un clivage nord-sud concernant à la fois le nombre de dents des peignes et les proportions entre les motifs de lignes/bandes et les motifs de triangles et rubans hachurés nous conduit à nuancer l'importance de certains critères chronologiques en fonction de la région étudiée. En s'appuyant sur ce constat, la périodisation du RRBP de la région Seine-Yonne, ajoutée à la caractérisation du corpus de Juvigny, permet de reposer des hypothèses sur la chronologie de plusieurs séries issues de sites localisés à l'est de la confluence Seine-Yonne, dispersés de la vallée de la Seine jusque dans la vallée de la Marne. En effet, ces séries céramiques à effectif très faible avaient été attribuées soit à l'étape finale du RRBP à partir d'un seul type de critère, soit au RRBP sans pouvoir préciser une étape moyenne ou finale. Aujourd'hui, on peut envisager une datation plus ancienne de ces ensembles, qui serait plus en lien avec le Rubané récent champenois.
The Rubané récent du Bassin parisien (RRBP) sequence has until now been defined and characterized particularly in the Aisne valley. As a result, the modalities of the Bandkeramik neolithisation of the south-east Paris basin have remained unclear for some time. While the Yonne valley sites of Armeau, Chaumont and Cheny were attributed on their discovery to the RRBP (Bailloud, 1974), their chronological position was later questioned due to the clear presence of traits classically attributed to the Villeneuve-Saint-Germain culture (VSG), such as modelled decoration (Constantin, 1985; Duhamel, 1991). Consequently, there have long been two conflicting hypotheses: the colonisation of the south-east Paris basin could be envisaged as originating either directly from the Alsace Bandkeramik (Duhamel and Prestreau, 1988), or from Bandkeramik groups already settled further north in the Paris basin, during the final stage of the RRBP (Constantin and Ilett, 1997). In the south-east Paris basin, the Bandkeramik pottery evidence has recently been updated, comprehensively analysed and reviewed (Meunier, 2012a). The Seine-Yonne region, which is located on the borders of several cultural zones and presents a different configuration from the Aisne valley, is open to other paths of influence. The region thus provides some new leads for exploring chronological trends in intercultural relations. The pottery data were integrated into a sequence covering the whole of the early Neolithic of the Seine-Yonne region and centred on the RRBP-VSG transition. The RRBP pottery comes from five sites in the Bassée and the north Yonne valley. On the basis of 275 decorated vessels, including all techniques, two stages were identified. This is now the second best documented Bandkeramik sequence in the Paris basin and can be synchronised with the second half of the Aisne valley RRBP sequence.This article thus proposes to describe the main features of these two stages. Stage 1 is distinguished notably by the presence of motifs combining incised lines and bands of impressions made with combs with two or three teeth, often used in separate impression. In stage 2, these motifs have almost completely disappeared to the advantage of motifs with triangles and incised bands filled with hatching, often making up extensive decoration patterns. At the same time, this stage sees not only a clear decrease in combs used in separate impression but also the introduction of combs with five to seven teeth. The aim is then to compare this evidence with the Aisne valley Bandkeramik sequence. Despite the difference in the size of the currently available pottery assemblages between the north and south of the Paris basin, comparable trends in the RRBP were identified, enabling RRBP Seine-Yonne stage 1 to be synchronised with RRBP Aisne stage 2, and RRBP Seine-Yonne stage 2 with Aisne RRBP stages 3-4. However, there are some differences between the north and the south of the Paris basin. The interpretations are diverse and can affect our conception of RRBP chronology. Some variations show the complexity of processes underlying the formation of the RRBP, with the presence of decoration clearly related to Bandkeramik styles in upper Alsace, lower Alsace or the middle Moselle. Furthermore, at the end of the RRBP, there is a north-south divide which involves decoration traits considered to be chronologically pertinent for the RRBP sequence: the number of comb teeth and the relative frequency of incised line/impressed band motifs and triangle/band motifs filled with hatching. The divide can be interpreted in terms of conservative or innovative styles in each region and this also underlines the difficulty of separating regional differences from chronological trends. These observations on the diversity of the RRBP lead us to modify the chronological importance of some attributes in the distinction of a final RRBP stage, depending on the region under study. Combined with the analysis of the assemblage from Juvigny (Marne), this now makes it possible to re-assess the chronological attributions of several sites located east of the Seine-Yonne confluence, distributed along the Seine and as far as the Marne valley: Pont-sur-Seine ???la Gravière??? (Aube), Lesmont ???les Graveries??? (Aube), and Saint-Dizier ???le Toupot Millot??? (Haute-Marne). These sites with small pottery assemblages are difficult to link to a precise RRBP stage and had often been attributed to the end of the RRBP on the basis of a single attribute, the band filled with hatching. Yet there are no examples of pivoting comb impression on the three sites. In contrast, the recurrent association of bands filled with hatching and decoration with two or three toothed combs used in separate impression suggests we could be dealing here with an early RRBP stage or even a transitional stage between the Champagne late Bandkeramik and the RRBP. The discovery of larger pottery assemblages in the Seine and Marne valleys would enable this hypothesis to be more fully discussed.
L'étude des séries osseuses rubanées du Bade-Wurtemberg au Bassin parisien montre des ruptures et des continuités entre les échelles inter-régionale, régionale, locale ou intra-site, qui renvoient à la chronologie, mais aussi à d'autres facteurs (Sidéra, 1989, 2010 et 2012). Les caractéristiques des assemblages sont posées ici selon les trois échelles géographiques considérées. Cette confrontation permet de mettre en évidence une première rupture majeure, clairement chronologique, perceptible entre les étapes ancienne et moyenne et les étapes récente et finale du Rubané. La nature des assemblages et les pratiques techniques et fonctionnelles qui y sont associées présentent une évolution nette. En parallèle à cette évolution, une régionalisation se fait jour dès l'étape moyenne, qui s'accentue avec la fin du Rubané. La composition des assemblages comporte très tôt des signatures régionales distinctes et identifiables. A l'échelle du Bassin parisien une seconde rupture se manifeste dans le Rubané récent du Bassin parisien (RRBP), lors de son étape finale. Cette dernière n'est pas tant caractérisée par une nouvelle évolution de nature des assemblages osseux que par l'ampleur que prennent certaines formes d'objets apparus précedemment dans le RRBP. Une continuité avec les débuts du Villeneuve-Saint-Germain est évidente. L'évolution des assemblages osseux rubanés est significative et se manifeste donc à la fois à l'échelle large des grandes étapes de la chronologie, mais aussi à une échelle plus fine. Les industries osseuses représentent donc des indicateurs chronologiques fiables. Nous verrons cependant que la chronologie n'est pas l'unique facteur de variabilité des assemblages et ceci est un nouvel apport propre aux assemblages osseux. Ces grandes tendances évolutives ne sont en effet pas toujours sensibles à l'échelle intra-site. Il en va ainsi des bâtiments bien documentés de Cuiry-lès-Chaudardes, mais également de ceux d'autres sites mineurs. L'analyse de cette distorsion entre les échelles d'observation inter-régionale, régionale et intra-site aboutit à considérer que les assemblages osseux des bâtiments contemporains d'un même site renvoient à des traditions régionales distinctes. Ceci conduit à poser l'hypothèse d'une intégration d'individus de différentes origines ordonnée par des réseaux d'alliance matrimoniale intercommunautaires non nécessairement voisines. De nouvelles vues des mécanismes du peuplement sont ainsi posées dans cet article.
This article is based on a study of Bandkeramik (LBK) artefacts in bone and antler from sites distributed over a wide geographical area, stretching from Baden-Württemberg to the Paris basin. The study highlights breaks and continuities in trends at inter-regional, regional and local scales, reflecting not only chronology but also other factors (Sidéra 1989, 2010 and 2012). The characteristics of the assemblages in relation to these three geographical scales are described here and some new interpretations are discussed. Twenty-three types of artefact in bone, tooth and antler can be differentiated (fig. 2). A first major break is apparent at the inter-regional scale between the early/middle LBK and the late/final LBK. This is a chronological break, as there is a clear development through time in the nature of the assemblages, reflecting change in technical and functional aspects. Large perforated antler implements (fig. 2, no. 5), found on many sites from Austria to Alsace, are typical of the early and middle LBK. This type disappears in the late and final LBK. New types of artefact appear in these later stages, such as bone rings in Alsace and the Paris basin. At the same time, a process of regionalisation develops as early as the middle stage, becoming more accentuated at the end of the LBK. Thus ???T-axes??? (fig. 2, type no. 3) appear in the late and final LBK of Baden-Württemberg, and continue in this region after the LBK, through the Hinkelstein, Grossgartach and Rössen sequence. Thin pointed tools with flattened epiphysis and sides (fig. 2, type no. 23???; fig. 5) are found exclusively in the Paris basin. Developments at the regional scale are best illustrated by assemblages from the Paris basin dating to the Rubané Récent du Bassin Parisien (RRBP). Here the largest corpus (456 artefacts) is from Cuiry-lès-Chaudardes and twenty-five types can be distinguished (fig. 4). Antler is used relatively little and most of the types are on bone. Edge tools show the highest morphological diversity (fig. 4, type nos. 18 to 25), followed by pointed tools (fig. 4, type nos. 9 to 13). Thin points with flattened epiphysis and sides, made on metapodials probably divided just by abrasion, become the most common type of pointed tool in the final stage of the RRBP and remain frequent in the early stage of Villeneuve-Saint-Germain (fig. 6). A clear continuity can thus be seen between the latest LBK and the beginnings of Villeneuve-Saint-Germain, as has also been shown for pottery and the flint industries (Constantin and Ilett, 1997; Allard, 2005). All this evidence demonstrates the existence of chronological trends in LBK bone industries, not only over a broad temporal range but also over shorter intervals of time. Bone artefacts can indeed be quite reliable chronological indicators. At the local or intra-site scale, chronology is apparently not the only factor contibuting to assemblage variability. This can be illustrated by examing the distribution of rings and thin points with flattened epiphysis and sides through the sequence of three ceramic phases established for Cuiry-lès-Chaudardes. In the earliest phase, there are very few rings and flat-sided points. In the middle phase, the flat-sided points are present in all the house contexts, excepting house no. 440 and possibly also house no. 380. Rings are more common as well, occurring notably with house no. 440 and no. 380. In the last phase, flat-sided points are more frequent in all the contexts. Thus the bone tool assemblages from houses no. 440 and perhaps also no. 380 are anomalous in terms of chronology. While the chronological factor undeniably contributes to assemblage variation on the site, this does not apply to all the houses. Chronology cannot explain the absence of flat-sided points in certain house contexts. Another explanation must therefore be found. The hypothesis put forward here is that the bone artefact assemblages from contemporary house contexts on the settlement result from different regional traditions. Thus the assemblages with bone rings but without flat-sided points could reflect a tradition from upper Alsace and Baden-Württemberg. The assemblages associating rings and flat-sided points could reflect a mixture of LBK and Cardial technological traditions (Sidéra, 2008, 2010 et 2012; Sidéra et al., 2010). Very similar thin flat-sided points occur in the Cardial/Epicardial of Spain (Bosch et al., 2000, fig. 199), as do bone rings in graves (Yravedra Sainz de los Terreros et al., 2008). The mixed tradition could have come to the Aisne valley via the Champagne region, from where much of the flint at Cuiry-lès-Chaudardes originates (Allard, 2005). The presence of these distinct traditions within the site can thus be seen as evidence for networks of movement of people within the LBK, probably based on kinship and exogamy (fig. 7). This offers a new view of LBK society, involving highly mobile individuals and quite permeable social groups, and resulting in diversity in the population structure of settlements
Quatorze années après la parution de l'article sur l'étape finale du Rubané récent du Bassin parisien (Constantin et Ilett, 1997), de nouvelles découvertes permettent de tenter une analyse plus complète et plus précise de ses caractéristiques. Cette analyse porte essentiellement sur les données céramiques, issues de trente-quatre sites. Des éléments nouveaux non évoqués en 1997 sont observés. Il apparaît à cette étape : 1) l'utilisation du dégraissant à l'os dans quelques vases; 2) des vases à pied;3) des anneaux en terre d'un type nouveau;4) des décors de type alsacien en triangles suspendus;5) et probablement déjà à quelques exemplaires, des décors en arêtes de poisson et des décors modelés en V au-dessus des anses qui seront deux caractères importants du corpus céramique du groupe de Villeneuve-Saint-Germain. Indépendamment de ces précisions, nous nous sommes efforcés de caractériser, toujours à partir des données céramiques, la nature des changements entre Rubané récent du Bassin parisien et étape finale d'une part, entre étape finale et groupe de Villeneuve-Saint-Germain d'autre part. Concernant la transition Rubané récent du Bassin parisien, étape finale, il apparaît que la totalité des éléments décoratifs caractéristiques de l'étape finale sont déjà présents à quelques exemplaires dans les étapes antérieures et que c'est leur forte et conjointe augmentation qui caractérise cette étape finale. Elle est enracinée dans les étapes antérieures. Concernant la transition étape finale, Villeneuve-Saint-Germain, on peut distinguer deux processus principaux : 1) une rupture radicale avec la thématique identitaire du Rubané récent du Bassin parisien : disparition des décors en T, des décors en chevrons, des rubans à sillons transversaux, des associations peigne-sillons; 2) une forte augmentation des autres caractères de l'étape finale qui comme nous venons de l'indiquer préexistent déjà dans les étapes antérieures. La continuité entre Rubané récent du Bassin parisien, étape finale du Rubané récent du Bassin parisien et Villeneuve-Saint-Germain témoigne de l'enracinement du groupe de Villeneuve-Saint-Germain dans le Rubané récent du Bassin parisien. Parallèlement à cette évolution, quelques sites de la fin du Rubané Récent du Bassin Parisien semblent suivre une autre trajectoire qui se manifeste par l'extrême diminution du nombre de vases décorés, traduisant un bouleversement des repères de la population de ces villages. Un chapitre supplémentaire relève, toujours pour la céramique, les spécificités de la région Seine-Yonne pendant le Rubané et l'étape ancienne du groupe de Villeneuve-Saint-Germain.
Fourteen year after publication of the article (Constantin and Ilett, 1997) on the étape finale (final stage) of the Rubané récent du Bassin parisien (RRBP; Paris Basin Late Bandkeramik), new discoveries have offered the opportunity to undertake a more complete and detailed analysis of its characteristics. Although pottery provides the major elements for this analysis, other categories of material culture contribute as well. Data from thirty-four sites have been integrated in this new study. As far as pottery is concerned, the final stage can be characterized as follows: 1) temper: use of burnt bone in a few vessels; 2) shapes: appearance of footed vessels; 3) decoration technique: use of combs with higher numbers of teeth (five to eight) than in the previous periods; 4) decoration themes: in addition to the usual chevron and T themes, there are garlands and extensive themes in the main decoration, as well as small lugs; on about 10% of sites, on the larger vessels, finger-, nail- or pinch-impressed V decoration above handles appears and this theme becomes very common in the Villeneuve-Saint-Germain group; 5) decoration motifs: rows of triangles filled with parallel, unidirectional incised lines, ladder motifs (band filled with transverse incised lines) and checkerboard designs made up of squares alternately filled with transverse incised lines; on almost 20% of the sites, there appears a herringbone motif with short incised lines, forming an extensive theme and this too becomes a characteristic decoration in the Villeneuve-Saint-Germain group; 6) rim decoration: rows of triangles and ladder motifs also appear here, as well as series of notches on top of the rim. Besides pottery, some further changes are observed. The final stage sees the appearance of bracelets in white limestone, originating from Cardial contexts in south-east France. At the same time a new form of pottery bracelet appears, interpreted here as an imitation of the white limestone form. Lastly, there are two developments in house-plans. First, the trend from rectangular to trapezoidal plans is accentuated. This can be measured using a simple index: the relation between the difference in width between the two ends of the building and its length. Second, there are more cases of houseplans with an oblique rather than strictly perpendicular cross-row of three post-holes in the central part. Having outlined the characteristics of the final stage of the RRBP, the two chronological transitions that can be seen in the pottery evidence are examined. Here the percentages of the various pottery attributes are compared for each transition. As far as the transition between the earlier stages and the final stage is concerned, one observes that a certain number of traits typical of the final stage are already present, although quite rare, in earlier stages, as well as occurring in Bandkeramik regions outside the Paris basin. These traits are thus not unknown to the Bandkeramik decoration system (for example, garlands, rows of triangles, ladder bands). Nevertheless, there are also innovations announcing the VSG group: bone temper, herringbone motifs and V decoration above handles. The transition between the final stage and the Villeneuve-Saint-Germain group is characterized by the following trends. Combinations of incised lines and comb impressions virtually disappear, as do T decoration and bands filled with incised lines. There are fewer comb-decorated vessels and correlatively higher numbers of vessels with traits proper to the VSG group. These mainly include bone temper, herringbone motifs and, to a lesser extent, garlands. In general terms, the study of this double transition highlights the continuous chronological development from RRBP to Villeneuve-Saint-Germain and underlines the roots of the Villeneuve-Saint-Germain in the RRBP. At the same time as the changes described above, some sites dating to the end of the RRBP appear to follow a different trajectory, expressed by a marked decrease in the number of decorated vessels, suggesting a certain loss of identity in these villages. An additional part of the article discusses some specific aspects of the pottery evidence relating to the RRBP and the early stage of VSG in the Seine-Yonne region.
C'est probablement dans les traditions céramiques des groupes régionaux du Rubané d'Alsace et du Bassin parisien que résident les éléments significatifs permettant de comprendre la genèse du style qui apparaît assez abruptement dans la vallée de l'Aisne puis qui se diffuse sur l'ensemble du bassin de la Seine. L'hypothèse retenue ici est celle d'une origine en partie bas-alsacienne de ce style céramique dont le stade initial, aujourd'hui uniquement représenté en basse Alsace, est provisoirement appelé ici style à « décors orthogonaux et technique pivotante ». Il est très probable que ce style trouve son origine dans le sous-groupe stylistique régional où dominent les décors orthogonaux en « T » ou « en échelle » réalisés à l'aide d'impressions « en virgule ». L'adoption du peigne et de la technique pivotante marque une nette rupture avec le style traditionnel. Le style à « décors orthogonaux et technique pivotante » reste, en l'état de nos données, quantitativement faible en Alsace; il est cependant attesté sur tout le territoire du Rubané de basse Alsace et nous connaissons des ensembles clos où il apparait sans partage. Nous retenons, pour tenter d'expliquer l'émergence de ce nouveau style, l'hypothèse d'une scission de la communauté bas-alsacienne selon un scénario qui n'est pas sans évoquer la formation du groupe de Hinkelstein. Nous avions dans un premier temps identifié dans les vases du style à « décors orthogonaux et technique pivotante » des importations de la vallée de l'Aisne, soulignant ainsi les fortes affinités stylistiques entre ces deux pôles tout en soulevant des problèmes chronologiques insolubles. L'hypothèse alternative qui nous semble aujourd'hui rendre compte d'une bonne partie des données postule une origine locale de ce style qui aurait atteint la vallée de l'Aisne à la faveur de la migration d'un segment social en rupture avec le reste de la communauté bas-alsacienne. Cet épisode peut être placé dans le courant du Rubané récent évolué. L'absence d'ensembles strictement identiques aux ensembles alsaciens dans la vallée de l'Aisne, région très étudiée, pose un problème dont nous sommes tout à fait conscients, mais il ne s'agit peut-être là que d'une question de visibilité de cette phase ancienne. Le style d'origine bas-alsacienne qui, dans cette hypothèse, constitue le style initial du RRBP pourrait revendiquer l'appellation de Rubané récent de l'Aisne et serait contemporain des implantations du Rubané récent évolué de la Marne que nous considérons comme un simple sous-ensemble stylistique du Rubané de haute Alsace. L'influence du style haut-alsacien sur ce style initial, dans l'Aisne, ou dans un autre secteur géographique moins exploré, aboutirait, lors d'un second épisode que l'on doit placer à l'extrême fin de l'étape récente (donc très peu de temps après la cristallisation du style à « décors orthogonaux et technique pivotante » en Alsace ) à l'apparition du style « RRBP ancien » tel qu'il a été décrit sur les sites de Berry-au-Bac et Presles-et-Boves. C'est donc probablement d'un épisode syncrétique entre un groupe dissident bas-alsacien et la tradition haute-alsacienne que naît le style du « RRBP » ou, plus justement, le stade ancien du Rubané final du bassin de la Seine. Nous insistons également sur le fonctionnement en réseau qui caractérise le Rubané du Sud-Ouest, groupe supra-régional dont l'aire d'influence s'étend, dès le tout début de l'étape récente, du lac de Constance à la moyenne vallée de la Seine. Le rattachement tardif de la vallée de l'Aisne à cette entité s'accompagne de la diffusion en direction du sud de la vallée du Rhin de la technique pivotante, technique définissant à elle-seule l'étape finale du Rubané de haute Alsace. Ce rattachement au Rubané du Sud-Ouest ne doit pas porter à négliger les indices de contacts, de mieux en mieux documentés, entre le RRBP final et la basse Alsace où s'épanouit le style de Dachstein. Les importations bas-alsaciennes dans l'Aisne, et au-delà, semblent indiquer un mouvement principalement orienté est-ouest; aucun vase pouvant être attribué avec certitude au Rubané final du bassin de la Seine n'a, à ce jour, été observé en basse Alsace.
Depuis la découverte des grottes Cosquer, Chauvet, Cussac et La Garma, nous avons pris l'habitude de cavités inviolées, aux parois vierges de tout tracé non paléolithique. C'est oublier que de nombreuses autres grottes ornées, découvertes trop tôt ou toujours ouvertes, ont subi la visite ultérieure des hommes. Conséquence : des graffiti sans nombre. Bien souvent, ces traces modernes sont considérées comme des déchets, car elles gênent la lecture des tracés paléolithiques et les altèrent. Pourtant, les graffiti ont une certaine utilité. D'abord, ils permettent, lorsqu'ils sont datés, de se faire une idée des conditions d'accès à la grotte avant les aménagements touristiques. Mais surtout, ils offrent une occasion unique d'étudier les modes de fréquentation moderne d'une cavité dont la charge symbolique ne s'est pas éteinte avec la fin de la période glaciaire. Le phénomène « grotte ornée » pourrait être mieux compris, selon nous, si l'on appréhendait la fascination qu'à toutes les époques, le milieu souterrain a exercée. L'exemple de la grotte Margot, par ses premiers résultats, démontre que de nouvelles voies de recherches sont possibles. L'étude de cette cavité comporte plusieurs atouts : elle permet de conforter l'archéologie quant à la situation du sol paléolithique et aide à la compréhension des multiples aménagements réalisés par l'homme moderne dans le but d'en faciliter l'accès. Auxiliaires du préhistorien, la paléographie et l'épigraphie peuvent établir une estimation de la fréquentation de la grotte, salle par salle, indiquer quelles parties n'ont pas ou peu été visitées et expliquer ainsi des incohérences dans l'organisation même de la grotte, notamment en ce qui concerne le niveau du sol. Une telle étude permet également d???apercevoir les circonstances de la fréquentation de cette grotte au moins depuis le xviiie siècle. Qui a visité la grotte Margot par le passé? Et quand, sont les deux questions qu'une telle étude pose sans avoir la volonté, ni l'impossible permission d'y apporter une réponse précise et quantifiable. Enfin, comme à Niaux, l'identification de certains visiteurs permet d???établir un aperçu des rapports entretenus entre l'homme et les grottes, mais aussi d???apercevoir les motivations des personnes qui en ont arpenté les galeries. De façon surprenante, il est avéré que la fréquentation de la grotte ne fut pas continue dans le temps, mais concentrée sur trois périodes principales : les années 1830, moment de fréquentation le plus important, peut-être lié au développement de pèlerinages locaux, dans le contexte national d'un renouveau de l'intérêt pour les visites aux lieux saints; les années 1860-1890, à mettre en rapport avec le développement de la recherche en Préhistoire; les années 1920-1940, avec le regain d'intérêt suscité par la découverte de trois squelettes. Par ailleurs, la grotte connaît une grande vague d'aménagement dans les années 1920, pour finalement voir son électrification réalisée avant les années 1930. Les premiers résultats tendent à montrer une forte présence des visiteurs locaux mayennais ou sarthois, mais dès le xixe siècle, il a été possible de repérer des visiteurs plus éloignés, voire même des personnes expatriées à l'étranger. Une première étude patronymique permet pour l'instant de penser que la majorité des visiteurs réside dans les villages aux alentours de la grotte et dans la région. L'importance des signatures des années 1820 et 1830 montre clairement qu???à ce moment de l'Histoire, bon nombre de personnes savaient déjà signer avant même les grandes lois scolaires de J. Ferry des années 1880. Or, cette affirmation correspond tout à fait à l'orientation de l'historiographie actuelle sur ce sujet. Des historiens tentent ainsi de montrer que le rôle de la période des années 1820-1830 a été minimisé, en raison de l'image même que ces scientifiques ont ou avaient de cette période. Ce rapport à l'alphabétisation explique l'importance des lettres capitales et la présence de maladresses.
Since the discovery of caves such as Cosquer, Chauvet, Cussac and La Garma, archaeologists have become familiar with undisturbed caves, without recent marks on the walls. We must not forget, however, that many other painted caves were visited during historical periods by humans who left numerous graffiti, often considered to be useless or damaging as they hinder interpretation of the Palaeolithic outlines. In the author's opinion, the study of a cave must take into account all its aspects, both geomorphological and archaeological as well as modern. To reject all that is not Palaeolithic seems to reduce possibilities for research. To understand ???painted caves???, we need to take into account the fascination that underground sites have always exercised. The study of modern graffiti in Grotte Margot is an aid to archaeology by helping us to understand the different installations set in place by modern humans to facilitate access to the cave. The number of archaeological digs and tourist developments in the 19th and 20th centuries prevent any precise knowledge of the stratigraphic section. The height of the drawings suggests however that the Upper Palaeolithic levels were above the stalagmitic floor which reduced the size of the entrance. Now, in many cavities, the prehistoric drawings are to be found more than 2 metres above ground level. The method used for listing modern graffiti is identical to that used for prehistoric engravings. This study allows us to ask ourselves two questions: Who visited the cave in the past? and Approximately when?, without it being possible, however, to give a precise and quantifiable answer. The first inventory, started in September 2007, is provisional, because not all the cave???s walls have yet been explored. Eventually, the inventory, linked to archival research, might allow us to establish a sociological and chronological picture of the cave???s visitors, in particular for the 19th century, a rich period with easily identifiable graffiti. Three peaks in the number of visitors can be identified, explained by local facts or the general evolution of prehistoric science and underground tourism. As for Niaux, for example, the identification of certain visitors gives an idea of the relations between humans and caves, and of the motivations of these visitors. Points of comparison can be established: both caves were frequently visited in the 19th century because of outside factors. For Grotte Margot, it was a pilgrimage (Saint-Céneré), for Niaux the development of a spa town. Visits mainly took place in the summer. Finally, we see a certain social mixing of the visitors, at least for the 19th and 20th centuries. The working method adopted to study modern graffiti is strongly inspired by the one employed for Palaeolithic inscriptions. First, a general and rapid count was followed by the establishment of a database. In a second phase, it was decided to make tracings of a maximum number of identifiable graffiti, gallery by gallery, beginning with the cave entrance. Thus palaeography, which studies the deciphering of ancient writing, comes into the picture. It allows documents to be understood, but also a date to be suggested as part of the authentication of these documents. Palaeography teaches us that whatever the period, there are several manners of shaping a letter. A form of education and way of teaching writing corresponds to each period. The first tracings show an important touristic frequentation of the cave in the 19th century. There could have been more visitors than today (20,000 a year). The archives complete this observation. The 19th century appears as the golden century of tourism in Saulges. This is similar to what has been observed elsewhere. In a modern sense, the industrialization of tourism is a British invention from that century. The train arrived at Laval in 1857 and soon reached the village of Vaiges, a few kilometres from Saulges. A more detailed analysis can be realized. Surprisingly, it has been established that frequentation of the cave was not continuous in time, but that three main periods were concerned. First, the 1830s, corresponding to the most important frequentation, maybe linked to the expansion of local pilgrimages: indeed, at the beginning of the 19th century, pilgrimages to holy places expanded or were revived all over the country. Then the 1860s-1890s, in relation with the development of prehistoric researches, in a national movement of interest and development of caves such as Grotte Margot - in particular, it was at this moment that the first "real" guided visits were organized in the cave. Last, the 1920s-1940s, with the revival of interest due to the discovery of three skeletons (Baudouin & Hubert, 1925). Moreover, a great number of amenities were installed in the cave in the 1920s, ending with its electrification before the 1930s. The period covering World War II resulted in eight foreign graffiti by German and American soldiers, e.g. a swastika was drawn in 1940. Once the period of deciphering the graffiti is over - this stage is crucial and difficult because of possible superpositions - socio-historical research can begin. The first results tend to show a huge presence of local visitors from the Mayenne or Sarthe départements, but as far back as the 19th century visitors from further afield have been discovered, and even people expatriated in a foreign country. For the time being, a first patronymic study allows us to think that most of the visitors lived in the villages around the cave. It seems that the main visitors of the cave came from the local region. The number of signatures during the 1820s and 1830s clearly shows that at this moment of history many people were able to sign, well before J. Ferry's education laws in the 1880s. This corresponds in fact to the orientation of current historiography regarding this subject. Thus, some historians hope to demonstrate that the role of the 1820s-1830s has been minimized, because of the image that these scientists have (or had) of this period. This relationship with the teaching of reading and writing explains the importance of capital letters and the presence of a certain degree of awkwardness.
S'il est une région en France où le Solutréen ancien reste méconnu, malgré le nombre important de gisements archéologiques s'y rapportant, c'est la moyenne vallée du Rhône. Plus spécifiquement, aucune approche techno-logique moderne n'avait été entreprise sur les séries lithiques attribuées à la phase ancienne du Solutréen dans le bassin Rhodanien, depuis les thèses de P. E. L. Smith en 1966 et J. Combier en 1967. Toutefois, plus récemment, un travail de maîtrise effectué en 2002 par A. Barbiero, a porté sur l'analyse typologique des pointes à face plane et pointes à cran provenant des anciennes fouilles à Oullins (Gard-Ardèche, France), gisement situé en plein coeur des gorges de l'Ardèche et occupé depuis le Moustérien jusqu'à l'Azilien. Nous proposons ainsi dans cet article, une révision typologique de l???objet emblématique de cette phase ancienne, à savoir la pointe à face plane, couplée à une approche techno-économique, à partir de l'une des collections lithiques issue de ces anciennes fouilles à la baume d'Oullins, la collection Maurice Martin, et dont l'attribution chrono-culturelle se rapporte au Solutréen ancien. Bien que mise au jour à la fin des années 1930 et avec des méthodes de fouilles aujourd'hui dépassées, cette collection, caractérisée par la présence dans le niveau étudié, le niveau 2, d'un très grand nombre de pointes à face plane, et sous-jacent selon l'auteur, à un niveau à pointes à cran, présente une bonne cohérence sur le plan technique. L'analyse des matières premières, par laquelle commence cet article, a révélé des choix économiques originaux pour le contexte paléoclimatique dans lequel se place l'horizon archéologique étudié, à savoir le Dernier Maximum Glaciaire, avec notamment l'emploi de silex de provenance lointaine au détriment des matières premières siliceuses plus locales, attestant notamment des déplacements jusque dans le Cher, ainsi qu'un franchissement du Rhône. Il faut rappeler qu'à ce moment précis du Paléolithique supérieur, la rive gauche du Rhône est occupée par des groupes appartenant à une autre sphère culturelle, l'Épigravettien ancien. L'étude typologique, réalisée principalement autour de la pointe à face plane, a permis de mettre en avant une réelle homogénéité de cet objet au sein de cet ensemble, marquée notamment par une latéralisation de la retouche quasi exclusivement à gauche avec toutefois pour seule différence majeure la symétrie de l'objet, tantôt axiale, tantôt déjetée vers la droite. Elle a d'autre part, permis d'aborder les questionnements quant à son usage, qui, pour l'heure, restent entièrement ouverts. L'étude technologique a permis de confirmer la présence d'un débitage singulier pour le Paléolithique supérieur, à savoir l'exploitation de la face la plus large du nucléus grâce à la mise en place de crêtes latérales, en vue d'obtenir des supports de pointes à face plane. Ces observations rejoignent ainsi celles déjà faites dans le Bassin parisien et sur d'autres collections du Sud-Ouest de la France.
The Last Glacial Maximum ranges between 21 000 BP and 19 000 BP and saw the emergence and development of the Solutrean. The Solutrean's geographic boundaries encompass the Paris basin to the north, Aquitaine, the Pyrenees, Portugal and Spain to the south; it is limited to the east by the right bank of the Rhone river. While numerous Early Solutrean sites are known from the Rhone Valley, no recent studies have been carried out since the seminal work of P. E. L Smith in 1966 and J. Combier in 1967 and, more recently, the typological analysis of A. Barbiero in 2002 on the unifacial points and shouldered points from the old excavation at Baume d'Oullins (Barbiero, 2002). Whereas the transition between the Gravettian and Early Solutrean is well understood, including the production of blanks for unifacial points in the Paris basin, the bifacial shaping and production of laurel leaf points and of blanks for shouldered points, what can be said of the production of unifacial points in the Rhone Valley, where the river seems to function as a bona fide cultural frontier? The important site of the cave of Baume d'Oullins, discovered at the end of the 19th century, is located in the gorges of the Ardeche river at the intersection between the two communes of Le Garn (Gard département) and Labastide-de-Virac (Ardèche). Several seasons of excavation have brought to light a long stratigraphic sequence, spreading from the Mousterian to the Neolithic (Combier, 1967; Bazile & Bazile-Robert, 1979). This article proposes a techno-economic study of the lithic assemblage from M. Martin???s excavations between 1936 and 1939 at Baume d'Oullins attributed to the Early Solutrean. Maurice Martin uncovered two Solutrean layers, one with numerous unifacial points, considered as identifying the Early Solutrean, overlain by another layer with many unifacial points and shouldered points, typical of the Late Solutrean (horizons containing laurel leafs, typical of the Middle Solutrean, are however absent from the sequences found in south-eastern France). Although this material comes from old excavations, lacking modern methodological control, it nonetheless demonstrates substantial coherence. This article begins with an economic analysis, focusing on the circulation of raw materials. The siliceous raw material most often used is a Barremo-Bedoulian flint (Lower Cretaceous) from Meysse-Rochemaure (Ardèche) about 30 km north of the site. Indeed, 70% of the identified pieces are manufactured from this flint while 10% are made out of local flints such as Ludian (Upper Eocene) from Laval-Saint-Roman (Gard) or Ludian from Orgnac (Ardèche). Interestingly, the most noteworthy aspect of this assemblage is the presence of exotic flints such as a Lower Turonian flint (Upper Cretaceous) from the Cher region, approximately 450 km north of Baume d'Oullins and a Bedoulian flint (Lower Cretaceous) from Mont Ventoux on the left bank of the Rhône Valley, approximately 65 km east of the site. In both cases, the presence of these types of flint in this assemblage is very interesting for the palaeoclimatic context and with regard to questions about group mobility and the crossing of the Rhône River. The Rhône Valley is indeed a strategic point between the cultural spheres of the Solutrean on the right bank and the Epigravettian on the left bank. Since raw materials circulated, we may conceive that ideas also spread between these two cultures that seemingly belonged to two distinct worlds. The typological analysis, which focuses mainly on unifacial points, highlights the homogeneity of this particular artefact type in this assemblage. Several recurrent features include retouching systematically located on the left edge of the piece and systematic thinning of the base. The only genuine variability is found at the point, which may be canted to the right or axial. Additionally, this study addresses the question of the use of these pieces, which currently remains unanswered. No microwear analysis has been done on unifacial points, but some evidence does suggest use of the right edge, which is most often left unretouched. Perhaps the unifacial point should no longer be considered solely as a weapon but also as a tool. Among the retouched pieces, we identified what seem to be Vale Comprido points (Zilhao & Aubry, 1995; Renard 2010). It is difficult to identify these artefacts accurately, given that basal retouching may be confused with striking platform preparation. The technological approach brings into evidence a unique Upper Palaeolithic knapping concept, which has already been observed in lithic assemblages from the Paris basin (Renard, 2002 and 2010). The flaking surface is located on the largest face of the core, delimited by lateral crests, which represents an original concept for the Upper Palaeolithic, where the aim was to produce large blanks to be transformed into unifacial points. The type of blank used in the crafting of unifacial points was not a discriminating factor. We also distinguished some strictly unipolar and convergent products, which differ significantly from the rest of the assemblage, as they appear to belong to a different knapping concept, finer than the main blade production. In this series, the only retouched pieces manufactured on unipolar and convergent blanks are Vale Comprido points. In spite of the fact that the latter are shorter and thicker than the unretouched pointed products, we may presume that they called on the same production logic, which is very different from that of blade production. Did this correspond to an independent production of points, separate from the main blade production, destined to be transformed into Vale Comprido points? In conclusion, the lithic assemblage from Level 2 of M. Martin???s excavation at Baume d'Oullins contributes to our understanding and definition of the Early Solutrean in the South-East of France, despite the age of the excavations. The presence of siliceous raw materials from the left bank of the Rhone led us to consider a contemporaneous assemblage from the same bank, and to compare it with the Solutrean, in order to establish the role played by the Rhone river as a potential barrier or passageway for materials and ideas.
Les couches paléolithiques de la grotte d'Isturitz ont livré 119 vestiges humains, découverts lors des fouilles conduites par E. Passemard et R. et S. de Saint-Périer entre 1912 et 1959. Très fragmentés et provenant à 90% de la tête osseuse, ces vestiges portent dans la grande majorité des cas des modifications anthropiques indiquant un même traitement du cadavre, en tout cas de la tête (décharnement, désarticulation, fracturation intentionnelle, parfois façonnage et?/ou gravure des os). Ces restes humains présentent donc un intérêt majeur pour la connaissance des comportements mortuaires paléolithiques. Leur attribution culturelle est cependant problématique. Car même si 55% des pièces proviennent des couches du Magdalénien moyen (II, E, E?, SI), une partie des pièces ont également été découvertes dans les autres couches du Paléolithique supérieur : Aurignacien (4%), Gravettien (29%), Solutréen (2%), Magdalénien supérieur et Azilien ancien (8%). Cette récurrence indique, soit la persistance d'un même comportement pendant toute la période, soit l'existence de mélanges stratigraphiques. Plusieurs indices nous font privilégier la seconde hypothèse : l'ancienneté des fouilles, la complexité de la stratigraphie et la difficulté à distinguer les différents niveaux, problèmes visibles à la lecture des publications d'E. Passemard et R. et S. de Saint-Périer, l'existence de raccords entre fragments provenant de couches différentes, et la mise en évidence de mélanges dans d'autres catégories de vestiges (industrie osseuse et art mobilier notamment). Dans le but de tester cette idée, des datations 14C par SMA ont été effectuées sur un fragment de pariétal et un fragment de frontal humains de la couche II (Magdalénien moyen) et un fragment de pariétal humain de la couche III (Gravettien); les vestiges proviennent d'individus adultes et sont issus de trois individus différents. Les résultats indiquent qu'un des vestiges de la couche II et le vestige de la couche III se situent dans un intervalle correspondant au Magdalénien moyen : respectivement 14750 ± 50 BP, soit 18461-17652 cal. BP à 2 sigmas (GrA-45328), et 14640 ± 50 BP, soit 18043-17540 cal. BP à 2 sigmas (GrA-45332). Ceci confirme l'hypothèse de la contamination de la couche III par la couche II. Le second vestige de la couche II est associé à un intervalle contemporain du Magdalénien supérieur : 13035 ± 45 BP, soit 16351-15174 cal. BP à 2 sigmas (GrA-45329). Ce résultat suggère un comportement pérenne par-delà la transition du Magdalénien moyen au Magdalénien supérieur, alors que les autres vestiges archéologiques indiquent que cette transition se caractérise par des changements importants : modification de la panoplie d'armature osseuses, du spectre des espèces chassées, des modalités d'approvisionnement en silex, des modalités de débitage lamellaire, de la fréquence et du type d'éléments de parure et de pièces d'art mobilier. Bien que d'autres datations soient nécessaires pour poursuivre la discussion, ces nouvelles dates confirment l'appartenance de la majorité des vestiges humains issus des fouilles anciennes au Magdalénien.
This paper presents new AMS radiocarbon dates from three human bones housed at the Musée des Antiquités Nationales (Saint-Germain-en-Laye) and found during the Saint-Périer excavations in the Isturitz cave. This cave, located in the foothills of the western Pyrenees, is a major site of the Franco-Cantabrian region. It is well-known for having yielded a major Palaeolithic sequence with rich Magdalenian levels indicating long and intense occupation by human groups during the Upper Palaeolithic. The cave is divided into two main chambers: the Isturitz chamber (or Grande Salle) and the Saint-Martin chamber (fig. 1). Research was conducted in Isturitz by E. Passemard between 1912 and 1923, by R and S. de Saint-Périer between 1928 and 1948 (Passemard, 1924 and 1944; Saint-Périer, 1930 and 1936; Saint-Périer and Saint-Périer, 1952), and by C. Normand and others since 1999. The excavations of E. Passemard and R. and S. de Saint-Périer yielded an important assemblage of human remains from both adult and immature individuals. The cultural attribution of these bones is problematic, especially because of the complexity of the stratigraphy and the ancient date of the excavations (fig. 2); although the bones come from different levels of the sequence discovered in the cave, they are usually attributed to the Magdalenian (Gambier, 1990-1991). More than 80% of this assemblage consists of fragmented elements of the skull and mandible; anthropic modifications indicate a processing of corpses linked to either funerary or ritual, warlike practices (flesh removal, disarticulation, intentional breakage, sometimes shaping and engraving of the bones: Gambier, 1990-1991). While fragmentation limits the interest of these remains as regards the study of skeletal morphology, the anthropic modifications of the bones mean they are of major interest for understanding the mortuary behaviour of Upper Palaeolithic populations. Three samples (fig. 3) were selected among the human remains found in the Grande Salle by R. and S. de Saint-Périer. Two are from layer II (Middle Magdalenian) and one is from layer III (Upper Gravettian). They include: IST II-23-1937, a fragment (5.5 cm × 6.4 cm) of an adult parietal; IST II-41-1933, a fragment (7.5 cm × 6.5 cm) of an adult frontal; and IST III-53-1937, a fragment of an adult parietal (6.7 cm × 6.0 cm). These three fragments belong to three different adults. The bones were photographed and analysed prior to sampling. Sampling was done in areas without glue, consolidators, varnish or ink. They were submitted for AMS 14C dating at Groningen (Centre for Isotope Research, Groningen University). The results indicate that the two bones 45328 IST II-23-1937 and 45332 IST III-53-1937 are dated respectively in the range of 18461-17652 and 18043-17540 cal. BP, corresponding to the Middle Magdalenian. The third, 45329 Isturitz II -41-1933, is associated with a range of 16351-15174 cal. BP, contemporary with the Upper Magdalenian. The date obtained on the sample from layer III confirms the hypothesis of contamination of layer III, top of the Gravettian, by layer II, Middle Magdalenian. The assumption of the majority of human remains pertaining to the Middle Magdalenian is therefore admissible. The date obtained for the third sample is problematic because it falls within an interval corresponding to the Upper Magdalenian: it is close to the AMS date obtained on a fragment of antler barbed point (???harpoon head???) from layer F1 (fig. 4: 13095 ± 55 BP or 16441-15223 cal. BP; Szmidt et al., 2009). Like the others, this bone sample had anthropic modifications, and therefore the date could have been expected to integrate the interval corresponding to the Middle Magdalenian. Therefore, either the reliability of that date is uncertain ?????????but no arguments support this hypothesis?????????or the processing of the corpse and head in the Upper Magdalenian was, if not identical, in any case, at least similar to that attested in the Middle Magdalenian. Isolated human bones with anthropic modifications also exist in the Upper Magdalenian (Gambier, 1996) so this hypothesis cannot be ruled out. However, in the Grande Salle of Isturitz, the transition between Middle and Upper Magdalenian is visible in many categories of archaeological objects and fields of activity (flint and antler equipment, game hunted, ornaments and art: Pétillon, 2004 and 2006; Langlais, 2010; Laroulandie in Pétillon et al., to be published). These differences argue for major changes in human behaviour at the Middle-Upper Magdalenian transition. If the date on the human bone is reliable, it would mean that mortuary behaviour continued, at least partially, beyond these transformations. Other dates are necessary to further the discussion and the dating programme on human bones should be continued. However, the assumption that the majority of human remains at Isturitz pertain to the Middle Magdalenian is reinforced by these new dates.
L'avènement des traditions techniques aziliennes a alimenté de nombreux débats ces dernières années. L'analyse des industries lithiques a eu une place centrale pour nourrir ces débats. La révision des séries attribuées à la phase ancienne de l'Azilien provenant de l'abri de La Fru (Saint-Christophe-la-Grotte, Savoie) va nous permettre de proposer une nouvelle lecture de ce faciès en dehors du Bassin parisien et d'évoquer la genèse du phénomène d'azilianisation dans ce contexte. L'abri de La Fru est à l'heure actuelle un des gisements les plus riches connus pour la fin du Paléolithique supérieur d'Europe occidentale. Il a livré des occupations s'échelonnant du Magdalénien supérieur (17000 cal. BC) au Mésolithique moyen (9000-8200 cal. BC) à l'intérieur de trois secteurs de fouilles distincts (aires 1, 2 et 3). Les occupations de la phase ancienne de l'Azilien sont localisées dans l'aire 1 (couche 3) et dans l'aire2 (couche 3). Les nombreuses et fiables datations 14C obtenues situent l'occupation du site par les Aziliens anciens entre 12300 et 11300 cal. BC. Cependant, l'absence de calage chrono-environnemental à l'échelle du site n'autorise pas de rapporter ces occupations à une chrono-zone du Tardiglaciaire. Les séries de l'abri de La Fru, et en particulier la couche 3 de l'aire 1, ont déjà fait l'objet de nombreux travaux. Cependant, ces assemblages n'avaient jamais été évalués d'un point de vue taphonomique et techno-économique. C'est pourtant l'association de ces différentes grilles d'analyse qui permet d'intégrer ces gisements issus de contextes karstiques à une discussion sur l'évolution des dernières sociétés du Tardiglaciaire à l'échelle européenne. Notre objectif a donc d'abord consisté à documenter précisément le contenu de chacune des collections attribuées à la phase ancienne de l'Azilien à l'aide de méthodes d'analyse modernes, pour ensuite confronter ces résultats aux séries aziliennes qui sont à ce jour les mieux connues et surtout les mieux documentées (Le Closeau, Bois-Ragot, etc.) et proposer ainsi une nouvelle lecture du début de l'Azilien. La première étape de cette analyse a donc consisté en une analyse archéostratigraphique des séquences archéologiques disponibles. Elle a permis de mettre en évidence des degrés de perturbations différents. Dans l'aire 1, l'ensemble lithique de la couche 3 est le résultat d'un palimpseste d'occupations des phases anciennes et récentes de l'Azilien. Nous avons donc mis en évidence deux composantes techno-économiques. L'aire 2, et la couche 3 en particulier, ont été moins affectées par les perturbations post-dépositionelles. Une composante magdalénienne a toutefois été isolée. L'analyse technologique comparée de ces ensembles de l'Azilien ancien a permis de mettre en évidence des similarités et des différences entre les deux assemblages. Les objectifs de production sont similaires dans les deux collections. La première étape de la chaîne opératoire vise la production de lames de 70 à 100 mm destinées à être transformées en outils du fonds commun. Les procédés techniques sont identiques entre les deux collections. On notera simplement que dans l'aire 1 les lames les plus régulières ont servi de supports aux burins, alors que dans l'aire 2 elles ont servi de supports aux grattoirs. Les lames plus courtes ( 60 mm), produites dans un second temps de la chaîne opératoire, ont servi de supports à la fabrication des pointes lithiques. Dans les deux collections, elles ont été confectionnées sur des lames régulières. On note toutefois la présence de deux types distincts : des bipointes et des monopointes. C'est une caractéristique partagée avec l???occupation du gisement de Bois-Ragot (Vienne). A La Fru, cette coexistence de deux types de pointes à dos pendant la phase ancienne de l'Azilien est perçue selon un prisme économique. En effet, ce sont les lames les plus courtes, probablement extraites lors des derniers stades de l'exploitation des blocs, qui ont été transformées en monopointes. Les plus longues ont été transformées en bipointes. Aussi, que l'on se place sur un plan typologique ou technologique, l'Azilien ancien de l'abri de La Fru présente des similarités importantes avec des gisements contemporains ou sub-contemporains, depuis la barrière pyrénéenne jusqu'au Nord du Bassin parisien. Si dans certains espaces géographiques comme le Bassin parisien on voit apparaitre des pointes à dos dans l'équipement lithique des Magdaléniens, ce n'est pas le cas dans les Alpes du Nord. Aussi, ces secteurs géographiques ont pu jouer le rôle d'épicentre de diffusion de nouvelles pratiques techniques. L'apparition presque synchrone de l'Azilien ancien ne laisse guère de doute sur le caractère global du processus ayant présidé à ces transformations. Peut-on encore envisager une azilianisation au cas par cas, dans chaque substrat magdalénien régional? Au regard de la très forte similarité constatée des industries lithiques et des comportements de ces groupes, il paraît à peu près assuré que ces changements dans les traditions ont été diffusés à partir d'un épicentre qui a durablement transformé les sociétés magdaléniennes. Les réseaux d'échanges, ou de circulations, évoqués à propos du Magdalénien supérieur, ne contredisent pas l'hypothèse d'une diffusion rapide de ces nouvelles idées. Sont-elles nées dans des contextes où les adaptations aux changements des environnements (animaux et végétaux) nécessitaient une réponse rapide et radicale de la part des Magdaléniens, préalablement à une diffusion sur les territoires voisins? C'est une hypothèse qui nous apparaît parfaitement crédible en l'état actuel de nos connaissances.
The origin of the Azilian traditions caused much debate over the past decade, in particular in northern France. The analysis of lithic industries played a central role in these debates. A revision of the early Azilian deposits from La Fru (Saint-Christophe-la-Grotte, Savoie) will allow us to propose a new interpretation of this techno-complex outside the Paris Basin and to discuss the genesis of the "Azilianisation" process in this context. The shelter at La Fru is currently one of the richest deposits known for the end of the Upper Palaeolithic in western Europe. It has yielded occupation levels from the Upper Magdalenian (17000 cal. BC) to the Middle Mesolithic (9000-8200 cal. BC) within three separate excavation areas (areas 1, 2, 3). The early Azilian occupations are located in area 1 (layer 3) and area 2 (layer 3). The numerous and reliable dates show that settlement of the site by early Azilians occurred between 12300 and 11300 cal. BC. Unfortunately, the lack of environmental data from the site does not allow the early Azilian settlements to be related to a chrono-environmental phase. The lithic industries from La Fru and especially layer 3 area 1, have already been the subject of numerous studies. However, they were never evaluated from a taphonomic and techno-economical perspective, although it is the combination of these analytical methods which will allow these karstic contexts to be integrated into a discussion on the evolution of Lateglacial societies on a European scale. Our aim is, first, to describe the contents of each early Azilian collection from La Fru, using modern analytical methods. In a second step it will be possible to compare our results with the best documented early Azilian collections (Le Closeau, Bois Ragot, etc.). Finally, we will propose a new reading of the early Azilian tradition in the context of the French Alps. The first step consisted of an archaeo-stratigraphic analysis of the archaeological sequences available. It allowed the different degrees of disturbance in each archaeological layer to be highlighted. For area 1, layer 3 is the result of a palimpsest of settlements from the early and recent Azilian. Therefore, the lithic industry is clearly the result of several occupations. Area 2, and layer 3 in particular, have been less affected by post-depositional disturbance. However a Magdalenian component was identified. The comparative technological analysis helped to highlight the similarities and differences between the two collections. The aim of the productions is similar in both collections. The first step of the ???chaîne opératoire??? consisted of the production of blades from 70 to 100 mm in length. These blades were transformed into common tools (burin, end-scraper, retouched blades). The technical processes are also the same between the two collections. We note that the most regular blades from area 1 were used as supports for burins, whereas for area 2 they were used as blanks for end-scrapers. The shorter blades (? 60 mm), produced in the second stage of the ???chaîne opératoire???, served as supports for the manufacture of backed points. In both collections they were based on regular blanks. However, we can note the presence of two distinct types of backed points (bipoints and monopoints). This is a characteristic shared with layer 4 of Bois-Ragot (Vienne). At La Fru, this coexistence of two types of backed points during the early phase of the Azilian is seen as having an economic origin: the shorter blades, probably produced in the final stages of knapping, were transformed into monopoints, the longest into bipoints. From a typological or technological point of view, the early Azilian lithic industry from La Fru shows similarities with contemporary or sub-contemporary settlements from the Pyrenees to the north of the Paris Basin. While in certain geographic areas such as the Paris Basin backed points appear in the lithic toolkit of the Magdalenian populations, it is not the case in the northern Alps. Thus, these geographic sectors may have played a role as an epicentre for the spread of new technical practices. The almost synchronous appearance of the early Azilian leaves little doubt as to the global nature of the process presiding over these transformations. Can a ???case-by-case??? process of ???Azilianisation??? still be envisaged in each regional Magdalenian substratum? In view of the strong similarity noted in the lithic industries and the practices of these groups it seems practically certain that these changes in tradition spread from an epicentre which lastingly transformed Magdalenian societies. Exchange or circulation networks, evoked with regard to the Upper Magdalenian, do not contradict the hypothesis of a rapid spread of these new ideas. Did they arise in contexts where adaptation to changes in the environment (animals and plants) called for rapid and radical reaction by the Magdalenians, before spreading to neighbouring territories? That is a hypothesis which seems to us to be perfectly coherent with our present state of knowledge.
A la fin des années 1960, des prospections pédestres avaient permis de réunir un ensemble lithique homogène, en situation de bas de versant limoneux au contact de la plaine alluviale de l'Escaut sur la commune de Proville dans le Nord. Les caractéristiques morpho-technologiques de l'industrie laissaient supposer son appartenance à l'Épi-Ahrensbourgien, tradition technique majoritairement représentée de la vallée de la Loire, en France, au Nord de l'Allemagne et dans le sud de l'Angleterre à la fin du Dryas récent et au tout début du Préboréal. Les sondages entrepris en 2008, sur une parcelle cultivée au sud du lieu de ramassage, aujourd'hui urbanisé, ont permis de reconnaître une succession d'occupations de ce bas de versant entre la fin du Paléolithique et la Protohistoire récente. Une concentration d'artefacts lithiques présentait les mêmes caractéristiques techniques que les séries de surface. Les campagnes de fouille programmée de 2009 et 2010 ont permis de circonscrire une occupation du Paléolithique final et de fournir les éléments de son interprétation technologique, chrono-typologique et spatiale. Les remontages effectués permettent de mieux comprendre la stratégie mise en oeuvre pour l'obtention de supports standardisés. La gestion soignée du débitage de la matière siliceuse est exclusivement orientée vers la production de supports laminaires ou lamellaires selon un mode opératoire représentatif de la tradition dite « belloisienne ». Les blocs initiaux font l'objet d'une préparation élaborée réalisée au percuteur de pierre dure (silex). Les lames et lamelles sont débitées au percuteur de grès selon un schéma bipolaire et après une intense préparation des corniches des plans de frappe par abrasion et doucissage. L'outillage présent renvoie aux standards aujourd'hui mieux cernés grâce aux recherches menées depuis 20 ans sur ce techno-complexe dans le quart nord-ouest de la France et malgré la présence évidente d'éléments intrusifs mésolithiques.
At the end of the 1960s, pedestrian surveys yielded a homogeneous lithic assemblage from the bottom of a silty slope in contact with the alluvial plain of the river Scheldt. The morpho-technological features of the industry allowed it to be assumed that it belonged to the Epi-Ahrensburgian culture, a tradition mainly represented from the Loire Valley in France to northern Germany and southern England, from the end of the Younger Dryas to the early Pre-Boreal. The surveys undertaken in 2008, on a cultivated field south of the collection site, now urbanized, revealed a series of occupations at the bottom of this slope dating from the Late Palaeolithic to recent protohistoric periods. A concentration of lithic artefacts undoubtedly belonged to the same technical tradition as the series found on the surface. The excavation campaigns in 2009 and 2010 helped to define a Final Palaeolithic spatial entity and provided elements for technological, chrono-typological and spatial interpretations. The partial refittings of some blocks contribute to a better understanding of the strategy developed for obtaining standardized blades. The careful management of the siliceous material is exclusively oriented towards the production of laminar or lamellar supports. This technical process is highly representative of the ???Belloisian??? tradition. The initial blocks were prepared by a specific method using a hard stone hammer (flint). Blades and bladelets were removed by a sandstone hammer according to a bipolar process and after intense preparation of striking platform edges by abrasion. The toolkit refers to a technical environment now better understood thanks to research conducted over the past 20 years with regard to this techno-complex in north-western France and despite the obvious presence of intrusive Mesolithic elements.
Les études malacologiques portant sur les escargots terrestres provenant de sites archéologiques restent très rares au Maghreb alors que ces restes coquillers forment la principale composante des sites holocènes appelés localement rammadiyet. Les sites préhistoriques étudiés sont de plein air et appartiennent au Capsien supérieur. La culture capsienne est l'une des cultures de l'Épipaléolithique au Maghreb. Elle est représentée en Tunisie et dans la partie orientale de l'Algérie. Chronologiquement, les sites attribuables au Capsien avec ses différents faciès, ont été datés au 14C et donnent un âge compris entre 10000 et 6000 BP. Les groupes capsiens sont considérés comme les derniers chasseurs-cueilleurs du Maghreb. Le mode de vie de ces derniers était lié à la collecte d'escargots, la chasse d'animaux sauvages et à la cueillette de fruits. Les études malacologiques standard effectuées sur les restes provenant des rammadiyet restent cependant insuffisantes pour appréhender l'impact des mollusques terrestres sur l'économie de subsistance des populations capsiennes. Cette étude comprend à la fois l'identification des coquilles d'escargots terrestres, un essai de détermination de leur âge et des analyses taphonomiques. Elle nous permet de proposer, pour les deux sites étudiés, une reconstitution de l'apport des coquilles terrestres à l'alimentation des populations capsiennes et de tenter l'identification de la saison de la récolte des mollusques. Nous avons essayé, dans notre travail portant sur deux séries provenant de sondages pratiqués en 2005 dans les rammadiyet El Oghrab et de l'Aïn Oum Henda 1 (Meknassy, Tunisie centrale), d'adopter une méthode de travail reproductible pour l'étude de collections provenant d'autres sites semblables. L'analyse des séries de malacofaune provenant de ces deux rammadiyet montre au total sept espèces malacologiques terrestres identifiées. Deux espèces prédominent, qui sont Leucochroa candidissima et Helix melanostoma. Cela serait l'indice d'une sélection faite par l'homme parmi les espèces disponibles dans son milieu environnant. Ce choix est aussi conditionné par l'abondance de ces deux espèces dans l'environnement des sites selon les saisons et les conditions paléoenvironnementales. Cette sélection se manifeste également au niveau de la taille des escargots terrestres ramassés. L'homme capsien collectait la plupart des gastéropodes à l'âge adulte et privilégiait les individus les plus grands et les plus pourvus de chair. D'après l'étude taphonomique et surtout la typologie des fragments coquilliers, le pourcentage élevé des coquilles brisées est vraisemblablement lié au piétinement et non pas à la méthode de consommation de ces mollusques par l'homme. Le piétinement peut être lié à la nature des activités qui ont eu lieu sur le site ou à la position topographique des deux rammadiyet (en hauteur, à côté d'un cours d'eau) dans la cuvette de Meknassy, lieu de passage obligatoire par la cuvette des populations préhistoriques venant de la région de Gafsa et de l'ouest (des hauts plateaux de Tébessa) et allant soit vers le nord soit vers la côte méditerranéenne. De ces passages successifs résulteraient cette quantité importante de coquilles cassées. La présence d'un coquillage marin montre un autre aspect du quotidien de vie de l'homme capsien : l'échange entre les hommes capsiens et les populations côtières. La récolte et la consommation des hélicidés de ces sites semblent saisonnières. La collecte s'effectuait principalement au cours du printemps et de l'automne. Cet essai de saisonnalité nous aide à reconstituer le mode de vie des hommes capsiens. Ces groupes humains, derniers chasseurs-cueilleurs en Tunisie et en Algérie, vivaient principalement de la collecte des escargots terrestres et occasionnellement de l'activité cynégétique. Les espèces malacologiques collectées vivaient dans un environnement plus humide que l'actuel. De nos jours ces espèces d'escargots sont extrêmement rares, voire absentes, ce qui indique un accroissement de l'aridité en Tunisie centrale.
Malacological studies using land-snail shells found on archaeological sites are very scarce in the Maghreb, although such remains are the main constituent of Holocene sites known locally as rammadiyet. In this paper, the open-air prehistoric sites studied belong to the Upper Capsian culture. The Capsian culture is one of the Epipalaeolithic cultures found in the Maghreb and is inherent to Tunisia and eastern Algeria. Capsian open-air sites are huge oval accumulations of ashes, a lot of land-snail shells and burned stones, flint material and faunal remains. The Capsian culture is divided into two subdivisions: Typical Capsian and Upper Capsian. The prehistoric sites examined in this research belong to Upper Capsian subdivisions. Different facies or ???regional varieties??? are known from Capsian sites. Chronologically, Capsian sites with their different facies, dated by 14C, give an age of between 10000 and 6000 BP. The Capsian groups are considered to have been the last hunter-gatherers in the Maghreb. Their way of life depended on gathering land snails, hunting wild animals and picking fruit. Standard malacological studies on rammadiyet vestiges are however still insufficient to detect the impact of land snails on the subsistence economy of Capsian communities. Our study includes simultaneously the identification of the land-snail shells (species), an attempt at determining their ages, and taphonomic analyses. It enables us to propose, for both the studied sites, a reconstruction of the contribution of land snails to the Capsian population's food, and to try to identify the season the molluscs were collected. Our work concerned two series resulting from surveys carried out in 2005 in two stratified rammadiyet: El Oghrab and Aïn Oum Henda 1 (Meknassy, central Tunisia). Careful investigations were made regarding the stratigraphy as well as the material culture (lithic industry) and faunal remains from both sites. Faunal remains are scarce at the El Oghrab rammadiya and absent at the Aïn Oum Henda 1 rammadiya. For the malacofauna, we adopted a method of work that can be exploited for the study of collections resulting from other similar sites. After identification of the species, we quantified them by NISP (number of identified remains for each species), then calculated the minimum number of individuals (MNI). Some measurements (height and diameter) were noted for each shell. Fragments of shells were classified in different classes. A specific fragment typology was adopted (from Type 0 to Type 6). In this paper we present the results of analysis of series of malacofauna from both rammadiyet. We have highlighted the presence of nine species of land snails: Helix melanostoma, Helix sp., Eobania vermiculata, Otala lactea, Helicella ambilina, Helicella variabilis, Helicella sp., Leucochroa candidissima, Rumina decollata. Two land snail species prevail, Leucochroa candidissima and Helix melanostoma. This would seem to confirm a selection made by the human groups among the species available in their surrounding environment. This choice is also affected by the abundance of these two species in the environment of the sites depending on the season and palaeoenvironmental conditions. This selection is also manifested by the size of the land snails collected. The Capsian populations mostly collected adult gastropods and privileged the biggest individuals, which provided the most flesh. According to taphonomic studies and especially to the typology of shell fragments, the high percentage of broken shells is probably linked to trampling and not to the consumption method of these molluscs by humans. The trampling may be related to the nature of activities which took place on the site or to the topographic position of both rammadiyet (high up, near a small stream) in the Meknassy Basin. This was a stopping place for prehistoric humans coming from the region of Gafsa and the west (the Tebessa high plateaux) and moving either northwards or towards the Mediterranean coast. The important quantity of broken shells would seem to be the result of these successive passages of groups. The presence of a marine shell (Columbella rustica) shows another aspect of the behaviour of Capsian groups: we presume there were exchanges between the Capsian populations and coastal communities. The gathering and consumption of land snails at these sites seem to have been seasonal. We note changes in the amount of each species (NISP) and the composition of the species spectrum from different levels of the El Oghrab rammadiya. The gathering of land snails mainly occurred during the spring and autumn. This seasonality helps us to reconstitute the way of life of Capsian communities. These groups, the last hunter-gatherers in Tunisia and Algeria, survived mainly by gathering land snails and some occasional hunting activity. These results help to reconstitute environments and the Capsian culture but still require additional examination of material from other rammadiyet in Tunisia. The malacological species consumed by the prehistoric humans occupied a wetter environment than the current one. Nowadays these species of snails (Leucochroa candidissima, Helicella sp., Helix melanostoma) are extremely rare, even absent, indicating increased aridity in central Tunisia. When the Capsian communities disappeared and Neolithic Capsian-tradition groups appeared there was no change in the consumption of land snails. Capsian-tradition Neolithic populations continued to gather and consume terrestrial snails as well as some domestic fauna.
Une fouille d'archéologie préventive réalisée dans le cadre du programme de requalification des quartiers sud de la ville d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), sur une parcelle destinée à accueillir le futur conservatoire de musique et de danse, a mis au jour un ensemble de tombes à crémations secondaires attribuables au début de l'âge du Bronze final. Cette découverte illustre une pratique peu documentée dans la moitié sud de la France à cette époque. Les fosses sépulcrales, de petites dimensions, abritent exclusivement l'urne cinéraire, laquelle contient les restes osseux d'un seul individu, sans aucun résidu du bûcher crématoire, ainsi que parfois de petits fragments d'os de faune. En ce qui concerne le mode de fermeture des tombes, il faut restituer un système aménagé avec un petit tumulus de galets reposant sur la couverture de l'ossuaire lui-même, une lauze calcaire dans un cas et des protections en matériau périssable pour les trois autres. La présence de ces petits tertres recouvrant la fosse sépulcrale peut, par ailleurs, être interprétée comme un dispositif de signalisation. Il faut enfin mentionner la présence d'une jarre écrasée en place, à proximité de l'une des tombes, interprétable comme un dépôt funéraire. L'étude anthropologique indique une collecte partielle des restes osseux sur la structure primaire de crémation. On observe cependant une grande variabilité entre les différentes tombes quant à la masse prélevée et quant à la sélection des segments anatomiques. La typologie des urnes les place dans une phase avancée du Bronze final I, au xiiie siècle avant J.-C., ce que confirment en partie des datations 14C effectuées sur les carbonates présents dans les os brûlés. D'autre part, l'étude des gestes funéraires concourant à la structuration des tombes montre une parenté certaine avec les nécropoles contemporaines, datées du Bronze récent II, du Nord-Ouest de l'Italie et en particulier avec le cimetière de Canegrate en Lombardie. Ce nouvel ensemble funéraire vient donc confirmer une origine transalpine de la pratique de la crémation dans le Sud-Est de la France au début du Bronze final. Il en constitue par ailleurs le témoin le plus occidental. Contrairement aux découvertes de Provence orientale, la nécropole du Conservatoire présente toutefois la spécificité de se trouver dans une zone où l'impact des traditions céramiques d'Italie du Nord est beaucoup moins marqué dans la culture matérielle. Si la pratique funéraire identifiée est d'affinité italienne, les urnes s'inscrivent plutôt dans une tradition stylistique locale. On assiste donc à une acculturation partielle, qui illustre bien le caractère tampon de la région bas-rhodanienne durant cette période, qui se trouve aux confins des influences des cultures du Nord et du Sud des Alpes.Cette découverte invite enfin à s'interroger sur la place de la crémation au sein des pratiques funéraires des populations méridionales au début du Bronze final. En effet, les rares sépultures de ce type étaient exclusivement connues dans les régions alpines, proches de l'Italie. Si bien qu'elles avaient pu être interprétées comme des tombes de défunt au statut particulier ou comme le résultat de mobilités individuelles. On peut à présent se demander si la documentation actuelle est proche de la réalité, ou si elle ne dépend pas au contraire d'une difficulté à identifier les petits ensembles funéraires du type de celui mis au jour à Aix-en-Provence. The urban requalification of southern areas of the city of Aix-en-Provence led to an archaeological excavation on a plot where the future academy of music and dance ("Conservatoire") is to be built. It brought to light five secondary cremation graves which can be dated to the beginning of the Late Bronze Age. This discovery illustrates a specific practice not very well-known in Southern France for that period. These small graves each contained only a funerary urn in which were found the remains of a single individual, sometimes accompanied by small fragments of animal bones but without any trace of the funerary pyre. The graves are sealed by a sort of pebble tumulus which rests upon the cover of the funerary urn, made of a small limestone slab in one case and probably of some perishable material in three other cases. These small mounds could also be interpreted as visual marks for the location of the graves. A crushed pot close to one of the graves may also be considered as a funerary deposit. Anthropological studies show that the bones were partially collected from the primary cremation structure. However, great variability can be observed between the different tombs regarding the quantity of bones and the anatomical parts selected. The typology of the urns indicates that they belong to an advanced phase of the Late Bronze Age I, 13th century BC, which is confirmed by 14C dates from the carbonates remaining in the burnt bones. The study of burial behaviour regarding the structure of the tombs reveals similarities with contemporaneous cemeteries in north-western Italy dated to the Late Bronze II and, in particular, with Canegrate in Lombardy. This new funerary group thus confirms the Transalpine origin of the practice of cremation in southern France at the beginning of the Late Bronze Age and constitutes its most western example. Unlike other cemeteries discovered in eastern Provence, the "Conservatoire" cemetery is located in an area where the influence of northern Italian ceramic productions is less important. While the funerary practices are related to Italian practices the urns themselves belong to the local style. It is the sign of a partial acculturation, testifying that the lower Rhone valley at that time was a buffer zone between traditions found to the North and the South of the Alps. Finally, this discovery invites us to question the importance of cremation in the funerary practices of southern populations at the beginning of the Late Bronze Age. Indeed, until now, the few graves belonging to this type were only known in the Alp regions, close to Italy. They were thus interpreted as linked to a specific status of the deceased or as the result of individual mobility. Now, we may wonder whether the data available reflect reality or whether they depend, on the contrary, on the difficulty of identifying small funerary groups such as the one unearthed in Aix-en-Provence.
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