18-2013, tome 110, 3, p. 513-537 - V. BLOUET, T. KLAG, M.-P. PETITDIDIER et L. THOMASHAUSEN avec la collaboration de M. ILETT et C. CONSTANTIN - Synchronisation des séquences du Rubané  de Lorraine et du Bassin parisien

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18-2013, tome 110, 3, p. 513-537 - V. BLOUET, T. KLAG, M.-P. PETITDIDIER et L. THOMASHAUSEN avec la collaboration de M. ILETT et C. CONSTANTIN - Synchronisation des séquences du Rubané de Lorraine et du Bassin parisien

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L'?étude des sites du Néolithique ancien de Lorraine a permis d'établir, à partir de l???étude de plus de 120000 vases décorés, une séquence régionale en neuf phases et de caractériser les différentes influences stylistiques qui se sont exercées dans la région. Sur la moyenne Moselle, les premières occupations rubanées sont attribuables à la fin de la phase ancienne de cette culture, à un stade évolué du style de Flomborn. A partir du Rubané moyen, le style céramique est très proche de celui du bassin du Main mais des décors curvilignes remplis d'impressions au poinçon indiquent également des relations avec le bassin de la Meuse. Au Rubané récent, outre ce fonds stylistique, on voit apparaître des motifs typiques de la confluence Rhin-Neckar et du Palatinat (style Oberrhein-Pflaz). Aux phases finales, le bassin de la Moselle comprend plusieurs entités régionales. De la confluence avec le Rhin jusqu'au Luxembourg, c'est le style de Plaidt qui prédomine, tandis qu'en Lorraine du Nord c'est un style dérivé de celui du groupe Oberrhein-Pflaz qui s'impose. Dans la plaine sous-vosgienne, à Marainville-sur-Madon, le style local directement hérité du Rubané de basse et haute Alsace adopte lui aussi la technique du peigne à dents multiples pivotant. La fin de la séquence rubanée est scellée par la mise en place du Grossgartach, au plus tard dans sa phase moyenne, cette culture atteignant actuellement sa limite occidentale dans le secteur de Metz. A partir de nouvelles analyses factorielles, les périodisations régionales du Rubané peuvent en outre être précisées pour le bassin de la Meuse, la basse et haute Alsace ainsi que pour la vallée de l'Aisne. L'évolution pondérée des décors permet de paralléliser ces différentes séquences. La séquence chrono-culturelle du bassin de la Seine peut être comparée à celle du bassin de la Moselle. Les premières implantations du Rubané champenois peuvent ainsi être synchronisées avec le stade final du style de Flomborn, tandis que le site de Juvigny se positionne vraisemblablement à la charnière entre le Rubané récent A et B. La phase classique du style de l'Aisne peut être parallélisée avec le Rubané final de la Moselle, tandis que la fin du Rubané dans le bassin de la Seine et le début du Villeneuve-Saint-Germain correspondent au stade terminal du Néolithique ancien dans le bassin de la Moselle. Pendant toute la période, de nombreux décors attestent d'échanges stylistiques entre le bassin de la Seine et la haute Alsace mais également avec la basse Alsace et la Lorraine. Les phénomènes de régionalisation qui affectent l'ensemble de la culture rubanée à partir de sa phase moyenne et s'exacerbent tout au long des phases récentes et finale, n'entravent pas les échanges stylistiques entre les différentes régions. Le bassin de la Seine ne demeure pas étranger à ces phénomènes et, vraisemblablement à la charnière du Rubané récent B et du Rubané final, développe un style propre à partir des traditions stylistiques de haute Alsace, de basse Alsace et de la Moselle. Les différentes étapes de cette extension occidentale du Rubané peuvent être parallélisées avec la séquence de Lorraine du Nord et, par là même, avec celles du bassin du Rhin. Du fait de ces particularismes résultant d'interactions déjà parfaitement identifiées par G. Bailloud en 1982, le concept de Rubané final de la Seine proposé par M. Ilett (ce volume) paraît devoir se substituer à celui de Rubané du Sud-Ouest, terme qui, tout comme celui de Rubané du Nord-Ouest, ne devrait être utilisé que du point de vue géographique. Par ailleurs, l'évolution des décors de la céramique indique que, dans toutes les régions où coexistent des sites rubanés et Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain, ce dernier succède à un faciès terminal du Rubané. Dans le même sens, ce n'est qu'à l'extrême fin du Rubané de Lorraine du Nord que des éléments décoratifs de style Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain font leur apparition dans le bassin de la Moselle.

 

Study of over 12,000 decorated vessels from early Neolithic sites in Lorraine has produced a regional sequence for the middle Moselle in nine phases, as well as characterising the various stylistic influences active in this region. The first Bandkeramik settlements here can be attributed to the end of the early Bandkeramik, in a late Flomborn style. From the middle Bandkeramik onwards, the pottery style is very similar to the Main basin, although curvilinear decoration filled with point impressions also indicates relations with the Meuse basin. In the late Bandkeramik, in addition to this stylistic backgound, there appear motifs typical of the Rhine-Neckar confluence and the Palatinate (Oberrhein-Pfalz style). In the final phases, the Moselle basin comprises several regional entities. Between the confluence with the Rhine and Luxembourg, the Plaidt style predominates, while north Lorraine is dominated by a style derived from Oberrhein-Pfalz. In south Lorraine, at Marainville-sur-Madon, a local style directly inherited from the Bandkeramik of lower and upper Alsace also adopts the technique of pivoting multiple-tooth comb impression. The end of the Bandkeramik sequence is sealed by the emergence of Grossgartach, at the latest in its middle phase. On current evidence, this culture reaches its westernmost limit in the Metz area. Using new factor analyses, it has been possible to clarify the regional periodisations for the Meuse basin, lower and upper Alsace, as well as the Aisne valley. These different regional sequences can be linked to one another by quantitative trends in decoration. In the Seine basin, the initial phases of settlement (Orconte and Norrois) can be attributed to final Flomborn, contemporary with north Lorraine phase 2. Significant use of Champagne flint on the Moselle site of Malling (Blouet, 2005) suggests that there were already sustained relations at this time between the Bandkeramik groups in north Lorraine and the Marne. For the next stage, the few data available (Larzicourt and Perthes) enable synchronisation with north Lorraine phases 3 and 4. At Bréviandes, in the Aube département, on a site which can probably be attributed to this stage, there is a band filled with hatching, unknown in the middle Bandkeramik of upper Alsace but extremely common in the Moselle assemblages. For the late Bandkeramik, motifs from Juvigny mostly evoke the upper Alsace style, notably with rim decoration combining incised lines and point or comb impressions. Nevertheless, there are also a number of motifs that are related to the Meuse or Moselle Bandkeramik, especially two extensive lozenge motifs composed of point impressions in the Cologne style and two bands filled with point impressions. With the recent discovery of the sites of Saint-Martin-sur-le-Pré and Vitry-la-Ville, the hypothesis that the Champagne late Bandkeramik was contemporary with the Aisne style is no longer tenable. For the Aisne sequence, statistical analyses undertaken in collaboration with M. Ilett and C. Constantin confirm the periodization proposed earlier. Using various attributes, the beginning of the Aisne sequence can best be correlated with north Lorraine phase 7, while Aisne phases 2 and 3 are probably synchronous with north Lorraine phase 8. From a stylistic point of view, the Rubané Récent du Bassin Parisien (RRBP) should be considered as a final Bandkeramik regional group which develops its own style, at the same time assimilating multiple influences, notably from upper Alsace (rim decoration associating incised lines and impressions), lower Alsace (orthogonal motifs) and north Lorraine (multiple-toothed comb impressions). The very end of the Bandkeramik and the beginning of Villeneuve-Saint-Germain can be synchronised with the terminal phase of north Lorraine. Some decoration typical of the Seine basin, especially garlands made with pivoting multi-tooth comb impressions, also occurs in north Lorraine phase 9 and on the site of Plaidt near the Rhine-Moselle confluence. Furthermore, these stylistic interactions between the Seine basin and the Moselle terminal Bandkeramik are accompanied by a massive import of Champagne flint, observed in north Lorraine phase 9.Thus the regionalisation phenomena affecting the whole of the Bandkeramik culture from its middle stage onwards, and which intensify in the late and final stages, do not obstruct stylistic and economic exchange between the various regions. The Seine basin is also concerned by these phenomena and, probably at the transition from late Bandkeramik B to final Bandkeramik, develops its own style from Alsace and Moselle stylistic traditions. The various stages of this westernmost Bandkeramik can be correlated with the north Lorraine sequence and thus ultimately with the Rhine basin sequences. All these particularities resulting from interactions were already well identified by G. Bailloud in 1982 and the concept of Rubané final de la Seine now proposed by M. Ilett does appear an appropriate replacement for Rubané du Sud-Ouest, a term which like Rubané du Nord-Ouest should only be used from a geographical point of view. In fact the chronological development of pottery decoration shows that, in all the regions where there are both Bandkeramik and Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain sites, the latter appear after the terminal Bandkeramik. Furthermore, Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain stylistic traits only appear in the Moselle basin at the very end of the north Lorraine Bandkeramik sequence.