04-2013, tome 110, 1, p. 65-76 - F. LE BRUN-RICALENS, H. LOHR, F. VALOTTEAU et J. AFFOLTER - Du Danube à la Moselle Découvertes de plaquettes retouchées néolithiques  en silex bavarois à Lintgen (Luxembourg)  et à Trèves-Zewen (Allemagne)

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04-2013, tome 110, 1, p. 65-76 - F. LE BRUN-RICALENS, H. LOHR, F. VALOTTEAU et J. AFFOLTER - Du Danube à la Moselle Découvertes de plaquettes retouchées néolithiques en silex bavarois à Lintgen (Luxembourg) et à Trèves-Zewen (Allemagne)

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Résumé : Deux artefacts en silex remarquables, tant d'un point de vue lithologique que typologique, ont été découverts en prospection dans le bassin mosellan; l'un au Luxembourg sur un plateau gréseux, l'autre en Allemagne sur une basse terrasse de la Moselle près de la ville de Trèves. Par leur morphologie singulière, les deux éléments retouchés, l'un de grandes dimensions, l'autre plus petit, sont caractéristiques des éléments de « faucille » en demi-lune de type Altheim. L'exemplaire recueilli à Lintgen au Luxembourg est un grand fragment de plaquette en silex de forme actuellement losangique après cassures fraîches et anciennes, portant une retouche bifaciale courte continue sur un bord. Les deux faces corticales présentent d'importantes traces de polissage ayant atténué par abrasion les aspérités du cortex. Le matériau dans lequel il est réalisé est un silex gris-brun à zonations beige clair en plaquette de faible épaisseur, au cortex de couleur beige clair, de texture mudstone. D'après les observations macro- et microscopiques du cortex assez régulier, de la texture, de la structure et de la couleur du silex, l'artefact examiné présente toutes les caractéristiques des silex zonés en plaquette originaires du Sud-Est de l'Allemagne au sud de la région de Regensburg, près de Kelheim. Il s'agit d'un silex en plaquette de type Arnhofen. L'exemplaire trouvé à Trèves-Zewen est une petite plaquette corticale façonnée en demi-lune à tranchant droit et dos courbe. Une face présente une plage assez large de cortex naturel, peu grenu, blanc jaunâtre à la surface et brun foncé à coeur avec, encore plus en profondeur, une très fine zone opaque à pointillé rouge. L'autre face est formée par le clivage naturel de la roche. Le pourtour complet de l'artefact porte une retouche continue envahissante sur les deux faces avec un lustré d'utilisation faible et peu étendu. Le tranchant est denticulé par retouches intentionnelles. De texture mudstone à wackestone, le matériau est un silex en plaquette de type Baiersdorf. Ces variétés siliceuses appartiennent géologiquement aux formations du Tithonien appartenant au Malm, dernier étage du Jurassique. D'un point de vue typologique, les artefacts présentés ici évoquent par leur morphologie les éléments de « faucilles » et de poignards produits au Néolithique récent et final dans la région située au sud de l'Allemagne près du cours du Danube aux environs de Regensburg. Ces outils façonnés sur plaquette corticale ont été produits en Bavière essentiellement à partir de la fin de la culture de Münchshöfen avec le développement du groupe/culture d'Altheim (Altheimer Gruppe/Kultur) entre 3800 et 3400 ans av. J.-C. et ont circulé sur plusieurs centaines de kilomètres tant vers l'est, en descendant le Danube jusqu'en Autriche, que vers l'ouest, le sud et le nord. D'autres comparaisons montrent que de tels manuports peuvent se rencontrer, réemployés ou façonnés souvent dans des gabarits plus petits, jusqu'à la fin du IIIe millénaire dans la culture des Gobelets campaniformes, voire jusqu'à l'âge du Bronze ancien. La large répartition de ces éléments bavarois atteste l'existence de réseaux de diffusion organisés. La reconnaissance de ces deux artefacts dans le couloir mosellan, tant en Rhénanie-Palatinat qu'au Luxembourg, vient combler le « vide » observable sur la carte de répartition des bayerischen Plattenhornsteinen. Les affleurements bavarois de silex en plaquette sont distants de Trèves et du Luxembourg d'environ 400 km à vol d'oiseau. Il est troublant de rapprocher cette distance de celle des importations sub-contemporaines provenant de la région du Grand-Pressigny en direction opposée. Si l'on compare et rapproche symétriquement ces deux origines, on constate un « effet miroir » entre Europe centrale et occidentale. Par ailleurs, ces productions peuvent être mises en relation avec l'essor du « phénomène minier » dans les régions aux ressources siliceuses de qualité.

 

Abstract: Two flint artifacts were found during field surveys in the Moselle region, both striking for their petrographic as well as their typological attributes. One of them was found on a sandstone plateau in Luxembourg, the other one on the lower terrace of the Moselle river near the city of Trier. Considering their specific morphology, the two retouched artifacts one slightly smaller than the other one can be qualified as typical crescent-shaped Altheim sickles. The piece from Lintgen (Luxembourg) is a big fragment of tabular flint, rhombic in outline after old and newer breaks, with a short continuous bifacial retouch on one edge. The two cortical sides show major traces of polishing to smoothen the the cortex. The material is a grey-brown flint with light beige mudstone structure zones. According to macro- and microscopic observations of the very regular cortex, the texture, the structure as well as the colour of the flint, the artifact shows all the characteristics of a banded tabular flint from the south-east of Germany near Kelheim, south of Regensburg. It is an Arnhofen type tabular flint. The specimen from Trier-Zewen is a small, crescent-shaped cortex tabular flint with a straight cutting edge and a curved back. One side has a quite wide zone of natural, low grained white-yellow cortex, which becomes dark brown in its depth, which is followed by a thin opaque zone of reddish dots. The opposite surface is formed by a natural cleavage. All edges of the entire artifact are retouched and wear a weak and slightly spread polish due to usage. The cutting edge is intentionally dentate. Because of the mudstone???wackestone structure, the artifact is made of tabular chert of the Baiersdorf Typ. These chert variations geologically belong to the Tithonian, a stage of the Upper Jurassic Malm formation. Typologically speaking the morphology of the artefacts presented here corresponds to the morphology of sickles and daggers, like those produced in the region of Regensburg along the Danube during the Upper and Final Neolithic. This kind of tools made out of thin tabular slabs were produced in particular since the end of the Münchshöfen culture in Bavaria and afterwards in particular by the Altheim group between 3800 and 3400 BC. The geographical distribution reached eastwards down the Danube into present-day Austria, as well as to the West, South and North over several hundreds of kilometers. Comparisons show that this kind of far reaching transportation in the context of reuse or in slightly smaller editions occur until the end of the third millennium BC during the Bell Beaker culture and even beyond into the early Bronze Age. The important dissemination of these Bavarian products demonstrates the existence of a well networked distribution system. The identification of these two artifacts in the Moselle region in Rhineland-Palatinate, as well as in Luxembourg, fills the gap still perceived in the distribution pattern of Bavarian tabular chert artifacts. The mining areas of the tabular chert are located approximately 400 kilometers from Luxembourg and Trier. Therefore this distance is comparable to the diameter of the slightly more recent dissemination area of the Grand-Pressigny type flint in opposite direction. If one is to compare these two distribution maps, one may notice that they are mirrored but still complement each other between Middle and Western Europe. Furthermore these productions can be related to the peak of the mining phenomenon in regions with high quality flint deposits. Zusammenfassung: Zwei, sowohl hinsichtlich ihrer Petrographie, wie auch ihrer Typologie bemerkenswerte Silexartefakte wurden bei Prospektionen im Moselgebiet gefunden. Eines in Luxemburg auf einem Sandsteinplateau; das andere auf der Niederterrasse der Mosel in der Nähe der Stadt Trier. Angesichts ihrer spezifischen Morphologie sind diese beiden retuschierten Stücke ??? das Eines größer, das Andere etwas kleiner ??? als typische, halbmondförmige Sicheleinsätze vom Typ Altheim anzusprechen. Das Stück von Lintgen in Luxemburg ist ein großes Bruchstück einer Silexplatte von nunmehr ??? nach alten und frischen Brüchen ??? rautenförmigem Umriss mit einer an einer Kante durchlaufenden, beidseitigen, kurzen Retusche. Die beiden Kortexflächen zeigen deutliche Spuren einer Politur, mit der die rauen Oberflächen beseitigt wurden. Das Ausgangsmaterial ist eine dünne Platte aus graubraunem Silex mit hell beigen Zonen und hell beiger Kortex mit Mudstone-Textur. Nach makro- und mikroskopischen Untersuchungen der recht regelmäßigen Kortex, der Textur, Struktur und Farbe des Silex, zeigt das untersuchte Artefakt alle Charakteristika eines gebänderten Plattensilex aus dem Südosten Deutschlands, wie sie bei Kelheim südlich von Regensburg vorkommen. Es handelt sich um einen Plattehornstein vom Typ Arnhofen. Das Exemplar von Trier-Zewen ist eine kleine, halbmondförmig geformte Kortexplatte mit gerader Schneide und geschwungenem Rücken. Eine Seite besteht aus einer ziemlich großen Zone natürlichen, wenig körnigen Materials, dass an der Oberfläche weißlich-gelber Kortex aufweist, die in der Tiefe dunkelbraun und wiederum von einer ganz feinen, opaken Zone mit rötlichen Pünktchen unterlagert wird. Die gegenüberliegende Fläche wird von einer natürlichen Sprungfläche gebildet. Alle Ränder des vollständigen Artefaktes sind auf beiden Seiten durchgehend am Rand retuschiert und tragen eine schwache und wenig ausgedehnte Gebrauchspolitur. Die Schneide ist intentionell gezähnt retuschiert. Angesichts einer 'mudstone'bis 'wackestone''Textur handelt es sich um einen Plattenhornstein vom Typ Baiersdorf. Diese Hornsteinvarianten gehören geologisch zu der obersten Malmstufe (Oberjura), also dem Tithonian. Typologisch entspricht die Morphologie der hier vorgestellten Artefakte den Sicheleinsätzen und Dolchen, wie sie im Jung- und Endneolithikum in Süddeutschland entlang des Donaulaufes in der Gegend von Regensburg hergestellt wurden. Diese Arte von Werkzeugen aus Kortex tragenden Plättchen wurde in Bayern vor allem seit Ende der Münchshöfener Kultur und dann vor allem von der Altheimer Gruppe zwischen 3800 und 3400 v. Chr. hergestellt und sowohl ostwärts, Donau abwärts bis Österreich, wie auch west-, süd-, und nordwärts über mehrere hundert Kilometer verbreitet. Andere Vergleiche zeigen, dass solche Ferntransporte im Rahmen von Wiederverwendungen oder in kleineren Formaten bis zum Ende des 3. vorchristlichen Jahrtausends in der Glockenbecherkultur, ja bis in die ältere Bronzezeit vorkommen. Die weite Verbreitung dieser Produkte aus Bayern belegt die Existenz eines weit verzweigten Verteilungsnetzes. Die Identifizierung dieser beiden Artefakte im Moselgebiet in Rheinland-Pfalz, wie in Luxemburg schließt eine Lücke, die sich bislang im Verbreitungsbild des Bayerischen Plattenhornsteins wahrnehmen ließ. Die Lagerstätten des Bayerischen Plattenhornsteins befinden sich von Trier und Luxemburg in etwa 400 km Luftlinienentfernung. In sofern lässt sich diese Entfernung mit derjenigen der wenig späteren Exporte der Region von Grand-Pressigny in entgegengesetzter Richtung vergleichen. Wenn man nun diese beiden Verbreitungsbilder nebeneinander stellt, ergänzen sie sich gleichsam spiegelbildlich zwischen Mittel- und Westeuropa. Weiterhin lassen sich diese Produktionen mit dem Höhepunkt des Minenphänomens in den Gegenden mit qualitätvollen Silexvorkommen in Verbindung bringen.