[Paléolithique et Mésolithique] Rose-Marie Arbogast, Sylvain Griselin, Christian Jeunesse & Frédéric Séara (2019) - Le second Mésolithique, des Alpes à l'Atlantique (7ème-5ème millénaire), Strasbourg, Archéologie du Grand Est, 271 p. EAN 9782956193623, 29,00 . Dans le courant du 7e millénaire, l'Europe occidentale connaît une profonde mutation avec l'apparition de la « blade and trapeze industry », qui signe le passage au « second Mésolithique ». Cette publication, transcris les échanges de la table ronde menée à Strasbourg en novembre 2015. A côté de la présentation d'une série de fouilles récentes, des articles de synthèse font le point sur les questions relevant de la chronologie absolue, de la périodisation interne, de l'archéozoologie et des modalités de la transition Mésolithique – Néolithique ancien. Les industries qui en découlent, dominées par les trapèzes et les lamelles régulières, sont l’expression la plus évidente d’un phénomène massif, uniforme et rapide, marquant une rupture typologique assez radicale et des modalités de production lamellaires en grande partie renouvelées. C’est ainsi que l’équipement de chasse associé à l’usage de l’arc va voir le passage de flèches armées de pointes et barbelures à des exemplaires uniquement équipés de pointe. Les facteurs à même d’expliquer ces changements sont en fait assez peu documentés et restent pour grande partie du domaine de la conjecture. Le style et la forme de l’industrie lithique sont souvent présentés comme la principale expression de ce cadre particulier du second Mésolithique. Si le caractère très connoté des industries est indéniable, il n’en demeure pas moins que d’autres domaines économiques et sociaux peuvent donner lieu à une traduction propre au second Mésolithique, sujet évoqué par certaines contributions ici publiées. Ces domaines renvoient pour l’essentiel aux modalités d’exploitation des territoires et aux données intrinsèques des occupations rejoignant ainsi la dimension palethnologique. A l’évocation du second Mésolithique fait presque à chaque fois écho le sujet de la Néolithisation, donnant parfois le sentiment que son intérêt réside essentiellement dans sa capacité à nourrir cette problématique. Cette vision est d’autant plus réductrice que nous avons affaire à un pas chronologique de près de 1500 ans marquant la fin d’un mode de subsistance qui, basé exclusivement sur la chasse et la cueillette, a perduré pendant plusieurs centaines de milliers d’années. L’objectif premier de la table-ronde consistait à dresser un état des lieux sur un territoire couvrant la Suisse, la France, le sud de l’Allemagne, l’Italie du nord et la Belgique. Dans cette optique, différents domaines ont été considérés, d’ordre technique, typologique, économique voire palethnographique, la question des industries lithiques prenant assez logiquement le pas sur les autres sujets. Au-delà de cette ambition à obtenir un panorama large sur une aire géographique très étendue, les discussions ont été orientés vers les thèmes suivants : Les modalités de la transition avec les industries du premier Mésolithique ; la chronologie interne du second Mésolithique ; la structuration géographique et la question des cultures ; les modalités de la transition avec le Néolithique ; la caractérisation des industries et des systèmes de subsistance. La conjonction de ces axes constituant une ambition probablement trop grande, il n’a pas été possible de toutes les aborder, du fait également de la réalité des données archéologiques en rapport très inégale. Le format de ces tables-rondes, laisse également une place à l’actualité de la recherche, rejoignant parfois utilement ces axes et soulignant régulièrement que la prise en compte de données ponctuelles a toute sa place dans notre réflexion. La table-ronde de Strasbourg constitue de toute évidence une étape supplémentaire de premier plan dans la démarche constamment renouvelée de caractérisation des groupes mésolithiques, ces groupes qui ont porté cette spécificité nous ayant conduit à isoler le second Mésolithique. Il concentre pour cela de très nombreux questionnements et son positionnement chronologique à l’aube d’un basculement sociétale sans commune mesure lui vaut une attention toute particulière. La plupart des questions restent en suspens mais le travail de caractérisation par l’agrégation de données dont le renouvellement n’est pas aussi aisé que pour d’autres périodes reste une étape déterminante. La publication de la table-ronde de Strasbourg comptera assurément parmi les supports indispensables au développement de certains axes de recherche. |