Soutenance de thèse
mercredi 15 décembre 2021 à 13h30
Lille - Polytech
– Marie-Hélène Moncel, Directrice de recherche, Muséum d’Histoire naturelle, Paris (rapporteure)
– Jean-Luc Guadelli, Directeur de recherche, Université de Bordeaux (rapporteur)
– Javier Baena Preysler, Professeur, Universidad Autonoma de Madrid (examinateur)
– Roxanne Rocca, Maître de conférences, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (examinatrice)
– Pierre Magniez, Maître de conférences, Unviersité d’Aix-Marseille (examinateur)
– Agnès Lamotte, maître de conférences HDR, Université de Lille (directrice de thèse)
– Éric Masson, Maître de conférences, École Polytechnique Universitaire de Lille (Invité)
Résumé :
Des assemblages acheuléens ont été découverts dans les alluvions (SIM 9) sur le site de plein-air de Cagny-l’Épinette (vallée de la Somme, France). Les industries lithiques et, surtout, les restes fauniques bien préservés rendent ce gisement particulièrement intéressant pour réaliser une analyse spatiale et inférer des interprétations comportementales. Cependant, les trois décennies de fouilles (1980–2010), accompagnées d’études individualisées, ont conduit à des travaux de recherche fragmentés et, par conséquent, à des interprétations divergentes. Un nouveau projet de recherche (2016–2021), dédié (1) à la compilation des archives complexes de Cagny-l’Épinette en une unique base de données cohérente et consolidée et (2) à la ré-étude des assemblages archéologiques, comporte la première analyse intégrale des ensembles acheuléens à l’échelle du gisement. Cette analyse spatiale exhaustive est constituée de trois volets – archéostratigraphique, taphonomique et palethnologique – chacun considéré à travers une approche quantitative et spatiale. Les résultats peuvent être résumés comme suit : la séquence archéostratigraphique révisée rassemble les différents assemblages acheuléens en un seul niveau au sein des alluvions fines (SIM 9). L’analyse taphonomique laisse quant à elle suggérer le dépôt des vestiges archéologiques en contexte primaire, suivi d’un enfouissement rapide ; seules quelques perturbations ont été identifiées. Enfin, d’après les schémas spatiaux observés parmi les restes fauniques et les artefacts lithiques, deux activités principales étaient exécutées sur le site : le traitement de carcasses de mammifères (i.e., Bos primigenius, Cervus elaphus et E. cf. mosbachensis) et une production lithique (i.e., éclats, outils sur éclat, bifaces). La relation entre les deux est confirmée par la présence de stigmates anthropiques sur les os et les bois de cervidés (e.g., stries de découpe, fracturations, points d’impact, négatifs d’enlèvement), parmi lesquels de nouveaux outils sur os et sur bois ont été identifiés. Ces observations supposent une exploitation anthropique des carcasses à buts alimentaire et utilitaire. Ce travail de recherche montre que, au-delà de l’apparence désorganisée des nappes de vestiges, une zonation des activités de boucherie et de taille de silex peut être identifiée sur le site de Cagny-l’Épinette. En outre, la configuration des schémas spatiaux permet d’envisager l’hypothèse d’utilisations distinctes des outils en silex lors du traitement des carcasses animales et des outils en os et bois de cervidés lors de la taille lithique. Les nouvelles interprétations contribuent à la connaissance de la diversité des comportements anthropiques de subsistance, i.e., acquisition et traitement des ressources, vers 0,3 Ma.
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