Soutenance de thèse
lundi 25 septembre 2017 à 14 heures 30
Bordeaux
Jury
- Jacques Jaubert, Université de Bordeaux (Président)
- Ariane Burke, Université de Montréal (Directrice)
- Francesco d’Errico, CNRS-UMR 5199 (Directeur)
- Heidi Katz Knecht, Indépendante (Examinatrice)
- Marie-Hélène Moncel, CNRS-UMR 7194 (Examinatrice)
- Julien Riel-Salvatore, Université de Montréal (Examinateur)
- Nicholas Conard, Universität Tübingen (Rapporteur)
- Margherita Mussi, Sapienza - Università di Roma (Rapporteur)
Résumé
Au cours de la deuxième moitié du SIM3 (entre 41 et 29 ka cal AP), et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les artisans préhistoriques dispersés sur l’ensemble du continent européen intègrent les matières osseuses – ivoire, os et bois de cervidé – à leurs stratégies technologiques pour la manufacture de pointes de projectile aurignaciennes. Ces technologies comprennent deux catégories, les pointes à base fendue et celles à base massive. Malgré leur standardisation apparente, la variabilité des formes et des dimensions des armatures mérite d’être explorée afin de comprendre en quoi ces données peuvent préciser nos connaissances sur l’organisation technologique de ces sociétés et sur l’histoire de la dispersion des populations d’ Homo sapiens en Europe. Dans le cadre de cette thèse, la morphométrie géométrique est adaptée à l’étude de la culture matérielle dédiée aux activités cynégétiques; l’échantillon directement concerné par cette analyse regroupe 547 armatures mises au jour dans 49 sites répartis entre la façade atlantique et les Carpates. Cette approche permet l’identification de huit conceptions volumétriques reproduites par les artisans aurignaciens pour la manufacture des pointes à base fendue, et de deux pour les pointes à base massive, une d’entre elles se déclinant en six variantes. La répartition spatiotemporelle de ces conceptions indique que les pointes de projectile aurignaciennes en matière osseuse ne constituent pas un proxy de la dispersion des Homo sapiens nouvellement arrivés en Europe, mais signalent plutôt la fédération de populations déjà présentes sur le continent et liées les unes aux autres par le développement de stratégies socioéconomiques particulières. Ainsi, l’apparition de ces technologies dans le registre archéologique est interprétée comme une solution aux contraintes imposées par une mobilité accrue des groupes; l’adoption subséquente de l’innovation sur l’ensemble de l’Europe est mise en relation avec l’éruption des champs Phlégréens. Enfin, la mutation typologique observée par le remplacement des pointes à base fendue par celles à base massive suggère des transformations profondes dans la mise en œuvre des stratégies technologiques. Les pointes à base fendue témoignent de l’adoption d’une stratégie planifiée sur le long terme tandis que les pointes à base massive se conforment aux critères attendus dans le cadre d’une stratégie expéditive et ce, indépendamment de la conservation de patrons de mobilité similaires.
Contact
Luc Doyon