Soutenance de thèse
mardi 9 mai 2017 à 14 heures
Université Toulouse Jean Jaurès
Maison de la Recherche - Salle D28
Amplifiées par les innovations scientifiques et techniques de la Deuxième Guerre mondiale, puis par la généralisation de l’automatique, les tentatives de redéfinitions opérationnelles des activités sociales apparaissent comme une caractéristique de la seconde moitié du XXe siècle. Cette thèse en propose une sociologie historique, menée à partir du cas particulier de l’archéologie. Ce domaine scientifique fait alors l’objet d’efforts accrus de disciplinarisation et de professionnalisation. C’est également le cas des mathématiques appliquées puis de l’informatique : cette étude porte précisément sur les rapports établis à l’intersection de ces trois domaines. En France, au cours des années 1950 et 1960, les innovations méthodologiques et conceptuelles y ont été particulièrement importantes. Pourtant, par la suite, leur réception s’est révélée relativement mineure. En archéologie, les innovations relatives aux mathématiques appliqués, à la formalisation du langage et à l’automatique n’ont pas donné lieu au développement d’une spécialité fondée sur le calcul. Cette situation contraste avec celle d’autres disciplines ou d’autres pays, et ceci alors même que les redéfinitions théoriques et méthodologiques de la « New Archaeology » anglophone se diffusaient à l’échelle internationale.
La thèse explore les cas de trois entreprises collectives, menées respectivement autour de Georges Laplace, Jean-Claude Gardin et Jean Lesage, entre France, Espagne et Italie. Ces cas sont complétés par ceux d’un ensemble d’acteurs ayant été à la fois ingénieurs et archéologues. D’un point de vue général, cette étude porte sur les statuts cognitifs et sociaux des contributions méthodologiques dans l’activité scientifique. Trois modèles de relations entre spécialistes d’un domaine scientifique et spécialistes des sciences formelles sont identifiés et décrits. Les transformations entraînées par l’introduction des mathématiques et de l’automatique dans la division du travail et la distribution des formes de reconnaissance sont analysées. La réception de ces propositions méthodologiques est discutée à l’aune de différents facteurs et modèles de l’innovation scientifique. Ce sont, au final, des éclairages nouveaux sur le développement de l’archéologie préventive et sur la genèse des recours aux technologies « numériques » en sciences de l'homme qui sont proposés.
L’analyse tire parti de 82 entretiens, 23 fonds d’archives et de plusieurs jeux de données bibliométriques (pré-existants ou constitués pour cette étude). En écho aux travaux pris pour objets, cette thèse se veut également une proposition, par le fait, d’un usage possible de la formalisation et de l’informatique en sciences sociales. Fondées sur l’emploi d’un wiki et les principes de la programmation lettrée et de la reproductibilité des analyses, les architectures documentaire et démonstrative de cette étude font elles-mêmes l’objet d’une analyse.
Jury
- Florent Champy
- Michel Grossetti
- Philippe Boissinot
- Jacqueline Léon
- Claude Rosental
- Antonella Romano
- Wiktor Stoczkowski
@EHESS_fr
@UTJeanJaures