Sous la direction de Stéphan Hinguant et Rozenn Colleter
Résumé :
La grotte Rochefort et d’autres grottes de la vallée de l'Erve (Mayenne), témoignent d'occupations aux confins septentrionaux de l'aire d'extension du technocomplexe solutréen. Elles traduisent l'adaptation de ces groupes humains aux rudes conditions qui prévalaient durant le Dernier Maximum Glaciaire au nord de la Loire, entre 24 790 cal BP et 21 970 cal BP. Rarement observé dans de telles conditions, le Solutréen de la grotte Rochefort compose une entité archéologique dont l’étude suggère que la zone actuellement fouillée correspond à la périphérie d’une ou plusieurs occupations. Dans un bilan sédimentaire moyen de 0,60 m d'épaisseur, le corpus mobilier compte plus de 8 000 objets dont environ 5 500 restes osseux, 2 000 pièces lithiques taillées et 300 plaquettes gravées.
Le site révèle une faune froide majoritaire, avec un spectre large où dominent le renne et le cheval. L'identification d'une microfaune froide caractéristique d'un biotope steppique, au côté de rongeurs inféodés à des milieux tempérés-humides, comme les restes végétaux carbonisés, confirment une restitution paléoenvironnementale qui peut s'apparenter à un refuge cryptique septentrional, véritable niche écologique durant le Dernier Maximum Glaciaire.
Toutes les pièces que compte l'assemblage lithique ont été apportées dans l’enceinte de la grotte après débitage et sont en outre réalisées dans des matériaux exogènes, les gîtes primaires les plus proches du site se trouvant à 10 km. Associées à l’industrie osseuse, les longues lames régulières en grès lustré ou les proportions originales des « feuilles de laurier », composent un assemblage mobilier tout à fait singulier.
Sur le plan palethnologique enfin, le site révèle un art mobilier exceptionnel comptant de nombreuses plaquettes gravées portant des figures animales, anthropomorphes ou signes abstraits, corpus inédit en France pour la période, qui s'accompagne d'un art sur os et d'éléments de parure comprenant également des pièces uniques pour le Solutréen.
Abstract:
The Rochefort cave and more generally the whole of the cave sites of the Erve valley (Mayenne), testify to Solutrean occupations at the northern confines of the technocomplex extension area. It shows the adaptation of these groups of humans to the harsh conditions which prevailed during the Last Glacial Maximum north of the Loire, between 24790 cal BP and 21970 cal BP. Rarely observed under such conditions, the Solutrean of Rochefort cave finds itself to be an archaeological entity, offering all the advantages of an enclosed space. In a sediment with an average thickness of 0.60 m, a corpus of finds of more than 8000 objects made up of about 5500 bone remains, 2000 pieces of lithic industry and 300 engraved slabs, constitutes a unique ensemble.
The site reveals a cold fauna, with a large spectrum dominated by the reindeer and the horse. The identification of a cold microfauna characteristic of a steppe biotope, alongside rodents that live in temperate-humid environments, like the carbonised vegetal remains, confirms the palaeoenvironmental reconstruction thus envisaged for the "canyon", a cryptic refuge, a true ecological niche during the Last Glacial Maximum.
All the pieces which constitute the lithic assemblage had been brought into the enclosure of the cave and were worked in exogenous material. The closest primary source to the site is 10 km away. Associated with the bone industry, the long regular blades made from Eocene silicified sandstone or the original proportions of the "laurel leafs", make a corpus from the Rochefort cave a unique assemblage, totally unknown north of the Loire.
Finally, on the palethnological plan, the remarkable collection of numerous engraved slabs, unknown for the period in France, is accompanied by art on bones and personal ornaments, equally including pieces that are unique for the Solutrean.
Société préhistorique française, 2020, 442 pages, ISBN : 2-946745-82-2 (EAN : 9782913745827), 40 € - réf : M67
(Mémoires, 67)